Volvo S80 2011: La mort d'une étoile
Lorsque Volvo a présenté une nouvelle S80 en 2007, tous les espoirs étaient permis. Après tout, cette voiture était, et est toujours, la plus luxueuse de la prestigieuse marque suédoise. Même si cette berline haut de gamme en a séduit plus d’un lors de son lancement, force est d’admettre que quatre années plus tard, elle se retrouve sur une pente descendante…
Et quand on se mesure à des Audi A6, BMW Série 5, Mercedes-Benz Classe E et autres Lincoln MKS, vaut mieux être bien armé pour se défendre. En matière de style (et dans le domaine de l’automobile, le style fait souvent foi de tout), cette grosse Volvo fait preuve d’une sobriété et d’un raffinement rarement vus. De la grande classe, quoi. Mais il s’agit d’une question de goût et certains la trouvent, justement, trop sobre malgré les subtils changements apportés l’an dernier.
Mais quel habitacle !
Dans l’habitacle, par contre, il faudrait être de mauvaise foi pour trouver à redire. Le tableau de bord demeure l’un des plus fonctionnels de l’industrie avec une ergonomie exemplaire (les commandes de la climatisation/chauffage représentées par un bonhomme assis est un trait de génie, rien de moins), des matériaux de superbe qualité et un assemblage digne d’une Lexus. La console flottante, un élément de style à ne pas négliger, est plus jolie que fonctionnelle même si elle amène les commandes à portée de la main droite du conducteur. Partir à la conquête d’objets laissés dans l’espace de rangement qu’elle dégage conduit à une inévitable torsion du poignet. Par contre, pour les sièges, mes amis, c’est réussi. Extraordinaires, je vous le jure. L’habitacle est passablement vaste et la banquette arrière fait preuve d’un très bon confort, incluant la place centrale, un exploit dont peu de berlines, même haut de gamme, peuvent se vanter. Les dossiers s’abaissent de façon 60/40 pour agrandir un coffre déjà de bonnes dimensions. Cependant, son ouverture est trop petite pour pouvoir y loger de gros objets.
Bien entendu, qui dit Volvo dit sécurité et la S80 ne déroge pas à la tradition. L’habitacle regorge de huit coussins gonflables et de plusieurs systèmes électroniques tels le BLIS (Blind Spot Information System) qui avise le conducteur qu’une voiture se trouve dans son angle mort, le CWAB (Collision Warning with Auto Brake) qui anticipe, via un radar, les risques de collision et applique les freins le cas échéant ou, enfin, le IDIS (Intelligent Driver Information System) qui empêche le conducteur d’être distrait en retardant la sonnerie du téléphone cellulaire, par exemple, tout en ne camouflant pas les informations nécessaires. Bref, tout plein de belles technologies mieux maîtrisées que chez certains manufacturiers, Nissan et Infiniti, pour ne pas les nommer.
Au diable le V8
Cette année, la S80 perd un moteur. En effet, le V8 de 4,4 litres fait ses adieux mais il n’y a personne sur le parvis qui sort un mouchoir. Certes très performant, il affectait négativement le comportement de la voiture, trop lourd qu’il était. Il reste donc le six cylindres en ligne turbocompressé de 3,0 litres de la T6 AWD et l’inutile six cylindres en ligne atmosphérique de 3,2 litres. Ce dernier n’est pas suffisamment puissant pour les 1 740 kilos de la voiture et, surtout, il n’a pas le punch recherché dans une voiture se prétendant luxueuse. En fait, le moteur le mieux adapté à la S80 demeure le 3,0 litres qui permet des accélérations vives, encore plus vives cette année puisque sa puissance a gagné 19 chevaux. Il consomme passablement, toutefois on lui pardonne mieux ses écarts que le moins puissant et pratiquement aussi assoiffé. L’autre avantage du 3,0 litres est qu’il est livré d’office avec le rouage intégral alors que le 3,2 ne donne vie qu’aux roues avant, ce qui ne fait pas très noble, convenez- en. Un rouage intégral est certes plus dispendieux à l’achat mais en plus d’assurer une bien meilleure traction dans la neige, il autorise une meilleure valeur de revente. Peu importe le moteur, une seule transmission est proposée, soit une automatique à six rapports qu’on peut difficilement prendre en défaut.
Le comportement routier de la S80 se veut des plus placides. La direction n’est pas très vive et dès qu’on pousse le moindrement la machine, les différents systèmes électroniques de contrôle prennent le dessus. La version de base affiche un sous-virage marqué tandis que la T6 AWD se veut plus enjouée. Elle est dotée du Four-C Active Chassis, un système permettant de choisir entre différents réglages de suspension. S’il faut se concentrer comme un chat qui reluque un oiseau pour sentir la différence entre les différents réglages de suspension de plusieurs autres voitures, celui de Volvo fonctionne sans questionnement. On passe pratiquement d’une mollesse duveteuse à une dureté favorisant la tenue de route, selon le réglage choisi. Par contre, même le réglage extrême ne fait pas de la S80 un modèle de sportivité et ne peut lui apporter la personnalité qui lui manque. BMW et Audi, par exemple, sont encore loin devant.
En fait, si Volvo n’avait jamais offert que la T6 AWD, sans doute que son image de luxe serait encore intacte. Ou serait moins en déficit. La sobriété de sa carrosserie peut aussi lui jouer des tours dans un monde où l’on cherche souvent à paraître plus qu’à être… Cependant, le nom Volvo rime encore avec confort et sécurité et, à ce chapitre, la S80 est une Volvo pure et dure.
Feu vert
Charme discret
Habitacle esthétique et fonctionnel
Sièges supraconfortables
Version T6 AWD agréable
Niveau de sécurité élevé
Feu rouge
Prestige qui s’étiole
Moteur de base style « bof »
Consommation assez importante
Petite ouverture du coffre
Entretien dispendieux