Derek Bell prend des cours de pilotage
Il y a des journées qu’on n’oubliera jamais. Celle passée au volant d’une Bentley Arnage avec, comme passager, Derek Bell, le quintuple champion des 24 heures du Mans qui a de surcroît touché à la F1, figure très haut dans ma liste…
Bell, un homme d’une grande simplicité, aussi sympathique qu’humble, fut un passager exceptionnel et j’ai pris grand plaisir à parler de tout et de rien avec lui.
Tout allait bien jusqu’à…
Après notre journée de route, un cocktail avait été organisé avant le souper. Petit verre à la main, Derek et moi (je me permets de l’appeler par son prénom : ça paraît bien, même si lui ne se souvient sans doute absolument pas de moi!), continuions notre discussion. Un confrère anglophone, plus réputé pour les jolies demoiselles qui l’accompagnent que pour ses qualités de journaliste et dont je tairai le nom par charité chrétienne, vint se joindre à nous.
Et voilà que notre zouf dit à Bell qu’il a trouvé un moyen de sauver une demi-seconde dans la courbe Mulsanne (ou peut-être était-ce Tertre Rouge?). Intéressé mais un peu surpris, Bell veut en savoir davantage. Alors Zouf tombe dans des explications très techniques sur le freinage, le pointe-talon, le transfert de poids. De plus en plus intrigué, le quintuple champion lui demande dans quelle série il court. « Oh, moi je fais ça sur Playstation... »
À ce jour, six ou sept ans plus tard, je n’ai toujours pas su interpréter le regard que Bell m’a adressé à ce moment. Un mélange d’irritation, de surprise, de mépris sans doute. Peut-être d’amusement. Ou de pitié. Les journalistes automobile n’ont pas toujours très bonne réputation auprès des coureurs professionnels et désormais, je sais pourquoi!