Bentley Arnage, vive la tradition !

Publié le 7 janvier 2007 dans 2007 par Denis Duquet

Acquise en 1998 par Volkswagen, la marque Bentley était appelée à un bel avenir selon plusieurs observateurs. Jadis propriété de Rolls Royce, cette marque offrait un potentiel plus important étant donné que sa réputation était toujours reliée aux voitures victorieuses des 24 Heures du Mans dans les années trente. Les succès du spectaculaire Continental GT leur ont donné raison d’avoir conservé Bentley. Mais il y a également l’Arnage.

Alors que la Continental est dérivée de la Volkswagen Phaeton, l’Arnage possède en théorie des origines plus nobles puisqu’elle a été développée par les ingénieurs de Rolls Royce du temps où les deux compagnies ne faisaient qu’une. Il faut se rappeler que Volkswagen avait initialement acheté le groupe Rolls Royce avant de découvrir que les droits d’utilisation de la marque appartenaient à… BMW. Une entente entre gentlemen a été conclue : BMW a conservé Rolls Royce et VW est devenu propriétaire de Bentley. Et c’est l’entreprise de Wolfsburg qui a le mieux réussi car le Continental GT et le Flying Spur, lancé en 2006, ne cessent de connaître des succès de vente et d’estime.

À l’ancienne

Il est intéressant de noter que l’Arnage est une voiture qui a été développée dans la plus pure tradition des berlines de grand luxe britannique : les matériaux sont de la meilleure qualité et les voitures sont assemblées à la main par un groupe d’artisans dont le savoir-faire est transmis de génération en génération grâce à des années d’apprentissage. Il est par contre curieux de constater que cette façon de procéder ne se traduit pas nécessairement par de meilleures voitures. Leur habitacle garni des cuirs les plus fins est impressionnant, mais l’habitabilité n’est pas à la mesure des dimensions extérieures, tandis que l’ergonomie ne faisait certainement pas partie du vocabulaire des personnes qui ont dessiné et réalisé le tableau de bord. Et puisque ces voitures étaient généralement destinées à des propriétaires qui aimaient se laisser conduire, l’agrément de conduite n’est pas toujours au menu.

Heureusement pour Bentley, l’Arnage était toute nouvelle en 1998 et elle est tout de même moins rétro que ses devancières. Il faut également souligner que le modèle Azure vient tout juste d’être remplacé par l’Arnage Drophead Coupé, un curieux nom pour un cabriolet. Par contre, ce nouveau venu nous fait rapidement oublier la vétuste Azure aussi bien en raison de sa carrosserie plus moderne, que de son comportement routier moins bourgeois. D’ailleurs, cette décapotable tout comme l’Arnage T à vocation plus sportive est propulsée par un moteur V8 à double turbo d’une puissance de 450 chevaux et d’un couple de
646 lb-pied. Ces belles britanniques ont beau peser tout près de deux tonnes et demie, leurs performances ne sont pas piquées des vers alors que l’aiguille du chronomètre s’immobilise en moins de six secondes pour boucler le 0-100 km/h. Bien entendu, la consommation de carburant est à la mesure de ces chiffres avec une moyenne de 18 à 20 litres aux cent kilomètres selon la pression de votre pied droit sur l’accélérateur. Une boîte de vitesses automatique à seulement quatre rapports ne vient pas arranger les choses. Heureusement, comme écrit à la page précédente, le Continental GT et le Flying Spur ont une boîte automatique à six rapports couplée à un moteur W12.

Curieuse impression

Si l’Arnage se présente comme une grosse limousine dotée d’une silhouette on ne peut plus traditionnelle, il ne faut pas nécessairement se fier aux apparences. Si elle est capable de bien paraître dans un cortège de nobles se rendant à Buckingham Palace, cette Bentley est également capable d’en découdre sur les « Motorways » du Royaume-Uni. En plus d’accélérations impressionnantes pour une telle masse, sa vitesse de pointe atteint plus de 250 km/h sans broncher et, à cette allure, la stabilité directionnelle est sans faute. La première courbe est abordée avec appréhension puisqu’on se demande si ce mastodonte ne voudra pas continuer en ligne droite. Et c’est avec surprise qu’on se rend compte que l’Arnage a l’air empesé de l’extérieur mais possède le caractère d’une sportive. De plus, en dépit de sa masse, les distances de freinage sont surprenantes. Malgré tout, compte tenu du passé de fiabilité de toutes les anglaises, on se prend à murmurer « pourvu que ça marche », chaque fois qu’on tente de freiner à haute vitesse. Et puisque ça fonctionne à tout coup, on se souvient que cette marque est maintenant la propriété d’une compagnie allemande.

Il est difficile de se passionner pour une voiture inspirée d’un passé plus prestigieux que glorieux. Les formes d’une autre époque de l’Arnage et de la DC ont cependant de l’attrait pour un certain type d’acheteur qui aime se distinguer en jouant la carte du décorum et de la voiture à la silhouette ultra classique. Si ces deux modèles jouissent dorénavant d’une certaine popularité, c’est surtout parce que sous des atours d’une autre époque se dissimulent une mécanique moderne et un surprenant comportement routier. C’est un retour vers le passé sans être dépourvu des bienfaits d’une mécanique de pointe.

feu vert

Prestige assuré
Performances solides
Habitacle cossu
Tenue de route surprenante
Version T

feu rouge

Silhouette vieillotte
Consommation élevée
Prix hors norme
Tableau de bord rétro

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