Audi A8, l'art, selon Audi
Je ne suis pas snob. Pas de vantardise ici, un simple constat. Être snob, c’est une personne qui se plaît à émailler sa conversation de noms de gens connus, en laissant entendre qu’elle les fréquente. Et quand ce ne sont pas des individus, ce sont des objets de grande marque qui font l’objet de la discussion. Une façon d’attirer l’attention en se servant de la réputation des autres. N’en déplaise à mes détracteurs, je ne fais jamais cela. Mais j’avoue qu’au volant d’une A8, j’ai bien failli me laisser un peu aller moi aussi.
Car avec la Audi, la plus grande et la plus luxueuse des voitures de la bannière allemande, on se sent devenir un autre homme. Je ne sais trop si ce sont les dimensions exceptionnelles de la voiture ou simplement sa classe et sa distinction naturelle, mais on a vraiment l’impression d’entrer dans un autre monde.
Du cœur sous le capot
La A8 a non seulement des dimensions imposantes, particulièrement dans sa version allongée, mais elle peut surtout compter sur un coeur bien solide, un moteur V8 de 4,2 litres, tout à l’image de la voiture : souple, raffiné et tout en douceur. Ce qui ne l’empêche quand même pas de lancer la voiture avec enthousiasme et sans rechigner quand on appuie sur l’accélérateur avec fermeté. Il faut dire que les améliorations moteur apportées il y a deux ans ont permis de développer une petite machine qui offre maintenant 335 chevaux, et 317 livres-pied de couple à seulement 3 500 tours-minute.
Il en existe probablement pour trouver que malgré tout cette puissance est un peu juste, ce qui explique sans doute la volonté de Audi de proposer la A8 avec un moteur surpuissant. Cette fois, pas de demi-mesure : on a greffé à la A8 un moteur de 6,0 litres ( ! ) - et attention, avec 12 cylindres en W - qui anime la bagatelle de 450 chevaux. Cette fois, rien à redire, la A8 ne se déplace pas, elle se téléporte tellement la réponse du moteur est puissante et efficace. Jumelée à ces moteurs raffinés, on retrouve une transmission automatique six rapports qui me fera trahir mes origines de pilote. Car, croyez-le ou non, même si elle est proposée avec le mode séquentiel qui permet au conducteur de manipuler les rapports, elle est tout simplement plus efficace en mode automatique, et il est plus agréable de laisser travailler la transmission plutôt que de tenter de s’interposer.
Pour assurer une tenue de route sans aucune faille, on a aussi muni la A8 d’une suspension pneumatique aux quatre roues. Concrètement, d’une simple pression d’un bouton dans l’habitacle (c’est un peu plus complexe mais nous y reviendrons), il est possible de modifier la hauteur et le débattement de chacune des suspensions, l’ensemble pouvant bouger d’une hauteur de plus de 20 mm. Évidemment, en matière de confort on atteint des sommets, alors qu’en conduite plus dynamique, on empêche la A8 de se comporter comme un gros paquebot.
Et bien sûr, parce que c’est une Audi, elle est équipée de la transmission intégrale Quattro, probablement la plus efficace du genre encore aujourd’hui, toutes marques confondues. Chose étonnante, en raison de la direction très précise, très bavarde, la A8 se conduit presque comme une petite voiture, étant agile et dynamique. Le freinage, léger ou intensif, est aussi précis et incisif. Même le transfert de poids vers l’avant est limité en cas de freinage vif.
Salon de thé
L’habitacle de la A8, c’est un véritable salon de thé. On y ressent l’opulence et la sérénité, un peu comme quand on pénètre dans ces vieilles demeures anglaise où on se spécialise dans le 4 o’clock tea. Ce qui ne signifie pas que l’intérieur n’est pas moderne, bien au contraire. Tout a été mis en place pour rendre la randonnée la plus confortable possible pour le conducteur et les passagers. La liste d’équipements, presque aussi longue que la voiture, regorge de gadgets en tout genre qui sont l’apanage des voitures de grand luxe.
Pour contrôler tout cela, le MMI (Multi media interface), un système qui permet de gérer l’ensemble des composantes intérieures : audio, climatisation, et même suspension puisque c’est grâce à ce bidule qu’on en ajuste la hauteur. Le reproche à ce genre de système est toujours le même : impossible de l’utiliser de façon intuitive, il faut plutôt prendre le temps de bien lire le manuel du propriétaire. Et de préférence, avant de prendre la route, pas pendant ! Mais même cette lecture ne rendra pas plus accessibles certains boutons, habilement dissimulés aux quatre coins du tableau de bord et qui sont presque impossibles à atteindre en conduite normale.
Les sièges sont, comme on pourrait s’y attendre, de véritables divans dignes de Roche Bobois alliant cuir et confort, mais il faudra aussi quelques longues minutes pour trouver la bonne position de conduite. Les places arrière sont presque aussi confortables et disposent d’un dégagement hors du commun (surtout si on opte pour la version allongée, la 4,2L).
Avec de telles dispositions mécaniques, la A8 qui ne subit que de petits changements cosmétiques en 2006 (rappelons-le, dessinée en 2003 par un québécois, Dany Garand), a tout pour concurrencer les ténors de la catégorie. Moins traditionnelle que ses concurrentes, avec un design moins contesté, il ne lui manque qu’un peu de fiabilité, un problème soulevé année après année par JD Powers, pour la rendre véritablement attrayante… aux yeux de ceux qui en ont les moyens.
Feu vert
Puissance sans hésitation
Direction aristocratique
Traction intégrale Quattro
Équipements multiples
Feu rouge
Réputation de fiabilité douteuse
Ergonomie parfois déficiente
Manuel de l’usager obligatoire
Coûts d’achat et d’entretien royaux