BMW Série 3, la cinquième génération
Signe des temps, lorsqu’un manufactiruer s’engage dans la refonte complète de l’une de ses voitures et particulièrement quand il s’agit du modèle qui obtient la plus grande diffusion, il faut maintenant s’attarder à son design. Après la pluie de critiques adressées aux Séries 5 et 7 (qui a d’ailleurs subi un lifting cette année), BMW ne pouvait se permettre d’adopter une allure jugée trop audacieuse pour la refonte complète de son best-seller. En bon québécois, on dirait que le mot d’ordre qui à été transmis à l’équipe dirigée par Chris Bangle par la haute direction de BMW a dû ressembler à notre expression consacrée, soit « Pousse, mais pousse égal »…
La première Série 3 a vu le jour il y a 30 ans et, avec ce modèle, BMW a littéralement créé la catégorie des berlines sport. Les générations se sont succédé au fil des ans, et la Série 3 est toujours demeurée l’une des voitures les plus convoitées du créneau. Même l’an dernier, le modèle de quatrième génération s’est vendu à 80 pour cent de son meilleur résultat en carrière, alors que tout le monde attendait le modèle 2005 avec anticipation. La nouvelle Série 3 porte donc la plus récente griffe de la marque, mais force est d’admettre que les stylistes ont fait preuve d’une certaine retenue dans la conception du modèle de cinquième génération qui présente des porte-à-faux plutôt courts et un capot avant très long, respectant ainsi une certaine filiation avec le passé. Pour le moment, seule la berline a droit à ces modifications majeures. Le coupé, le cabriolet et la familiale évolueront eux aussi un peu plus tard.
Plus rigide
Sur le plan technique, la nouvelle 3 est dotée d’une plate-forme dont la rigidité a été améliorée de 25 pour cent par rapport au modèle antérieur, l’empattement a progressé de 35 millimètres et les voies sont plus larges de 29 millimètres. Le poids est également en hausse de 68 kg par rapport au modèle précédent, mais les concepteurs ont réussi à conserver une répartition idéale du poids de 50 pour cent à l’avant et 50 pour cent à l’arrière. Les dimensions extérieures ont aussi été revues à la hausse, ce qui fait que l’habitacle propose maintenant plus d’espace avec un dégagement accru pour les jambes aux places arrière, corrigeant ainsi partiellement l’un des défauts les plus évidents du modèle précédent. Ceci étant dit, les trois adultes qui s’assoiront à l’arrière souhaiteront ardemment que le trajet ne soit pas trop long. Selon le document de presse remis par BMW, la nouvelle Série 3 serait plus sportive que la Série 5 et plus élégante que le roadster Z4 et que la Série 1, disponible uniquement en Europe. Le communiqué va encore plus loin en affirmant que la ligne de toit de la berline lui donne des allures de coupé. Faut vraiment avoir de l’imagination ! La nouvelle Mercedes-Benz CLS peut dormir en paix avec son style « coupé/berline » particulièrement réussi. Il faut noter, par contre, que la partie arrière de la nouvelle Série 3 est beaucoup moins controversée que celle de la Série 7, par exemple.
Au premier contact, on remarque que le moteur est désormais lancé à la pression d’un bouton localisé sur la planche de bord qui est dérivée de celle de la Série 5, intégrant ou non (au choix du client) le système i-Drive en version simplifiée et son écran central, BMW ayant choisi de reléguer son système de télématique au rang des options. Parmi les bémols, on peut relever que la qualité des plastiques utilisés pour la planche de bord laisse vraiment à désirer pour une voiture de créneau. Les concepteurs de Audi, qui réalisent depuis un certain temps les plus beaux intérieurs, n’ont donc rien à craindre à ce chapitre. On retrouve pas moins de huit coloris différents pour l’habitacle qu’il est possible d’agencer avec des surfaces décoratives de type titane mat, aluminium, ronce de noyer ou loupe de peuplier et quatre garnitures de tissu, similicuir, tissu/cuir et cuir et j’en passe. En tout pas moins de 624 possibilités s’offrent au client désireux de personnaliser son univers. Par ailleurs, le volume du coffre est augmenté de 20 litres pour un total de 460, et un compartiment de rangement en plastique peut être ajouté à l’intérieur afin de recevoir et maintenir en place un ordinateur portable ou d’autres objets plus fragiles.
Quel aplomb !
Lors de mon premier essai de la Série 3, j’ai eu l’occasion de boucler plusieurs tours du circuit d’Albacete en Espagne, et ce bref essai à la limite m’a permis de constater que la Série 3 fait montre d’un équilibre dynamique et d’un aplomb remarquable. Afin d’assurer une répartition du poids idéale de 50 pour cent à l’avant et 50 pour cent à l’arrière, les concepteurs ont utilisé de l’aluminium pour la suspension avant et de l’acier allégé pour la suspension arrière qui comprend maintenant cinq éléments plutôt que quatre. Le résultat se fait sentir en piste, la tenue de route étant remarquable et le comportement de la voiture toujours prévisible.
Précisons également que le système électronique de contrôle de la stabilité DSC+ comporte une fonction appelée DTC (Dynamic Traction Control) qui permet un certain glissement des roues motrices avant d’intervenir, histoire de permettre au conducteur de s’amuser un peu. Par ailleurs, le système DSC+ peut être complètement désactivé par une pression continue de cinq secondes sur le bouton DTC, ce qui a pour effet de priver le conducteur des anges gardiens électroniques et de le laisser seul maître à bord.
Le système DSC+ intègre également de nouveaux dispositifs relatifs au freinage. Par exemple, le système est en mesure de détecter un freinage d’urgence et d’augmenter automatiquement la pression du système hydraulique pour assurer une décélération plus rapide. Aussi, en cas de pluie, le système intervient périodiquement pour nettoyer les disques de freins, de façon à ce que le conducteur puisse compter sur des freins efficaces à tout moment. De plus, lors d’une utilisation fréquente et soutenue des freins, comme durant la descente d’une côte avec plusieurs virages en lacets, le système accroît automatiquement la pression du système hydraulique pour compenser pour l’échauffement des plaquettes et des disques. Et finalement, le système de freinage maintiendra une certaine pression qui empêchera la voiture de reculer alors que le conducteur démarre dans une côte.
Quant à la direction active, initialement développée pour la Série 5, précisons qu’elle est offerte en option sur la nouvelle 3, et que cette direction n’est pas une simple direction à crémaillère avec assistance variable en fonction de la vitesse, mais plutôt une direction à crémaillère à démultiplication variable, une distinction qui prend toute son importance. À titre d’exemple, lorsqu’on tourne le volant de 15 degrés, les roues avant pivotent sur un angle plus prononcé à basse vitesse et sur un angle moindre à haute vitesse. Le résultat est particulièrement frappant lors des manœuvres de stationnement, alors que le conducteur n’a qu’à tourner le volant sur un demi ou trois quarts de tour seulement.
Toujours le dix cylindres
Le moteur de la Série 3 est un six cylindres en ligne de 3,0 litres qui développe 215 chevaux (modèle 325i) ou 255 chevaux (modèle 330i), cette différence de puissance s’expliquant par certaines modifications apportées au système d’alimentation. La 330i est une voiture très rapide, comme en témoigne son chrono de 6,3 secondes pour le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure. Son moteur est maintenant doté de la technologie Valvetronic, initialement développée pour la Série 7, ce qui lui permet de livrer son couple sur une plage plus étendue.
Par ailleurs, le modèle 325i ne donne pas autant de puissance et de couple, mais se tire remarquablement bien d’affaire en conduite normale où le conducteur ne regrettera que très rarement de ne pas avoir choisi la plus puissante 330i. J’ai particulièrement apprécié le fait que les boîtes manuelle et automatique de la nouvelle 3 comptent six rapports plutôt que cinq, ce qui permet de livrer des performances bonifiées en accélération, de réduire le régime moteur en vitesse de croisière et d’améliorer les cotes de consommation de carburant.
La suite
Comme c’était le cas pour les modèles précédents, la suite des choses comprendra l’arrivée dans un avenir rapproché d’une version à traction intégrale ainsi que des versions coupé et cabriolet. Quant à l’éventuelle M3, précisons qu’elle devrait voir le jour comme modèle 2007 et qu’elle devrait être animée par un moteur V8 de 400 chevaux, dérivé du V10 équipant présentement les M5 et M6.
Somme toute, avec la nouvelle 3, BMW a réussi son pari de produire une berline sport performante qui met toujours l’accent sur le plaisir de conduire, tout en proposant une certaine évolution vers un design plus moderne sans toutefois choquer les puristes. À ce titre, on peut véritablement la qualifier de la meilleure Série 3 de l’histoire de la marque.
Feu vert
Boîtes manuelle et automatique à six rapports
Tenue de route performante
Couple du moteur de 3,0 litres (modèle 330i)
Groupe motopropulseur parfaitement adapté
Feu rouge
Qualité des plastiques utilisés pour l’intérieur
Bruit de vent dès 120 km/h
Coût d’achat élevé
Quantité et coût des équipements offerts en option