Toyota Camry 2012, améliorée, mais toujours conservatrice

Nous aurions aimé vous présenter la nouvelle Camry 2012 plus tôt, mais un rigoureux embargo nous avait été imposé jusqu'au 23 août. Cet embargo s’appliquait, en théorie, à toute l’Amérique, et comme nous avons, au Guide de l'auto, pour politique de respecter les dates de publication exigées par les constructeurs, nous avons donc passé outre au modèle 2012 dans l’édition du Guide de l’auto de cette année. Mais la date fatidique est dorénavant passée, et nous sommes maintenant en mesure de vous parler de cette nouvelle venue.

Opinions divergentes

Si on se fie aux déclarations que les responsables de Toyota ont faites par le biais de leurs communiqués de presse, cette Camry est une voiture dotée d’un look extraordinaire, propulsée par des moteurs de très haute technologie. Son habitacle est spacieux, confortable et son design intérieur est en mesure de faire pâlir les plus respectés de la catégorie. Et bien entendu, la sécurité est inégalée : dix coussins de sécurité dans l'habitacle! Sans oublier la légendaire qualité Toyota, toujours au rendez-vous.

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C'est normal que ces gens fassent une description aussi enthousiaste de ce véhicule, puisque c’est leur devoir de mousser leur nouvelle berline. Je me permets tout de même de vous présenter ma propre évaluation de la voiture, car de mon côté, je suis payé pour émettre mon opinion.

Nouvelle silhouette? Mouais…

Certains journalistes ont dit que la version précédente de la Camry avait autant de glamour qu'un lave-vaisselle. Pourtant, il faut avouer que cette silhouette lui donnait des airs de voiture de luxe. Une Camry noire avec des vitres teintées en impose et donne l'impression de se vendre beaucoup plus cher qu’en réalité. Et bien qu’il ne s’agissait pas d’une voiture particulièrement originale, elle possédait néanmoins un certain caractère. Toutefois, il est plus difficile d’appliquer cette définition à la nouvelle génération. Selon Toyota, la partie avant donne un air sportif à la voiture. Je fais partie de ceux qui ne sont pas de cet avis. Pour parler latin, c’est « drabe ». Les mêmes mots s'appliquent à la partie arrière, qui est d'une sobriété extrême. En fait, cette partie de la voiture suscitera une réaction chez une seule personne : le designer des feux arrière de la Subaru Legacy, qui reconnaîtra sans doute son œuvre dans cette Toyota.

Excitante, cette nouvelle venue? Je ne crois pas. Elle est plutôt sobre, équilibrée et reflète probablement les goûts des acheteurs traditionnels de cette voiture. Pour tenter de nous impressionner davantage, les gens de Toyota ont parlé de petits déflecteurs placés sur le rétroviseur extérieur et le long de la paroi latérale du feu arrière. Cette petite barre en excroissance est censée créer un vortex le long de la carrosserie afin de réduire la résistance à l’air. S'il faut en croire leur dire, cette technologie révolutionnaire est dérivée des voitures Toyota en Formule 1. On comprend pourquoi ce constructeur s'est retiré de ce championnat…

Par contre, c'est beaucoup plus réussi à l'intérieur. L’ensemble reste quelque peu disparate et on a l'impression que la partie centrale de la planche de bord, qui abrite un écran d'affichage, a été dessinée par une autre personne que celle qui a réalisé les cadrans indicateurs et le volant. Cependant, l'espace ne fait pas défaut et les sièges sont confortables tant à l’avant qu'à l'arrière. On a d’ailleurs sculpté le dossier des sièges avant dans le but d'offrir plus de dégagement pour les jambes aux occupants des places arrière. Comme il se doit sur une voiture de cette marque, la qualité de la finition et des matériaux est impeccable. Malgré tout, on ne ressent aucune émotion à la vue de ce tableau de bord. Il suffit de le comparer à celui des récentes Hyundai Sonata et Kia Optima pour déduire que les stylistes les plus audacieux sont désormais en Corée.

Mécanique connue

Toyota a établi sa réputation et ses ventes sur la fiabilité des composantes mécaniques. On a tout intérêt à proposer des éléments connus qui ont prouvé leur valeur au fil des années. Après le fiasco des accélérateurs qui coinçaient et autres problèmes techniques qui ont motivé de multiples rappels partout sur la planète, il aurait été surprenant qu'on ose innover au chapitre des groupes propulseurs. On s'est contenté de les raffiner et d'améliorer quelques éléments ici et là. En fait, la seule grande nouvelle au chapitre de la configuration mécanique est l'utilisation d’un moteur quatre cylindres de 2,5 litres pour l'hybride au lieu du moteur de 2,4 litres.

Sur les modèles à motorisation traditionnelle, le moteur de base demeure le quatre cylindres de 2,5 litres produisant dorénavant 179 chevaux et un couple de 171 lb-pi, en plus d’une consommation ville/route combinée de 7,7 L/100 km. Si vous appréciez la douceur de moteurs V6, celui-ci est de retour sous le capot de la Camry. Ce moulin de 3,5 litres avec bloc en alliage d’aluminium produit une puissance maximale de 268 chevaux et un couple de 248 lb-pi. Sa consommation ville/route combinée annoncée par Toyota est de 8,9 L/100 km. Ces deux moteurs bénéficient du système de distribution à calage variable intelligent double (double VVT-i), de l’injection de carburant multipoint séquentielle, du système de commande électronique du papillon des gaz de Toyota avec intelligence (ETCS-i) et du système d’admission à commande acoustique (ACIS) et bien plus. Ces deux modèles à moteur conventionnel sont associés à une transmission automatique à six rapports.

La toute nouvelle Camry hybride présente une version fortement révisée du groupe propulseur hybride synergétique de la marque, notamment avec un nouveau moteur quatre cylindres de 2,5 litres.

Grâce à sa boîte-pont unique, le système hybride synergétique combine la puissance du moteur quatre cylindres à essence avec celle d’un petit moteur électrique à couple élevé. L’ensemble produit une puissance combinée de 200 chevaux et peut varier la puissance du moteur à essence et du moteur électrique, ou la combiner au besoin. Ce nouveau moteur de 2,5 litres utilise le cycle Atkinson afin de favoriser une efficacité maximum. Le système de calage variable intelligent des soupapes (VVT-i) de l’arbre à cames d’admission rehausse le couple, lequel est plus élevé que celui du moteur précédent. Nouveauté à souligner sur la Camry hybride 2012 : la possibilité de conduire sa voiture avec le seul moteur électrique sur une distance pouvant atteindre 2,5 kilomètres à basse vitesse (à moins de 40 km/h environ). L’indicateur EV s’illumine lorsque le véhicule est propulsé uniquement par son moteur électrique. Selon Toyota Canada, la nouvelle Camry Hybride propose une consommation de carburant fortement réduite par rapport à la version précédente.

Sportivité? Oubliez ça!

Il est vrai que la nouvelle Camry a été modifiée sous toutes ses coutures, que l'habitacle — surtout la planche de bord — est beaucoup plus moderne que précédemment, mais de là à parler de caractère sportif et d'agrément de conduite relevée, il y a toute une marge! Sur une vidéo de Toyota diffusée aux États-Unis, le présentateur porte une chemise griffée Toyota Sport lorsqu’il présente la nouvelle Camry. Quant à moi, c'est du chiqué. Il est plus impressionnant dans sa présentation lorsqu'il parle des nouveaux coussins gonflables et de la planche de bord que des caractéristiques dynamiques de cette voiture.

La Camry n'est pas une mauvaise voiture, bien au contraire. Mais elle cible une catégorie d'acheteurs qui privilégient avant tout le silence de roulement, l'insonorisation de l'habitacle, la durabilité des matériaux et de la mécanique. Ces personnes veulent une valeur sûre et une voiture familiale confortable dotée d'une excellente habitabilité. En plus, l’aspect lié à la sécurité passive est très important pour ces gens. Ce sont tous des éléments qui ont été améliorés sur la nouvelle Camry.

Il est vrai que la présentation de ce nouveau modèle a été relativement sommaire et rapide. Notre expérience routière s'est limitée à quelques tours du circuit Saint-Eustache. Malgré tout, nous avons été en mesure de vérifier que la voiture tient mieux la route, est mieux insonorisée et que la direction à assistance électrique renvoie quand même un feedback acceptable de la route pour ce type de mécanique. Mais pour le reste, les sensations fortes ne sont pas de la partie. La Camry continue d’être une voiture paisible, sage comme une image, un véhicule qui plaira aux gens qui aiment se déplacer dans un environnement silencieux et confortable.

Nous aurons l'occasion, au cours des semaines et des mois à venir, de prendre le volant et d'effectuer des essais plus exhaustifs. Mais pour l’instant, m’est d’avis que Toyota s’est contentée de raffiner les éléments qui ont fait le succès de la voiture. On ne saurait critiquer le constructeur pour cette décision. Par contre, aussi bien la silhouette que l'agrément de conduite constituent des éléments qui ne semblent pas avoir fait partie du cahier de charges des personnes responsables de la refonte de cette voiture.

Mais compte tenu du nombre très important d'acheteurs qui recherchent silence, sécurité et satisfaction, on peut déjà parier que cette nouvelle venue connaîtra bien des succès. Malgré tout, les gens ne pourront s'empêcher de la comparer à une Kia Optima ou encore à une Hyundai Sonata, et je ne suis pas certain que la Japonaise l’emporte. Et n’oublions pas que Mazda nous promet quelque chose de spectaculaire avec sa nouvelle Mazda6 qui devrait être dévoilée au printemps 2012…