Audi TT, art moderne

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Le Guide de l'auto

Dérivée du concept dévoilé en 1995, l'Audi TT a fait couler beaucoup d'encre depuis son lancement et les avis demeurent partagés quant à sa silhouette de coccinelle aplatie. Résistera-t-elle à l'épreuve du temps ? P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non. Mais une chose est certaine : la TT ne passe pas inaperÇue et son mélange de modernisme et de touches rétro a marqué le design automobile de la fin du xxe siècle et inspiré plus d'un designer.

ConÇus pour rehausser l'image sportive d'Audi, le coupé et le roadster TT (Tourist Trophy, célèbre course contre la montre qui se déroule dans les rues de l'île de Man, dans la mer d'Irlande) reprennent la plate-forme de la New Beetle, ainsi que les trains roulants, les moteurs (4 cylindres 1,8 litre turbo de 180 et 225 chevaux) et les deux transmissions (traction avant ou intégrale).

La ligne extérieure surprend et fait tourner les têtes, notamment en ce qui concerne la vue de profil marquée par le petit pare-brise très incliné, les passages de roues proéminents meublés par les superbes jantes style Bugatti et par la ligne fuyante de la lunette arrière qui se marie avec grâce à l'arrière très arrondi. En somme, un design dominé par le cercle, symbole de la marque Audi. Si le dessin massif de l'avant laisse indifférent (calandre redessinée pour 2003), on ne peut qu'admirer la beauté esthétique de la vue 3/4 arrière, marquée par le superbe couvercle en aluminium brossé du bouchon du réservoir d'essence.

Même beauté esthétique à l'intérieur où se mêlent cuirs de bonne qualité et aluminium brossé rappelant les belles d'autrefois. Le magnifique volant à trois branches, les montants métal-cuir de la console centrale, le couvercle en alu qui cache la radio, les cercles métalliques des aérateurs, le repose-pied et les pédales revêtues d'aluminium ; tout est là pour le plaisir des yeux.

Claustrophobes et familles, s'abstenir

Première réaction du conducteur confortablement calé dans le baquet garni de cuir : la faible hauteur du pare-brise qui accentue l'impression d'être assis dans un ?uf. Claustrophobes, s'abstenir ! Deuxième constat immédiat : l'absence d'espace à l'arrière, même pour des enfants. Familles, s'abstenir ! En somme, un coupé deux portes pour amateurs d'objets d'art et de belle mécanique. Parlant de mécanique, notre TT d'essai était dotée de l'extraordinaire 4 cylindres 1,8 litre turbo à 20 soupapes. Extraordinaire, d'abord, car aucun autre moteur au monde n'équipe autant de modèles différents (une quinzaine). Extraordinaire aussi, car il développe 225 chevaux, puissance remarquable pour une telle cylindrée (comparez par exemple aux 140 chevaux du 1,8 litre de la Mazda Miata).

Parmi les autres qualités de ce moteur, une belle souplesse et une consommation raisonnable en conduite « normale ». Mais il y a un hic que l'on peut résumer en répétant les paroles de Jacques Duval : « Une demi-heure plus tard dans les Maritimes ! » De quoi s'agit-il ? De l'infâme « turbo lag », le retard dans la réaction du turbo. Autrement dit : vous pesez sur l'accélérateur et, pendant quelques fractions de secondes, on dirait que vous disposez d'un banal petit 4 cylindres. Puis, brutalement, la puissance arrive en vrac, surprenant le conducteur et soumettant le passager à des mouvements de va-et-vient qui finissent par agacer. Il faut donc réapprendre à doser l'accélérateur, sinon l'agrément de conduite en souffre, d'autant plus que la suspension plutôt sèche se plaît à vous secouer allègrement sur nos belles routes de billard.

Certains diront que c'est le prix à payer pour des performances hors du commun (0 à 100 km/h en 6,2 secondes) et pour une tenue de route? époustouflante. « Scotchée à la route », tel est le commentaire que je me plais à répéter. Chaussée de redoutables pneus taille basse de 17 pouces, notre TT se moque des virages avec une désinvolture presque magique. Au point où vous risquez de forcer un peu trop la dose sur des chemins qui sont quand même publics. Tout aussi à la hauteur, les freins à disque aux quatre roues, doublés de l'ABS et de l'antidérapage, sans oublier la superbe transmission intégrale signée Audi. En somme, une voiture offrant une sécurité active de très haut niveau, mais ? car il y a un mais ? qu'il ne faut pas placer entre toutes les mains, justement à cause des 225 chevaux qui sortent tous en même temps de l'écurie. Heureux propriétaires de l'Audi TT, prenez donc le temps de faire connaissance avec votre monture. Rappelons aussi qu'à très haute vitesse, l'arrière a tendance à s'alléger, ce qui explique la présence depuis 1999 du petit béquet sur le coffre arrière et des modifications apportées aux suspensions, à la suite des quelques sorties de route spectaculaires ? et retentissantes ? qui ont nui à la renommée de la TT en Europe. Autres points susceptibles d'amélioration : le bruit de vent excessif sur autoroute, provenant notamment de l'arrière, et une mauvaise visibilité latérale.

Un roadster qui décoiffe

La gamme TT compte aussi le roadster doté d'un châssis rigidifié et coiffé de deux arceaux de protection en aluminium qui lui assurent une ligne exclusive. Le roadster est livrable en version 180 chevaux, traction et 225 chevaux, intégrale, tandis que le coupé peut être commandé en trois versions : traction (180 chevaux, 5 rapports) et transmission intégrale (180 chevaux, 5 rapports ou 225 chevaux, 6 rapports). Dès le début de 2003, les versions traction 180 chevaux du coupé et du roadster seront livrables avec une boîte automatique à 6 rapports et Audi prévoit des roues de 18 pouces pour les modèles à 225 chevaux. En outre, toutes les TT reÇoivent le système antidérapage (ESP), la climatisation automatique et un nouveau système audio avec lecteur de CD au tableau de bord.

Pour conclure, une question. Paieriez-vous entre 50 000 et 60 000 $ pour une Golf ou une New Beetle vitaminée et enjolivée ? « Oui », répondront ceux pour qui l'exclusivité n'a de prix. « Vous voulez rire ? » diront les autres.

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