Chevrolet Malibu, alerte à la Malibu!

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Le Guide de l'auto

O.K., je l'admets, c'est un jeu de mot facile. D'ailleurs, la Chevrolet Malibu n'a strictement aucun rapport avec les babes à maillot rouge, ni avec les surfeurs bien baraqués qui ont fait le succès de l'émission Alerte à Malibu.

Non, s'il y a un point commun, outre leur nom, entre la voiture et la série télé, c'est du côté de leur longévité respective qu'il faut le chercher. Et cette année encore, il semble bien que l'un et l'autre ne nous offrent que du réchauffé à se mettre sous la dent.

Fidèle à la légende

Pour vous dire, le Mitch de la Chevrolet Malibu, un V6 de 3,1 litres, est si vieux qu'il n'est pas loin d'avoir écumé les plages à l'époque où les maillots s'étendaient du cou jusqu'aux chevilles. C'était bien avant que les beach bums ne se mettent aux stéroïdes, comme en font foi les 170 chevaux que les ingénieurs extirpent de peine et de misère de son vieux bloc en fonte. Si l'on vous dit que ses capacités de remorquage sont faibles, vous aurez deviné qu'il ne faut pas compter sur lui pour jouer les maîtres nageurs. D'ailleurs, ses hurlements risqueraient de faire peur aux poissons. Par contre, il s'exprime posément lorsqu'il n'est pas bousculé dans son petit train-train, il a assez de souffle pour rendre les dépassements sécuritaires, il est fiable, et il consomme raisonnablement, de quoi faire craquer un certain type de belle-mère ! En aval, une boîte automatique bien adaptée transmet son énergie au train avant sans qu'on trouve à redire.

La Malibu possède un châssis dont la rigidité laisse amplement de latitude au peaufinage des suspensions. Celles-ci dispensent un confort correct, tout en favorisant un sain comportement routier qui exclut la notion de performance. Les mouvements de caisse sont assez bien contrôlés, et les amortisseurs réussissent généralement à garder les pneus en contact avec la route. De toute faÇon, les cris de ces derniers ramènent vite à la raison dès qu'on pousse un peu trop en virage. La direction s'avère quant à elle assez précise et rapide, mais elle ne renseigne guère sur l'état de la chaussée. Pour le reste, oubliez les antipatinages et autres assistances à la traction, la Malibu préfère bouder les développements technologiques et rester fidèle à un passé légendaire ! Cette année, on peut même parler de régression, puisque, comme pour d'autres produits GM (et, soyons justes, chez d'autres manufacturiers également), l'ABS n'est plus livré de série dans la version de base. Ce n'est rien pour rendre plus sûr un véhicule dont la sécurité était déjà perfectible, comme en témoignent les résultats de ses tests de collision. Quoi qu'il en soit, pour en revenir au freinage, le tandem disque/tambour satisfait tout de même dans l'ensemble, pourvu qu'on se garde d'en faire un usage intensif. Peut-être que de meilleurs pneus?

Modeste mais accueillante

« Élégance sans prétention », clame la publicité, en parlant des lignes de la Malibu. Comme ces choses-là sont joliment dites, encore que le mot « élégance » paraisse immodéré pour décrire des formes impersonnelles qui puisent leur inspiration dans un passé révolu. Qu'on se le dise, même les carrosseries des japonaises, à l'origine dans son collimateur, évoluent ! Les dessinateurs n'en n'ont sans doute pas moins gagné leur pari, puisque les formes inoffensives de la Malibu lui valent une indifférence qui conforte dans ses choix une clientèle ne demandant pas mieux que de se fondre dans la multitude. Rien ne vient semblablement justifier, cependant, le laisser-aller que semble suggérer le montage imprécis des éléments de la carrosserie.

Cette « compacte grand format » qui se décline en version de base ou LS surprend par son habitabilité. Le coffre est l'un des plus spacieux de sa catégorie, et sa large découpe favorise le transport d'objets encombrants. Il s'agrandit par le rabat du dossier de la banquette en tout ou en partie. Celle-ci permet à deux adultes de voyager à leur aise grâce au bon dégagement laissé aux jambes, et accommode une 3e personne (pas trop geignarde), si besoin est. Les rembourrages des fauteuils, particulièrement des baquets, sont typiquement américains, c'est-à-dire moelleux et sans soutien latéral. Dans la LS, celui du conducteur offre des réglages électriques en six sens. Les intrusions sonores de l'extérieur sont bien contrées, les cliquetis et grincements se font rares (du moins dans le véhicule à l'essai), bref, toutes les conditions sont réunies pour que les occupants fassent une promenade agréable. L'environnement ? et les matériaux qui le composent ? n'est peut-être pas très recherché, mais sa cohésion en termes d'apparence et d'ergonomie le rend parfaitement viable.

L'équipement de série du modèle de base est ? modestement ? comparable à ce qu'on propose ailleurs : climatisation, condamnation centrale des portières, antivol PASSLock, radio avec lecteur CD, et bien sûr la boîte automatique que l'on retrouve souvent en option chez ses rivales asiatiques. La version LS ajoute de meilleurs tissus, les roues en alliage, le régulateur de vitesse, le verrouillage à distance, les glaces et les rétroviseurs électriques, bref, du luxe sans ostentation. Il ne reste d'options que la sellerie en cuir, le toit ouvrant et l'aileron arrière, mais considérant la vocation « socio-écono-pratico-pratique » de ce véhicule, on peut se demander s'il s'agit là d'un choix conséquent.

Comme celles qui l'ont précédée, cette Malibu réunit en un tout homogène des vertus satisfaisantes d'habitabilité, de compétence et de fiabilité. Après avoir eu dans sa mire des japonaises qui semblent aujourd'hui hors de portée, la Malibu doit maintenant se méfier des coréennes qui emplissent un peu plus chaque année le champ de ses rétroviseurs. Heureusement, elle s'apprête à faire peau neuve en deux versions: une berline, et une familiale à empattement allongé qui recevrait le nom de «MAX». Il est grand temps...

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