Land Rover Range Rover 2011: Au-delà des sentiers battus

Publié le 30 avril 2011 dans 2011 par Alain Morin

En 1948, Maurice Wilks, alors à l’emploi de Rover, dessinait à partir d’un châssis de Jeep un premier Land Rover, baptisé à juste titre Série 1. Les Land Rover allaient sans tarder dévoiler de redoutables aptitudes en hors route. Avec les années, ces véhicules britanniques sont devenus de plus en plus luxueux tout en conservant leur robustesse initiale. Aujourd’hui, les produits Land Rover font partie de la noblesse britannique.

Le plus bel exemple de ce mélange réussi de robustesse et de noblesse est le Land Rover Range Rover. Tous les autres Land Rover, bien qu’ils fassent partie intégrante de la prestigieuse famille, doivent leur renommée au Range Rover.  Le futur LRX sera sans doute renié haut et fort par les mordus de la marque (et ce, même s’il s’avère réussi !), le LR2 n’est, toujours selon les puristes, qu’un véhicule d’entrée de gamme, le LR4 est un Range Rover en plus petit et le Range Rover Sport une extrapolation pour plaire à une clientèle particulière. Il n’y a pas à en douter, le Range Rover est LE Land Rover par excellence, lui qui a fêté, à l’été 2010, ses 40 ans.

De 24 à 23 bières par jour…

L’an dernier, Land Rover a fait un véritable cadeau à ses fans. De nouveaux moteurs ! Exit les déplorables 4,4 et 4,2 litres surcompressés, goinfres comme un ogre affamé devant un petit chat sans défense. Place au V8 de 5,0 litres, avec ou sans surcompresseur.  Pour être bien franc avec vous, les 375 chevaux et 375 livres-pied de couple suffisent amplement la plupart du temps. Ils permettent à cette masse de plus de 2 500 kilos de faire le 0-100 km/h en 7,6 secondes et le 80-120 en environ 6,0, le tout dans un superbe grondement du V8 qui fait oublier que chaque accélération demande au moteur la même quantité d’essence qu’un Boeing au décollage… Dire qu’il consomme moins que celui qu’il remplace !  Ceux qui aiment mieux un véhicule qui, à chaque accélération, requiert le débit quotidien des chutes Niagara, sans parler d’un prix d’achat exorbitant, se tourneront vers le 5,0 litres Supercharged de 510 chevaux. Curieusement, il ne permet pas au Range de remorquer une once de plus que la version atmosphérique.

Dans les deux cas, le fonctionnement de la transmission automatique à six rapports est sans reproches et contribue à l’impression de plénitude ressentie au volant. La direction pourrait être plus vive et précise, mais en conduite hors route, ces défauts deviennent   des qualités. Et comme le Range est un expert en la matière, nous ne lui en tiendront pas rigueur. Ce dernier possède une multitude d’atouts qui lui permettent de passer n’importe où. Un châssis d’une extraordinaire solidité, une suspension pneumatique permettant de hausser la garde au sol jusqu’à 11,1 pouces (28,2 cm !), un angle d’attaque de 34 degrés et de départ de 26,6, la possibilité de rouler sans problème dans 27 pouces d’eau et des caméras judicieusement placées qui permettent au conducteur de voir tout le tour font partie des qualités du Range Rover en hors route. Le Terrain Response aussi. Ce bouton situé sur la console centrale permet de choisir entre plusieurs types de terrain. Selon la demande du conducteur, un ordinateur central modifie les paramètres de gestion du moteur, de la transmission, des trois différentiels, des suspensions et des systèmes de contrôle de la traction et de la stabilité latérale. Ouf ! Tout ça c’est bien beau, mais ça fait beaucoup d’électronique et dans le passé, ce constructeur a prouvé hors de tout doute son incompétence en matière de fiabilité de tels systèmes… Contrairement à la plupart des marques produisant des 4x4, beaucoup de gens possédant un Land Rover âgé de plus de dix ans ne se gênent pas pour se servir de leur véhicule pour chasser le lièvre ou la truite. Souhaitons que l’électronique tienne le coup jusque-là…

Charme suranné

Les lignes extérieures du Range Rover n’ont guère évolué depuis 1970 et ce ne sont pas les timides retouches apportées l’an dernier qui vont y changer quoi que ce soit. Mais pour les puristes, ce frigo sur roues demeure la quintessence du charme. L’habitacle, quant à lui, ressemble à s’y méprendre à celui de la génération précédente et il faut avoir l’oeil pour trouver les différences. Le tableau de bord présente une instrumentation qui paraîtrait veillotte si elle n’était pas entièrement numérique. L’effet est saisissant. Lorsqu’on roule en mode 4x4, l’odomètre se déplace et fait place à des informations pertinentes, surtout quand la situation est corsée. Voilà l’avantage d’une telle technologie.

Dire que l’habitacle du Range est luxueux serait un euphémisme. Les bois sont nobles, les cuirs doivent provenir de vaches royales et les rares pièces de plastique affichent une excellente qualité, de même que les tapis, moelleux à souhait.  Les sièges font preuve d’un confort quasiment indécent, or y accéder demande une souplesse certaine. Des marchepieds seraient bienvenus, mais comme ils seraient contraires à la bienséance en conduite hors route, on comprend mieux leur absence. L’habitacle est vaste et d’un silence monacal, même s’il y avait l’explosion d’une bombe à proximité. Les sièges arrière sont aussi très confortables et leur dossier s’abaisse pour agrandir le coffre.

Le Range Rover était, est et demeurera l’authentique VUS grand luxe pour plusieurs années. Mais pour y parvenir, Land Rover devra prévoir des moteurs moins gourmands donc mieux adaptés aux tendances actuelles.

Feu vert

Quintessence du classicisme
Habitacle supra luxueux
Moteurs très puissants
Extraordinaires capacités 4x4
Capacité de
remorquage intéressante

Feu rouge

Prix démentiels
Consommation outrageuse
Fiabilité honteuse (mais à
la hausse semble-t-il…)
Coûts d’entretien surréels
Dépréciation extraordinaire

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