Honda Insight 2011: On manque le bateau, capitaine…

Publié le 30 avril 2011 dans 2011 par Nadine Filion

Vrai qu’avec son Insight, Honda a concocté l’hybride la plus abordable du marché. Mais à trop vouloir couper, est-ce qu’on n’est pas en train de manquer le bateau ? Eh oui, capitaine, eh oui…

Le prix est sous les 24 000 $, on peut donc dire mission accomplie : l’Insight est l’hybride la moins chère de l’heure. Mais il a fallu faire des compromis. Certes, l’Insight ne joue pas le rôle d’un flash technologique comme la Prius, « l’autre » hybride de qui, d’ailleurs, elle emprunte beaucoup trop de style et d’aérodynamisme pour ne pas y ressembler. On aime quand même l’effet net provoqué par les phares bleus en coin qui accrochent le regard. Donc, l’Insight ne fait pas dans les panneaux solaires, ni le stationnement automatisé et c’est attendu. Mais c’est dommage que ne soient pas au rendez-vous des presque essentiels : sans sièges chauffants, démarrage sans clé et radio satellite, ça fait un peu sec.

L’Insight se conjugue en deux versions, celle de base étant munie du régulateur de vitesse, de la climatisation automatique et du volant télescopique. Mais… pas de système de stabilité, pas même en option. C’est un péché. Dans la EX, on gagne le Bluetooth, les commandes audio et le passage des vitesses au volant.

Dans l’habitacle, on se désole des plastiques rêches et tristounets, mais le bleu des fauteuils et le techno de l’instrumentation apportent de la modernité, à la limite du prototype. Visuellement, le petit volant et l’affichage à deux niveaux sont les pièces de résistance. Aussi, les infos vitales de consommation se lisent bien, merci à de simples commandes au volant qui en actionnent l’affichage clair. L’Insight n’est certainement pas l’hybride la plus complexe et c’est au moins ça de gagné.

Si la vision n’est pas trop gênée par le double hayon vitré, elle l’est cependant par les piliers qui bloquent la vue latérale arrière. Par ailleurs, on tripote souvent la climatisation ; les commandes, en deux parties, ne sont pas intuitives et leur ajustement n’entraîne pas toujours la température souhaitée. L’insonorisation est moyenne et le gravillon se fait distinctement entendre dans les puits de roue ; de l’isolant supplémentaire serait le bienvenu. À la banquette, les grandes têtes et les genoux se sentent à l’étroit. Le rangement est encore plus frugal que la consommation en carburant et les sièges avant, trop minces, manquent rembourrage et de maintien.

Si ces sièges étaient confortables, peut-être qu’on ressentirait moins les cognements de la suspension. Car l’Insight boude l’indépendance et adopte plutôt, en guise de suspension arrière, la poutre de torsion (comme pour la Fit). Jumelée à un châssis étroit, cette architecture rend la tenue de route sèche et bondissante. Sur des cahots plus imposants que d’autres, les amortisseurs font bruyamment la grève. Par contre, le freinage est concluant malgré les tambours arrière et, sous le pied, la pédale ne souffre pas de la rugosité des premières hybrides.

Moins frugale que la – plus grosse — Prius

Côté motorisation, c’est un petit quatre cylindres de 1,3 litre qui produit, avec le moteur électrique de 10 kW, à peine 98 chevaux. La dernière révision de ce duo essence-électrique l’a rendu plus petit, plus léger et plus puissant et Honda soutient que l’Insight gobe un frugal 4,7 L/100 km (en combiné). Hum ; c’est non seulement un litre de plus que la Prius, de plus grande dimension, mais c’est également une cote que nous n’avons pu enregistrer… Le mieux que nous avons fait a été du 5,1 l/100 km. C’est que contrairement aux autres hybrides, l’Insight accepte rarement de ne circuler qu’en mode électrique. Relâchez les freins et son moteur se remet tout de suite en marche. Aussi, 98 chevaux, c’est une bien petite puissance pour une compacte dans les 1 235 kg (1 380 kg pour la EX). Sur le marché, seule la Smart est moins puissante, mais elle ne pèse que 750 kilos… Ce manque de fougue, l’Insight s’en ressent en montée par des accélérations superficielles, bruyantes, quasi asthmatiques. En dépassement, l’essoufflement est si marqué qu’on se demande si on réussira sa manoeuvre à temps.

Comme pour la majorité des hybrides, l’Insight mise sur une CVT pour négocier ses rapports infinis. En version EX, cette boîte s’enrichit de palettes au volant et simulent 7 rapports virtuels. Certains détestent ces gizmos et, malheureusement, on ne peut ici que leur donner raison : leur manipulation se complique de deux modes et ils n’assurent même pas la performance supplémentaire attendue. Au bout de quelques essais, on se lasse une bonne fois pour toutes.

Mieux vaut choisir… la Fit !

Côté comportement, l’Insight rappelle… la précédente génération de Prius (2003). Serait-ce en raison de sa direction (électrique, bien sûr) à l’aise dans les stationnements, mais qui manque de réactivité à grande vitesse ? Une chose est sûre, il faut continuellement en corriger le tir, et ça dérange. Qui plus est, quitter la route des yeux un seul instant revient à risquer un séjour illicite dans la voie opposée.

À tout prendre, et au lieu de payer pour l’aventure hybride, mieux vaut miser sur le conventionnel – la Honda Fit, par exemple. Avec son 6,5 l/100 km, la compacte est peu gourmande, pas mal moins chère à l’achat, plus puissante… et d’une centaine de kilos moins lourde. Oh, et merci à son hayon, la Fit accepte son lot de chargement. Plus, même, que l’Insight : 1 662 litres contre 891 litres…

Feu vert

L’hybride la moins coûteuse
du marché
Infos consommation faciles à lire
Habitacle techno digne
d’un proto
Éclairage vert-récompense
ou bleu-châtiment…

Feu rouge

Confort et insonorisation
fort moyens
Suspension sèche et bondissante
Sous-motorisée
Plastiques rêches
Pas de sièges chauffants, pas
de démarrage sans clé…

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