Estoril en Nissan GT-R

Publié le 7 mai 2008 dans Premiers contacts par Gabriel Gélinas

Estoril, Portugal- C’est l’une des sportives les plus attendues de l’histoire récente, et elle passe à l’assaut de toutes les marques établies du créneau de la performance. La Nissan GT-R est maintenant ici et la course est lancée. La lecture des spécifications techniques de la GT-R donne une idée de la détermination des ingénieurs de la marque à faire la preuve de leur savoir-faire. Un Chrono de 3,5 secondes pour le sprint de 0 à 100 kilomètres/heure et un temps de 7 minutes 38 secondes sur un tour du Nürburgring, qui est l’endroit de prédilection pour établir la hiérarchie des sportives, et où la GT-R s’est montrée plus rapide que la Corvette Z06 et la Porsche 911 Turbo. C’est donc avec un grand intérêt que je me suis sanglé au volant de la GT-R au circuit d’Estoril, qui était autrefois le site du Grand Prix du Portugal et qui est toujours utilisé pour le Championnat Moto GP, pour boucler quelques tours rapides.

Se mettre à l’aise à bord de la GT-R est très facile à faire. Il n’y a que deux commandes électriques pour ajuster la position du siège et deux leviers à manipuler pour incliner et téléscoper la colonne de direction. Et c’est là que la simplicité prend fin. La GT-R est une voiture très complexe et elle fait donc appel à un écran électronique qui peut être configuré au goût du conducteur et qui permet d’afficher plus d’information que le conducteur ne peut en utiliser lors de la conduite sportive. Plus de 11 instruments peuvent être affichés sur cet écran pour suivre les signes vitaux de la voiture, tels que pression et température des huiles du moteur et de la transmission, ainsi que la pression du turbo, l’accélération latérale en virages ou même le chronométrage d’un tour de circuit. Et l’on ne fait là qu’effleurer la surface. Avant de décoller, le conducteur doit choisir entre trois mode de fonctionnement pour la calibration des suspensions, la vitesse du passage des rapports de boîte de même que le degré d’intervention du système de contrôle électronique de la motricité. La sélection du mode « R » pour ces trois systèmes vous permet d’optimiser les réglages en fonction de l’utilisation en piste afin d’en prendre le contact, mais les plus braves peuvent également choisir de désactiver complètement le système de contrôle de la motricité pour exploiter les performances de la GT-R au maximum. Plus d’informations là-dessus un peu plus loin dans le texte.

À la sortie des puits, avec la boîte séquentielle à double embrayage à six rapports en mode manuel, le passage des vitesses se fait aussi rapidement que l’action d’une carabine semi-automatique, soit en seulement 0,18 secondes, mais surtout sans les chocs qui sont généralement associés à ce type de boîte. Voilà qui est assez surprenant compte tenu du fait que 480 chevaux sont alors livrés aux quatre roues par l’entremise de pneus Bridgestone Potenza de taille massive. En fait, la livrée de la puissance est tellement constante et linéaire que l’on n’a pas l’impression viscérale d’une accélération à tout casser, mais faites-moi confiance, ça déménage… Un autre facteur qui atténue quelque peu l’impression de vitesse est le fait que la sonorité du moteur est un peu assourdie, ce qui est typique d’un moteur turbocompressé, et ce qui nous prive du cri de guerre strident d’un moteur atmosphérique à pleine charge.

Les freins ventilés Brembo font un travail très efficace en décélération et la direction de la GT-R est juste assez lourde pour éviter que le conducteur ne donne trop d’angle au volant en entrée de courbe. Les ingénieurs de Nissan prétendent que la GT-R est capable d’atteindre un G en accélération latérale et je n’ai aucune crainte à ce sujet compte tenu de la vitesse de passage en virages de la GT-R sur le circuit d’Estoril. Après une première série de tours, j’étais prêt à pousser la voiture un peu plus et c’est à ce moment que j’ai senti un peu de sous-virage dans les courbes rapides, ce qui est le propre d’à peu près toutes les voitures de type GT comme notamment la Porsche 911 Turbo, ce qui peut être attribué au poids de la GT-R et à la répartition axée vers l’arrière de la motricité, ce qui a pour effet de pousser légèrement les roues avant de la voiture vers l’extérieur de la courbe lors de l’accélération franche en sortie de virages. Afin de rouler vraiment rapidement avec la GT-R sur circuit, il faut faire preuve de patience à l’accélération ou encore choisir la configuration retenue par Toshio Suzuki, pilote d’essai pour Nissan, qui était présent pour faire des tours de démonstration et qui m’a montré comment il règle les divers systèmes de la voiture. En bref, il choisit les réglages « R » pour obtenir la calibration la plus ferme des suspensions de même que la vitesse la plus rapide de passage des rapports de la boîte séquentielle, mais il désactive complètement le système de contrôle de la motricité. De cette façon, il peut conduire de façon plus agressive en faisant littéralement pivoter la voiture en entrée de virage par un mouvement sec sur le volant suivi d’un redressement et d’un usage de la puissance moteur, en essayant de faire glisser la voiture au travers du virage en ajustant légèrement l’angle de braquage du volant de façon à maintenir la trajectoire idéale, alors que les pneus hurlent… C’est une démonstration éloquente de la familiarité qu’il a atteinte avec la GT-R au cours de son développement.

Sur la base de mon expérience au volant de la GT-R, je peux définitivement dire que c’est l’une des sportives les plus accomplies que j’ai eu l’occasion de conduire. Elle est très rapide et elle fait la preuve de l’expertise technique de la marque, mais malgré les prouesses dont elle est capable, elle n’excite pas l’âme autant qu’un Ferrari sait le faire, et de ce côté, la GT-R est très semblable à la Porsche 911 Turbo. Les deux sont des missiles capables de performances éblouissantes mais qui font presque trop bien les choses avec un degré de précision très élevé, ce qui fait que la conduite est impressionnante mais pas transcendante. Avec un prix légèrement supérieur à 80,000 dollars, la GT-R offre un rapport performances-prix absolument démentiel et elle assure une exclusivité certaine à l’acheteur puisque seulement 150 de ces voitures ont été allouées à l’ensemble du marché canadien pour la première année et qu’elles ont toutes déjà trouvé preneur. La capacité totale de production de la GT-R tourne au rythme de 1000 exemplaires par mois et il est à espérer que plus de ces voitures trouvent le chemin du pays dans les années à venir.

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