Cadillac Deville, la pionnière

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Denis Duquet

Avec l'arrivée de la spectaculaire CTS et les succès des véhicules utilitaires sport Escalade et EXT arborant l'écusson Cadillac, il est certain que cette division est en voie de retrouver son prestige d'antan. Et pour mettre les choses en perspective, soulignons que la DeVille a été la première à sonner la charge de ce retour lors de sa révision en profondeur en 2001. Elle proposait alors les éléments qui allaient s'intégrer dans les autres modèles à venir et confirmer aux responsables de la division qu'ils avaient pris les bonnes décisions.

Jadis d'un désolant manque de personnalité, la silhouette de la DeVille 2001 a été la première à mettre l'accent sur les angles plus aigus, les phares avant proéminents et les imposants feux arrière verticaux. De plus, son nez plutôt épaté lui confère un air plutôt agressif. Bref, qu'on soit d'accord ou pas avec cette approche esthétique, il est sûr que la DeVille est plus qu'une autre grosse voiture américaine empreinte de banalité. Elle a de la présence sur la route et ses caractéristiques visuelles ont tellement plu qu'elles ont été amplifiées sur la CTS.

Certains lui reprochent quand même un certain manque de définition des éléments visuels. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que la DeVille est la Cadillac qui se vend le plus et que sa clientèle a toujours été assez conservatrice. Il ne fallait pas l'effrayer avec une présentation trop radicale. Le même choix a été fait dans l'habitacle où la planche de bord est très sobre. Mais, à défaut d'être original, ce tableau de bord est facile à consulter et on y trouve les commandes de faÇon très intuitive. Contrairement à ce qui est le cas dans certaines européennes parfois trop sophistiquées, pas besoin de potasser le manuel du propriétaire pendant des jours pour s'y retrouver.

Version nocturne

Cette berline aux allures assez bourgeoises continue d'être le seul véhicule de tourisme à offrir un système de « vision nocturne » qui permet de voir en pleine obscurité. Un faisceau à rayons infrarouges scrute l'avant de la voiture et projette sur un écran tête haute ce que l'?il ne peut voir dans la nuit. Il est alors possible de détecter à l'avance la présence d'humains, d'animaux et même de véhicules en marche plusieurs secondes avant que nos yeux les perÇoivent. Par contre, il faut avouer que cet accessoire nécessite un certain temps pour s'y habituer. En effet, il est tentant de toujours consulter cet écran en noir et blanc projeté juste au bout du capot et de ne pas regarder la route elle-même !

Du punch !

Il ne faut pas se laisser influencer par la taille et l'apparence de cette grosse Caddy. Sous ses airs de bourgeoise se cache une voiture capable d'une tenue de route et de performances assez impressionnantes. D'ailleurs, plusieurs amateurs de berlines de luxe importées ont eu la surprise de leur vie lorsqu'ils ont piloté la DeVille et voulu en connaître les limites. Celles-ci sont très élevées. D'ailleurs, un enthousiaste des voitures allemandes est sorti de son essai de la DeVille en avouant : « Ça c'est du char ! »

Il faut préciser qu'il a piloté la DTS, le modèle le plus performant et le plus affûté en fait de tenue de route. Il se démarque des modèles de base et DHS par son moteur Northstar L37 d'une puissance de 300 chevaux, soit 25 de plus que ce que produit la version LD8 de ce même V8 de 4,6 litres. Pour tirer un meilleur parti de cette puissance accrue, la DTS roule sur des pneus de 17 pouces en plus d'être dotée d'un réglage plus sportif de la suspension. Celle-ci est à commande électronique et à réglage continuellement variable. Si les premières générations de ces amortisseurs contrôlés par ordinateur étaient décevantes, force est d'admettre que Cadillac maîtrise bien le sujet. En dépit de son gabarit et de son poids, la DTS ne perd jamais son aplomb : les changements de direction sont bien contrôlés, le roulis très raisonnable et la tenue en virage très neutre. Plusieurs par contre n'apprécient pas tellement la direction à assistance variable Magnasteer à commande électronique qui leur semble trop artificielle lorsqu'on passe de vitesse moyenne à haute vitesse. En passant, la Lexus LS 430 n'est pas mieux servie à ce chapitre.

Une précision s'impose toutefois. Malgré les qualités de son châssis et de son moteur, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une grosse berline de 2 tonnes et de 21 cm plus long qu'un Escalade. Les performances dynamiques de la DeVille sont donc limitées par les simples lois de la physique et les pneus sont très sollicités en virage, d'autant plus qu'il s'agit d'une traction. Attendez-vous à remplacer les pneus très souvent si vous voulez piloter cette limousine comme un coupé sport. Un détail en passant : la prochaine génération de ce modèle devrait être une propulsion. Voilà qui risque d'être intéressant.

Il ne faut pas croire non plus que les versions de base et DHS ne sont pas dignes de mention. Leur tenue de route est moins au point et leurs accélérations et reprises moins percutantes, mais le fait demeure que ces deux modèles font une bouchée de la Lincoln Town Car à tous les points de vue. Le comportement routier est réglé davantage sur le confort, mais le résultat est acceptable quand même. De plus, l'habitabilité est supérieure à la moyenne et les sièges confortables même si le support latéral des sièges baquets avant laisse à désirer.

Reste à Cadillac à améliorer une fiabilité incertaine pour convaincre la majorité que la DeVille est la Cadillac des grosses berlines.

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