Hummer H3 Alpha, à la recherche du diamant vert

Publié le 9 octobre 2007 dans Essais par Alain Morin

Même si les véhicules construits par Hummer sont toujours à l’index des mouvements verts, cela n’en fait pas nécessairement de mauvais véhicules. Plusieurs personnes (propriétaires terriens, chasseurs et pêcheurs, plaisanciers, etc.) ont besoin d’engins pouvant tirer de lourdes charges dans des chemins quelquefois impraticables et les Hummer sont faits pour ce type de travail. Ce qui nuit à l’image de la marque, ce sont les gens qui achètent de tels véhicules pour se pavaner en plein centre-ville. Un Hummer, en plus de ne pas être très à l’aise en milieu urbain,  pollue inutilement. Comme tout autre véhicule de la même catégorie et utilisé à mauvais escient.

Cela étant dit, General Motors (Hummer appartient à GM), et aucun autre manufacturier, n’a à contrôler les ventes de ses véhicules. Que quelqu’un veuille circuler en Hummer dans un centre-ville ou s’acheter une Corvette pour en faire une table de salon, l’important pour un constructeur est de faire une vente ! Ceux qui pointent les constructeurs qui produisent des véhicules polluants devraient d’abord pointer ceux qui les conduisent… D’un autre côté, les dirigeants de Hummer sont parfaitement conscients de leur image négative et, d’ici quelques années à peine, feront de la marque ostracisée, la marque de 4x4 la plus verte sur le marché. Ainsi, les futurs Hummer pourront faire le plein à une pompe diesel, E85 (85 % d’éthanol et 15 % d’essence) ou biodiesel. Aucune motorisation hybride n’est prévue même si cette solution a été envisagée. Le manque de couple et de frein moteur des hybrides n’est guère compatible avec l’utilisation anticipée des Hummer. Car un Hummer, on vient de le dire, n’est pas fait pour un centre-ville…

Un Hummer est plutôt fait pour le hors route ! Nous avons récemment eu l’occasion de mettre le Hummer H2 et le nouveau H3 Alpha à l’épreuve dans une piste reprenant, sur une plus courte distance, les défis du fameux Rubicon Trail. Le H3 Alpha reçoit un V8 de 5,3 litres qui développe 300 chevaux et 320 livres-pied de couple. Il peut sembler paradoxal que Hummer propose un moteur plus gros (l’autre moteur est le vénérable cinq cylindres en ligne de 3,7 litres, nous y reviendrons) alors qu’elle veut devenir plus « propre ». Mais lorsqu’on considère que plusieurs propriétaires de Hummer demandaient une augmentation de la capacité de remorquage, on comprend mieux cette décision. Avec ce 5,3 litres, qu’on retrouve aussi dans la camionnette Chevrolet Silverado, le Hummer H3 Alpha peut remorquer jusqu’à 6 000 livres (2 720 kilos), soit 1 500 livres de plus qu’auparavant. De plus, même si nous n’avons pas les données de consommation, il est permis de croire que ce 5,3 litres consommera environ 15 litres d’essence tous les cent kilomètres, ce qui ne représente que quelques dixièmes de plus que le 3,7.

Pour en revenir à notre moteur, soulignons sa douceur et, surtout, son couple abondant. Il semble aussi à l’aise sur la route - accélérations et dépassements se font sans problèmes - que sur une piste où son couple élevé l’aide à se sortir du pétrin facilement. De plus, rien ne vaut la sonorité profonde d’un bon V8 américain en pleine accélération ! Une seule transmission est proposée avec ce modèle : une automatique à quatre rapports possédant une gamme basse (lo) pour une utilisation en mode tout-terrain. Tant qu’à installer un nouveau moteur, les ingénieurs de Hummer en ont profité pour apporter des modifications au châssis pour le rendre encore plus rigide. Le carter d’huile a été conçu pour répondre à des pentes allant jusqu’à 60 %. De même, on a augmenté les capacités de la pompe de la servodirection. En passant, soulignons le faible rayon de braquage du H3, un élément important quand l’espace manque en conduite tout-terrain.

Tout-terrain ai-je mentionné ? Avec le cinq cylindres, le H3 ne brillait pas particulièrement au firmament des 4x4. Certes, sur une piste défoncée, il dépassait à peu près tout ce qui roule en ce bas monde, mais il était irrémédiablement éclipsé par le H2 dont les aptitudes hors route sont phénoménales. Avec ce nouveau moteur, l’Alpha peut en découdre avec son grand frère. En fait, nous avons effectué le même parcours avec les deux véhicules et nous devons avouer que nous avons préféré le H3, plus court et moins large, deux atouts en conduite tout-terrain. De plus, son châssis nous est apparu encore plus solide que sur le H2. Avant d’entreprendre notre randonnée de deux milles (3,2 km) que nous allions parcourir en deux heures trente (ça donne une idée du niveau de difficulté), les ingénieurs de Hummer dégonflent les Bridgestone All Terrain à 20 livres d’air pour assurer une meilleure traction sur les innombrables et immenses rochers que nous allons escalader. 

Aussi bien l’avouer tout de suite, le H3 nous a fortement impressionnés. Même si plusieurs connaisseurs le placent une coche sous le Jeep Wrangler (qui se débrouillerait mieux dans la boue épaisse), le H3 a gravi des rochers incroyablement imposants sans défaillir. Une seule fois, un bip nous a avisés d’une baisse de pression d’huile dans le moteur. Nous étions alors dans une pente à 80 % alors que le H3 ne peut dépasser « que » 60 % ! (En admettant qu’un mur vertical équivaille à 100 %, on imagine l’inclinaison du rocher en question. Heureusement pour le H3 et pour l’auteur de ce texte, c’est un expert engagé par Hummer qui pilotait le véhicule…) Parmi les hauts faits du H3, mentionnons qu’il peut rouler dans 24" (610 mm ) d’eau et peut franchir un obstacle vertical de 16" (407 mm). Même si le H3 peut faire des miracles sur des pistes généralement réservées aux VTT et aux serpents (nous étions dans le Nouveau-Mexique), seulement 5 % des propriétaires lui feront connaître les joies du hors route. Les autres le conduiront uniquement sur l’asphalte.

Puisque le Hummer H3 vivra sans doute toute sa vie sur la route, sachez que son comportement routier est infiniment plus civilisé que celui d’un Jeep Wrangler, par exemple. Certes, les pneus adaptés pour le hors route sont un peu bruyants et le centre de gravité élevé provoque un roulis considérable lorsqu’on exécute le moindre mouvement brusque du volant, mais on apprend vite à respecter ce gros véhicule. Tout freinage le moindrement appuyé entraîne, vous l’aurez deviné, un transfert de poids important. Dans l’habitacle, le confort surprend en dépit du manque d’espace. Les sièges possèdent un bon support, le niveau sonore, malgré les pneus, est bien maîtrisé. Pour la visibilité, par contre, on repassera... Déjà que les fenêtres sont étroites, il fallait que Hummer place la roue de secours sur la porte arrière, ce qui réduit encore la visibilité tout en alourdissant la porte. Les places arrière s’avèrent difficiles d’accès et ne sont pas particulièrement confortables. Au moins, leurs dossiers s’abaissent même s’ils ne forment pas un fond plat avec le reste du coffre. 

Comme mentionné plus tôt, le H3 est aussi disponible avec un cinq cylindres en ligne plutôt rustre de 3,7 litres et 242 chevaux, avec autant de couple. Il ne serait pas surprenant que ce moteur soit remplacé un de ces jours, parole de journaliste qui tente de jouer au devin. En plus d’une transmission automatique, on peut aussi lui associer une manuelle à cinq rapports. 

Pour sa part, le H3 Alpha sera aussi offert en livrée X, tout comme le H3 tout court. Cet ensemble, propose aux tuners des éléments de chrome, des pneus 18" montés sur des jantes en alu et quelques autres articles décoratifs. Même si les gens de chez Hummer n’ont pas confirmé l’arrivée prochaine d’un plus petit véhicule, le H4 qui viendrait jouer directement dans les plates-bandes du Jeep Wrangler, ils n’ont pas nié non plus… Bref, il sera intéressant de voir ce que deviendra Hummer d’ici quelques années.

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