BMW X3, le petit
On ne peut pas être partout en même temps, et atteindre toujours des sommets. C’est ce que semble expérimenter le constructeur germanique BMW avec ses incursions dans le monde des utilitaires sport de luxe (que BMW a baptisé VAS pour véhicule d’activités sportives). Autant le X5 avait connu du succès et s’était attiré les éloges des critiques, autant son petit frère, le X3, mis en marché il y a deux ans, ne réussit pas à éveiller l’enthousiasme des utilisateurs.
Il a pourtant tout ce qu’il faut, et il partage même plusieurs systèmes électroniques ou mécaniques avec les autres membres de la famille munichoise, mais on dirait toujours qu’il lui manque un petit quelque chose. C’est probablement l’aura de classe et de sophistication qui entoure normalement les BMW qui ne s’étend pas jusqu’à l’humble ( ! ) petit sport utilitaire.
Petit, mais pas trop
Dans les faits, on ne peut réellement pas parler d’un petit véhicule utilitaire. Il ne concède à son grand frère X5 qu’une dizaine de centimètres en longueur hors tout, et lui ravit même la première place au sujet de l’espace intérieur. Bref, il est un peu moins long mais nettement mieux aménagé à l’intérieur.
Cependant, l’aménagement n’est pas tout. On a oublié d’insuffler au X3 le même genre de beauté sensuelle et luxueuse qui a donné à BMW sa réputation de voiture de classe. Alors celui qui optera pour le petit VAS devra se contenter aussi de sièges en similicuir (à moins d’accepter de payer près de 2 400 $ de plus), et d’une finition générale moins raffinée que dans n’importe quel autre modèle.
Notons cependant que les sièges sont relativement confortables, et offrent un support latéral de bon aloi. Les passagers arrière n’auront pas trop à souffrir non plus puisque, rare dans un utilitaire, les sièges sont confortables et ont assez de dégagement pour satisfaire à la demande de tous les formats de beau-frère. Même l’espace de chargement arrière est intéressant, vaste et surtout facile d’accès vu que le X3 est, de série, livré avec un seuil surbaissé facilitant le chargement.
Le groupe navigation ajoute bien sûr un système GPS inefficace sur une bonne partie de la province, et qui élimine presque complètement l’espace de rangement dans le coffre avant.
Seul bémol, mais il est d’importance, c’est la silhouette du X3. Déjà, plusieurs ont critiqué les lignes avant du VAS, le qualifiant de dénaturé. Mais il faut l’admettre, l’avant est une réussite totale par rapport à l’arrière du véhicule dont les lignes sont, pour le moins classiques et pas à la hauteur. Comme si on avait greffé un arrière de vieille voiture américaine sur l’allemand X3 !
Passe-partout
La question du style étant réglée, il reste maintenant la véritable question importante : le comportement routier. De ce point de vue, le X3 n’a rien à envier à personne. Son moteur de 2,5 litres et de 184 chevaux est, avouons-le, un peu juste. Il ne parvient que difficilement à transporter avec allégresse la masse du petit VAS. Autrement dit, il manque tout simplement de puissance, même si on ne l’utilise qu’en ville. Surtout si on ne l’utilise qu’en ville devrais-je dire puisque les accélérations sont longues jusqu’à demain matin, et l’effort plus que bruyant. En revanche, le moteur de 3,0 litres (le même que dans la série 3) sait mener à bien l’effort grâce à ses 225 chevaux et à son couple de 214 livres-pied, disponible à très bas régime. Cette fois, pas d’hésitation, les départs sont relativement rapides (0-100 en 7,8 secondes environ) et les randonnées à vitesse constante se font sans anicroche.
En reprise, il faut parfois apprendre à maîtriser la transmission manuelle en rétrogradant au bon moment, mais de façon générale, les deux se jumellent à merveille. Il est toujours possible d’opter pour une transmission automatique, mais les changements de rapports y sont un peu lents.
Note importante, c’est le système X-Drive qui fournit la traction intégrale au X3. Un système sophistiqué, qui utilise la variation continue du transfert de puissance en combinaison avec le DSC (Dynamic Stability Control). Concrètement, le système fait une lecture continue de l’état de la chaussée grâce aux différents capteurs du véhicule, et transfère l’exacte quantité de couple nécessaire au bon fonctionnement. En virage, cela procure la précision de conduite d’une petite berline malgré l’imposante silhouette du X3.
On a cependant lésiné un peu sur les suspensions, les ajustant un peu trop fermement pour être confortables. Devant les nombreuses récriminations de la clientèle, on a peu adoucit le tout, mais sans grand succès. Le X3 continue d’être un véritable roc lorsqu’il heurte des conditions routières difficiles, et ses passagers subissent avec insistance et inconfort les hasards de la route.
Il faut tout de même l’avouer, le X3 demeure un des utilitaires les plus sûrs à conduire dans des conditions routières difficiles. Sous la pluie, ou sur la neige comme j’ai eu l’occasion de l’essayer, il mord littéralement à la route et fournit une promenade sécuritaire et sans risques. Il faudra peut-être sacrifier un peu de confort, mais pour la circulation hivernale, il s’avère un choix judicieux.
Feu vert
Traction intégrale haut de gamme
Dégagement intérieur remarquable
Facilité d’accès à l’espace de chargement
Moteur 3,0 litres performant
Feu rouge
Suspensions trop rigides
Petit moteur vite essoufflé
Silhouette arrière anodine
Habillage dispendieux