Acura RL, mieux vaut tard que jamais ?

Publié le 27 février 2006 dans 2006 par Jacques Duval

À la question qui coiffe cet essai de l’Acura RL, je serais porté à répondre qu’il eut été préférable que Honda abandonne ce modèle plutôt que d’arriver tardivement avec une nouvelle mouture qui ne présente, à mes yeux, que peu d’intérêt. Non pas que cette berline hautement sophistiquée soit un échec, mais plutôt parce qu’elle a du mal à faire vibrer la corde sensible de ceux et celles qui considèrent le plaisir de conduire comme une qualité sine qua non dans le répertoire des voitures haut de gamme.

Mon Dieu, délivrez-nous de l’électronique ! C’est la prière que je récite régulièrement depuis que je me fais agresser par ces satanés gadgets qui ne cessent d’envahir les automobiles de grand luxe. Je pensais pouvoir échapper à ce cataclysme en prenant le volant de la nouvelle Acura RL issue de la division haut de gamme de Honda. Jusque là, seuls les allemands m’avaient infligé leur supplice électronique et je croyais, à tort, que les Japonais, avec leur fiabilité infuse, contourneraient le problème. Oh que non ! Pas plus qu’une Mercedes ou une BMW, la RL est incapable de dompter ses démons. Bénissez le ciel de conduire la simple petite Civic si bien publicisée par Martin Matte. C’est le bonheur. On tourne la clé et ça part au quart de tour, même en hiver. Pas de problème et presque pas d’essence en prime. Quand on veut écouter la radio, on tourne le piton, un point c’est tout. Avec l’Acura RL qui coûte 4 fois le prix d’une Civic, ce n’est pas tout à fait le même scénario. Il faut repasser l’examen.

COURT-CIRCUIT

Après avoir traîné l’ancien modèle assez longtemps pour que j’aie à renouveler mon passeport deux fois, je pensais que Honda nous réserverait un coup de circuit. Or, c’est plutôt d’un court-circuit dont il s’agit. Qu’importe si à plusieurs égards la RL se hisse au niveau des meilleures berlines mondiales, il reste que l’on se retrouve avec une voiture bourrée de caprices électroniques à faire sacrer le Cardinal Turcotte en personne et qui n’est pas sans lacunes par-dessus le marché. Certes, son moteur est discret comme un confessionnal et le confort est sans égal mais, la colonne des feux rouges n’en comporte pas moins trop de points négatifs.

Même que ses quatre roues motrices donnent davantage l’impression d’avoir affaire à une traction avant plutôt qu’à une traction intégrale, et cela en dépit d’un système complexe visant à répartir la puissance selon l’adhérence de chaque roue. Au départ, on sent même un léger effet de couple dans le volant lorsque celui-ci braque à gauche ou à droite sous les accélérations du V6 de 3,5 litres. Et la puissance, parlons-en. Rarement ai-je expérimenté 300 chevaux aussi timides, à moins que ce ne soit le poids de l’ensemble qui sape leur énergie. Dans l’ensemble, les performances sont respectables mais la RL manque d’aisance en ville en raison d’un couple qui pourrait être plus généreux. La boîte de vitesses, automatique bien sûr, se veut « in » avec ses palettes sous le volant pour passer les rapports manuellement si on le désire. Leur utilisation ne change rien aux performances que l’on obtient en mode complètement automatique. Le levier de vitesse, soit dit en passant, est implanté dans une petite grille en forme d’escalier qui n’est pas la trouvaille du siècle en matière de facilité d’utilisation. Finalement, la consommation moyenne de 14,5 litres aux 100 km est plutôt celle d’un V8 que d’un V6.

Les suspensions s’entendent pour offrir un agréable mélange de douceur de roulement et de tenue de route. Nul doute que le porte-étendard de la gamme Acura pourrait se mesurer sans complexe à ses rivales allemandes. Là où le bât blesse davantage cependant, c’est quand l’électronique s’en mêle. La RL est livrée avec cette clef dite intelligente qu’il suffit d’avoir dans sa poche pour que les portières se déverrouillent. Or, à plusieurs reprises, j’ai eu beau salir mon manteau à me frotter sur la voiture, les portières ne s’ouvraient qu’au 3e ou 4e essai. Et sans crier gare, la batterie est tombée à plat avec tout ce que cela implique de codes à réinsérer dans la mémoire des ordinateurs pour que la voiture retrouve ses fonctions vitales, dont celles du système de navigation par satellite.

UN GPS TROUBLANT

Celui-ci, m’étais-je d’abord extasié, était le plus simple à programmer de tous ceux qui me sont tombés sous la main au cours des cinq dernières années. La déception venait d’ailleurs, soit des directions que la bonne dame me soufflait en troublant mon écoute radiophonique. Ayant programmé une rue de Saint-Bruno alors que je me trouvais à proximité de l’île des Sœurs, le GPS insistait pour me faire prendre le pont Jacques Cartier, allant même jusqu’à m’intimer l’ordre de faire un virage à gauche au beau milieu du pont Champlain ! Heureusement que j’ai la tête dure, car l’Acura serait au fond du St-Laurent… Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, j’ai demandé au savant système de m’indiquer un restaurant dans les parages pour découvrir que le Il Martini que je sais se trouver à St-Bruno était maintenant quelque part à Washington. Mon ami Nelson ne m’avait pourtant jamais parlé de ce déménagement! Curieusement, le GPS a retrouvé ses esprits vers la fin de mon essai, victime sans doute d’un bogue électronique passager aussi mystérieux que difficile à dépister.

Terminons par quelques mots sur l’habitacle luxueusement habillé où l’espace est adéquat, bien qu’un peu étriqué par rapport à la concurrence. Bref, malgré son apparente qualité, la nouvelle Acura RL m’a laissé mi-figue, mi-raisin. Je m’attendais à mieux après tant d’années d’attente.

Feu vert

Superbe insonorisation
Finition très soignée
Équipement complet
La tranquillité de la traction intégrale

Feu rouge

Comportement aseptisé
Vices électroniques intermittents
Faible volume du coffre
Puissance mal répartie
Effet de couple

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