Rolls-Royce Ghost / Phantom / Drophead Coupé 2011: La famille royale s'agrandit en beauté

Publié le 30 avril 2011 dans 2011 par Marc Lachapelle

La monumentale Phantom, première Rolls-Royce moderne, a été lancée cinq ans après que BMW ait acquis les droits sur ce nom qui symbolise, plus que tout autre, le luxe automobile ultime. Et puisque cette marque britannique quasi royale a toujours fait de meilleures affaires avec deux séries complémentaires, elle lance maintenant la Ghost, moins imposante et moins chère mais plus performante et maniable. De quoi répliquer enfin à Bentley, marque longtemps jumelle devenue sa plus féroce rivale.

Le développement de cette deuxième série a été annoncé au Mondial de l’Automobile de Paris en 2006, trois ans après le lancement de la Phantom.

Un peu plus mince, légère et svelte Comme sa grande soeur, la Ghost prend les traits d’une berline mais Rolls-Royce en dévoilera bientôt une version décapotable ou drophead, selon le jargon de la marque. S’allongeant sur 5,4 mètres, elle est néanmoins plus courte de 434 mm, plus basse de 84 mm et plus étroite de 41 mm que la pharaonique Phantom. La Ghost est malgré tout un peu plus spacieuse puisque les éléments de sa structure en acier sont plus minces que ceux du châssis en aluminium de la jeune doyenne. Elle est même plus légère de 160 kilos mais fait quand même plus de deux tonnes et demie avec ses 2 470 kg. La coque autoporteuse de la Ghost est produite au complexe de Dingolfing en Allemagne où BMW fabrique aussi ses séries 5 et 7. Elle est ensuite transportée par camion spécial à l’usine de Goodwood en Angleterre où la fabrication exige 20 jours de travail presque entièrement fait à la main.

On reconnaît instantanément la Ghost comme une Rolls mais ses lignes sont moins anguleuses, la traditionnelle calandre chromée moins massive et le montant arrière du toit moins large que sur la Phantom. Elle demeure haute et imposante, mais n’est certainement pas aussi intimidante que cette dernière, et son coefficient de traînée aérodynamique de 0,33 est nettement meilleur que le 0,38 de la grande et grosse Phantom.

Technologie de pointe et tradition

La Ghost emprunterait environ le cinquième de ses composantes à la Série 7 de BMW. Il est toutefois virtuellement impossible de les reconnaître puisqu’elles ont été méticuleusement adaptées au caractère et aux caractéristiques de la Ghost, une berline plus grande, plus haute et plus lourde.

Le morceau partagé le plus reconnaissable est le large et clair écran de contrôle qui trône au milieu du tableau de bord, sous un élégant volet escamotable en bois vernis. L’arborescence des menus correspond à l’interprétation qu’ont faite les gens de Rolls- Royce de la plus récente version de l’interface iDrive de BMW. Toujours complet mais encore inutilement complexe et pas aussi convivial que le prétendent ses créateurs…

La position de conduite est impeccable. Le volant est dans le style classique de Rolls-Royce avec sa jante plutôt large et mince, enveloppée de cuir anthracite, son moyeu rond et des boutons chromés pour la plupart des contrôles secondaires. Les réglages du siège sont facilement accessibles sur le côté et les boutons de mise en mémoire toujours actifs sur la portière. Droit devant, trois cadrans à fond blanc, dont un qui indique la « réserve d’énergie » du moteur. Un compte-tours, c’est trop banal pour Rolls-Royce. Et au plancher à gauche, un bon repose-pied, large et plat.

Pour le reste, la Ghost regorge des systèmes électroniques les plus pointus et performants, dissimulés derrière un tableau de bord tapissé de boutons chromés ou noirs d’où les chiffres sont presque entièrement absents. On règle la température par la couleur – bleu c’est frais et rouge c’est le contraire – et la vitesse du ventilateur en choisissant entre doux, médium, fort ou maximum. Parmi les systèmes de sécurité et d’aide à la conduite on compte une caméra de vision nocturne, un excellent affichage de données au pare-brise, des phares au xénon qui s’atténuent d’eux-mêmes et un régulateur de vitesse qui peut stopper et faire redémarrer la Ghost en plein trafic en plus de réduire sa vitesse en virage.

Comme une éruption contrôlée Sous le long capot de la Ghost se tapit un nouveau V12 de 6,6 litres à double turbo qui produit 563 chevaux à 5 250 tr/min et 575 lb-pi de couple à seulement 1 500 tr/min. Ce qui en fait la voiture la plus puissante depuis la création de la marque il y a plus d’un siècle. Ce moteur est dérivé du V12 de 6 litres de la BMW 760i. On y a installé les pistons plus larges du V8 de 4,4 litres pour augmenter sa cylindrée et il est jumelé à une nouvelle boîte automatique ZF à 8 rapports.

Malgré sa masse, la Ghost pourrait atteindre 100 km/h en 5 secondes et boucler le traditionnel quart de mille en 13,2 secondes, des performances de sportive. Elle en donnait certainement l’impression lors du lancement sur les routes californiennes. Elle accélère sans relâche et sans brusquerie, comme une fusée à propulsion hydraulique, avec la complicité d’une boîte automatique irréprochable. Sauf que sa prestation s’accompagne d’un rugissement feutré absolument réjouissant. Le freinage est puissant et facile à moduler, assuré par les rotors surdimensionnés des Série 7 blindées. Plongée au freinage, tangage et roulis sont maîtrisés par une suspension à ressorts pneumatiques et amortisseurs pilotés, laquelle réagit en 2,5 millièmes de seconde.

La tenue de route est étonnante, sinon remarquable pour une berline de cette taille et de ce poids dont le constructeur est reconnu avant tout pour le confort de roulement moelleux de ses voitures. Or, les masses réparties de façon quasi parfaitement égale entre les essieux avant et arrière et le mordant des grands pneus optionnels de la voiture essayée (taille 255/45R20) gomment pratiquement tout sous-virage. Une direction précise fait le reste, à défaut d’offrir de grandes sensations tactiles.

En conduite normale, la Ghost est un tapis magique, même si la douceur de roulement n’est pas aussi parfaite que dans une Phantom. Les fentes et saillies transversales provoquent effectivement des tremblements minimes, presque rien, surtout avec les flancs plus raides des pneus anticrevaison.

La manière opulente

À l’intérieur, il y a tout l’espace et le confort souhaitables pour en profiter, quels que soient le rythme et la vitesse. Il y a amplement d’espace à l’avant et on se glisse à l’arrière par de grandes portières en accolade qui s’ouvrent presque à angle droit. Les sièges sont moelleux, drapés de cuirs épais et souples. On s’y cale haut comme dans un fauteuil, cependant ils offrent également un maintien latéral surprenant.

Classe à part La Ghost occupe évidemment l’avant-scène cette année mais Rolls-Royce n’en poursuit pas moins le raffinement et l’expansion de sa série Phantom. À la première berline se sont ajoutés une version à empattement allongé, le coupé Phantom et la Drophead Coupé décapotable. Toutes sont animées par le même V12 de 6,7 litres, coté à 453 chevaux et jumelé à une boîte automatique à 6 rapports.

Les Phantom sont effectivement les voitures les plus douces et silencieuses qui soient. On les jurerait propulsées par des moteurs électriques. La finition de leur habitacle est également d’une richesse inouïe. Ça va de soi, pour des voitures qui coûtent près d’un demi-million pièce, si l’on profite le moindrement du service de personnalisation de Rolls-Royce qui offre, par exemple, le choix de 45 000 couleurs de carrosserie différentes. C’est ce que font les trois-quarts des clients. Ceux-là ne s’inquièteront pas outre mesure de la portière électrique récalcitrante de la Phantom Drophead dans laquelle nous avons roulé en Californie. Ils appelleront simplement leur hélicoptère personnel à la rescousse…

Feu vert

Comportement routier
superbement équilibré
Remarquablement douce et silencieuse
Performances étonnantes
Unique, distinguée et rare

Feu rouge

Rétroviseurs gigantesques bloquent la vue
Pas de bouton pour désactiver le régulateur
Menus de contrôle multiples et déroutants
Pour milliardaires seulement

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