Jaguar XF: Équipée pour séduire

Publié le 23 avril 2008 dans Essais par Denis Duquet

Par le passé, la direction de Jaguar s’entêtait à nous proposer des voitures dont la fiche technique était l’égale de ses concurrentes, parfois supérieure, mais dont la silhouette faisait vieux jeu. Et l’habitacle était de même mouture avec des tableaux de bord d’allure rétro comprenant des panneaux en bois exotique et des commandes pour le moins baroque. Mais c’était hier! Avec la nouvelle berline XF, le constructeur de Coventry est entré tout de go dans le 21 siècle avec une berline sport dont la silhouette, l’habitacle et les performances sont de nature à inquiéter la concurrence, même les produits germaniques tant prisés.

Ceci dit, la vente de Jaguar au géant indien Tata semble en inquiéter plusieurs. Aussi bien régler le cas tout de suite, ce changement de propriétaire ne nuira pas au constructeur indo-britannique. Au contraire. Tata possède présentement du moins des ressources financières plus généreuses que Ford et les designers et ingénieurs de jaguar rencontrés dans le cadre du lancement semblent optimistes. L’avenir viendra infirmer ou confirmer cet optimisme. Par contre, il est possible que quelques snobinards n’osent pas rouler en Jaguar-Tata. L’avenir nous le dira. Mais, pour l’instant, l’important, c’est la XF

Du style !

Une chose est certaine, si les stylistes avaient erré avec la XJ qui ressemblait comme une jumelle à sa devancière, la XF n’a rien en commun avec la S-Type qu’elle remplace, pas plus sa silhouette que son appellation. Et il est facile de conclure que ce nouveau félin est le plus élégant de la famille. Bien malin qui peut trouver des similitudes avec la XK  au chapitre du style bien que la berline soit dérivé du coupé. Les designers ont réussi à bien intégrer une ligne de toit arrière fuyante afin d’accentuer le caractère sportif tandis que la grille de calandre au motif agressif vient accentuer cette impression. Et que dire du capot dont la partie médiane bombée ajoute au caractère musclé de la voiture ? Détail intéressant, le Jaguar bondissant ou « leaper » dans le jargon de Jag est passé à l’arrière ou il garnit le rebord du couvercle du coffre. Par contre, l’équilibre des formes et  la largeur de la caisse s’équilibrent de façon fort harmonieuse afin de  conserver le caractère formel et de voiture de luxe que doivent posséder toutes les Jaguar. Et pour épicer le look, les stylistes ont fait appel à une bande arrière transversale chromée, des extracteurs d’air latéraux aux ailes avant et deux languettes chromées sous le pare-choc avant.

Mais l’amélioration la plus spectaculaire se trouve dans l’habitacle. Par le passé, les planches de bord de ce constructeur étaient inspirées des vieux clubs privés aux murs garnis de boiseries sombres et dont le mobilier privilégiait la sellerie de cuir. Cette fois, les mêmes éléments reviennent, mais leur utilisation est nettement plus moderne. Selon Ian Callum, le responsable du design chez Jaguar, cette Jag propose une plus grande surface de boiseries, mais leur répartition est nettement mieux réussie et mieux réussie. La planche de bord en aluminium brossé et des commandes de conception moderne sont fort agencées. Le bois est présent, mais c’est plus élégant et plus discret que sur la S-Type.

Jadis les champions des commandes anachroniques et énigmatiques, les responsables de la chose à Coventry ont réussi à développer un écran tactile d’utilisation simple tandis que la plupart des commandes sont assez intuitives. Il est vrai que certains éléments semblent empruntés à des appareils audio des années 80, mais c’est tout de même un pas dans la bonne direction. Et chez Jaguar, toute l’équipe est très fière du bouton de démarrage servant également au passage des rapports. Je vous en reparle plus loin.

Toute une mécanique !

En général, les Jaguar sont reconnues pour leur élégance, leur luxe, leur confort et leur comportement routier. Par contre, on oublie souvent que la mécanique de des belles britanniques n’est plus rétro. Il est vrai qu’on a commis par le passé le crime d’abus de vieille mécanique en utilisant a satiété le moteur six cylindres en ligne qui a même été utilisé pour créer le légendaire moteur V12. Mais c’était hier. Depuis plusieurs années maintenant, les Jags sont propulsées par un magnifique moteur V8 de 4,2 litres. Celui-ci est offert en deux variantes. La version atmosphérique produit 300 chevaux tandis que la version munie d’un compresseur en affiche 120 de plus. Les deux sont couplés à une boîte automatique à six rapports qui est commandée par un bouton de commande fort original. Et puisque ce moteur est utilisé depuis quelques années, les problèmes de jeunesse ont été réglés. Il semble en tout cas qu’il s’agit d’une entité qui a prouvé sa valeur au fil des années.

Pour alléger le poids non suspendu, la plupart des éléments de la suspension sont en aluminium tandis que la plate-forme est constituée d’acier très rigide dont l’alliage le rend également léger. En fait, les ingénieurs ont fait appel à plus de 25 alliages différents pour la plat-forme et la carrosserie. Par exemple, les piliers du toit sont en boron un acier ultra rigide afin d’offrir plus de solidité et de pouvoir ainsi réduire les dimensions de ces mêmes piliers afin d’améliorer la visibilité. Et pour revenir à la suspension, le modèle Supercharged est doté de série de la suspension adaptative CATS qui s’ajuste automatiquement aux conditions de la chaussée et au type de conduite en une fraction de seconde Bref, face à ses concurrentes, la nouvelle XF ne concède aucun avantage sur le plan technique et mécanique. Certains lui reprochent sa trop grande similitude avec la XK. Ils ont raison de rapprocher les deux puisque la XF est la version quatre portes du coupé.

Plaisir et inquiétude

Pas besoin de tergiverser bien longtemps, sur la route, la XF est un véhicule aussi agréable à conduire que la XK mais avec un caractère plus pratique. La tenue en virage est neutre, le feedback de la route juste ce qu’il faut tandis que la suspension est bien calibrée pour une berline sport. Les imperfections de la route sont ressenties, mais elles sont quand même bien filtrées par une suspension dont la géométrie m’a semblée efficace. La différence entre la version régulière et le modèle Supercharged en fait d’accélération est de une seconde dans le cas du 0-100 km/h et de 1,1 seconde pour le ¼ de mille, le modèle plus puissant effectuant le trajet en 13,8 secondes.

Le comportement routier et les performances du moteur permettent à cette britannique de mériter le titre de berline sport. Et soulignons que la position de conduite est bonne tandis que le support latéral des sièges avant est dans la bonne moyenne pour la catégorie. Bref, nous ne pouvons que donner un verdict positif sur cette nouvelle venue dont le prix de détail suggéré est très compétitif. Mais avant de terminer je tiens à vous faire part de mon inquiétude. Elle porte sur le mécanisme de lancement du moteur et de passages des rapports. Le tout est concentré sur la console centrale. Il suffit d’appuyer sur le bouton pour que le moteur V8 s’anime tandis que le bouton de sélection s’élève comme par magie. Et pendant que la voiture « s’anime » les buses de ventilation s’ouvrent automatiquement. En passant, pour combler les conducteurs qui veulent s’impliquer dans le passage des rapports, des palettes montées sur le volant permettent de le faire.

Chez un autre constructeur, ce bouton magique ne m’inquiéterait pas, mais de la part de Jaguar qui a eu autant de difficultés à régler des problèmes électriques  élémentaires, on est en droit de s’interroger. Par contre, chez Jag on nous assure que tout a été fait pour obtenir une fiabilité à tout casser. Devant leur enthousiasme, je les ai crus. Et vous ?

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