Acura MDX, droit d'aînesse

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Denis Duquet

Pendant deux ans, la division Acura était la seule dans la famille Honda à offrir un véhicule utilitaire sport à moteur V6. L'arrivée du nouveau Honda Pilot vient modifier la donne. Mais il ne faut cependant pas commettre l'erreur de conclure que c'est un meilleur achat en se basant sur le fait que le Pilot offre la même mécanique à un prix inférieur. Il est vrai que les similitudes sont nombreuses, à partir du moteur V6 de 3,5 litres, de la transmission automatique à 5 rapports et du rouage d'entraînement intégral VTN-4.

Par contre, il existe de nombreuses différences de style, d'équipement et de réglages de la suspension. Le Pilot est intéressant en raison de son prix plus modeste, c'est vrai. Par contre, sa silhouette est plus en demi-teintes, son habitacle moins luxueux et sa tenue de route un peu moins aiguisé. Enfin, pour certains, le seul fait de posséder un véhicule commercialisé par une marque de prestige comme Acura est un argument sans appel.

Faire fi de la tradition !

Pendant des décennies, tous les véhicules de type 4X4 étaient des camionnettes modifiées avec plus ou moins de succès. Malgré les inconvénients d'une tenue de route semblable à celle d'une bille de bois, d'un confort élémentaire et d'un agrément de conduite fortement diminué, plusieurs croyaient qu'il n'y avait pas d'autre faÇon de faire. Même Mercedes a cru bon d'utiliser un châssis de type échelle dans son modèle ML, pourtant plus citadin que campagnard. L'équipe chargée de la conception du MDX a ignoré cette tradition en agenÇant de faÇon astucieuse de nombreuses composantes de la Honda Odyssey. Plusieurs ont une réaction négative lorsqu'ils apprennent que c'est une fourgonnette qui a servi de point de départ au MDX. Ils s'imaginent que ce n'est pas suffisamment robuste pour répondre aux besoins d'un tout-terrain. Pourtant, ce dernier est généralement moins chargé et les exigences de la conduite hors route portent davantage sur l'importance de la garde au sol que de la rigidité du châssis. Cet emprunt a permis de concevoir un VUS doté d'une suspension indépendante aux quatre roues qui assure un comportement routier supérieur à la moyenne de la catégorie. Ce faisant, Acura vient jouer dans les plates-bandes du Lexus RX 300, lui aussi doté d'une suspension similaire et dont la tenue de route ne s'apparente nullement à celle d'une camionnette.

Noblesse oblige

Comme chez toute marque de luxe qui se respecte, l'habitacle du MDX est cossu. Vous y retrouvez donc les incontournables attributs du luxe que sont les appliques de bois, les moquettes épaisses, les lampes de lecture, un toit ouvrant, le réglage des sièges par commandes électriques et la liste s'éternise. Force est d'admettre que c'est réussi. On se croirait quasiment dans un véhicule d'origine allemande. Le côté gadget des véhicules nippons est représenté par un écran à affichage par cristaux liquides placé au centre de la planche de bord. Aux États-Unis, il est l'élément clé du système de navigation électronique. Au Canada, il sert à transmettre les données de l'ordinateur de bord, de la boussole et d'un économètre. Cet écran est véritablement un gadget. De plus, en plein soleil, il est pratiquement impossible de le consulter. Contrairement au Pilot dont le levier de vitesses est situé sur la colonne de direction, celui du MDX est au centre de la console montée sur le plancher. Et les deux années de réflexion accordées aux ingénieurs du Pilot leur ont permis de concevoir des commandes de climatisation plus simples et plus faciles d'accès que celles de l'Acura.

Sept personnes peuvent prendre place à bord. Si le confort est adéquat à l'avant et moyen au centre, il est minimaliste à l'arrière. Ces deux places sont destinées aux enfants. Il faut d'ailleurs une bonne dose de souplesse pour y accéder. Les coussins sont faiblement rembourrés et l'assise trop basse pour des adultes.

Tel que promis ?

Avec sa suspension arrière indépendante, son moteur V6 3,5 litres de 260 chevaux et des freins à disque aux quatre roues, la fiche technique de cet Acura ressemble à celle d'une berline intermédiaire. Et la compagnie nous promet un comportement routier presque semblable à celui d'une automobile. En fait, cette promesse est à moitié tenue. Il est vrai que le MDX est capable d'enchaîner les virages sans coup férir, que les tressautements de la suspension sont inexistants et que la consommation de carburant est agréablement faible pour la cylindrée. Bref, il se démarque des autres VUS dérivés de camionnettes. Mais de là à le comparer avec une automobile, il y a une marge.

En premier lieu, la suspension passablement ferme ne fait pas bon ménage avec les mauvaises routes, pas plus que les pneus de 17 pouces. En second lieu, même si la suspension est bien réglée et le châssis efficace, le centre de gravité est quand même plus élevé que celui d'une auto, vocation hors route oblige. De plus, pour un véhicule de luxe, l'insonorisation est insuffisante : les bruits de roulement s'infiltrent dans l'habitacle.

Même si l'accent est mis sur le comportement routier, le MDX surprend agréablement en conduite tout-terrain. La garde au sol est adéquate pour la plupart des obstacles, la largeur du véhicule assure une bonne stabilité et le système de transmission intégrale permet de transférer rapidement le couple aux roues arrière au besoin. De plus, le fait de pouvoir verrouiller le différentiel arrière en certaines circonstances est un autre avantage. Dernier détail, la capacité de remorquage est de 2 040 kg. Pas mal pour une fourgonnette aménagée en VUS de luxe.

Autant d'arguments qui militent en faveur de cet Acura à tout faire qui demeure toujours sans conteste l'une des références dans sa catégorie.

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