Hyundai Sonata, une certaine petite roche...

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Alain Morin

« Ce n'est pas la montagne qui arrête l'alpiniste. C'est plutôt la petite roche dans son soulier? » dit un proverbe. Il faut admettre que lorsque Hyundai a dévoilé sa première Sonata en 1989, la concurrence s'est contentée de donner un coup de pied sur le caillou. Entre une Honda Accord et une Sonata de l'époque, le choix n'était pas bien difficile ! Maintenant, le caillou commence à déranger?

Tout d'abord, admettons que la Sonata est fort jolie, ce qui ne manque pas d'impressionner dans une salle de montre. Ses phares à la Mercedes, sa partie arrière imitant Jaguar et l'équilibre de l'ensemble en font une voiture qui donne plutôt dans le haut de gamme. Par exemple, les feux arrière, la nuit venue, ressemblent à des feux d'artifice ou à des fontaines de lumière selon l'humeur poétique du moment ! Les poignées des portières sont particulièrement massives et semblent très solides, un détail qui entraîne assurément un impact psychologique chez l'acheteur potentiel.

Une fois les portières ouvertes, on se retrouve devant un intérieur plus banal mais qui inspire néanmoins le luxe. Remarquez que je n'ai pas écrit « respire » le luxe, mais bien « inspire », toute une nuance ! La position de conduite se trouve facilement, gracieuseté d'un siège aux réglages électriques. Tous les instruments et cadrans se trouvent là où l'on s'attend à les trouver et seule la radio, avec ses minuscules boutons, détonne. Heureusement, au moment où vous lirez ces lignes, un nouvel appareil, infiniment moins complexe, aura pris place au tableau de bord des Sonata 2003.

C'est pas beau mentir?

La Hyundai Sonata se présente en 3 versions : GL, GLV6 et GLX. La GL a droit à un 4 cylindres en ligne à double arbre à cames en tête de 2,4 litres. Malgré une puissance modeste de 138 chevaux en regard d'un poids de 1 476 kilos, les performances ne laissent pas trop à désirer grâce à un couple de 147 lb-pi disponible à 3 000 tr/min seulement. La GL roule sur des pneus de 15 pouces tandis que le freinage est assuré par des disques à l'avant et des tambours à l'arrière. Compte tenu des réticences émises plus loin sur les capacités de ralentissement de la Sonata, je doute beaucoup de leur efficacité. Au moins, l'équipement de base s'avère fort relevé et même la plus prolétaire des Sonata a droit à la transmission automatique à 4 rapports avec mode manuel Shiftronic, au climatiseur, au régulateur de vitesse, aux glaces et rétroviseurs électriques et à bien d'autres bonbons.

La version GLV6 reÇoit quelques atouts supplémentaires dont un moteur V6 (vous l'auriez deviné !) de 2,7 litres développant 170 chevaux et un couple de 181 lb-pi à 4 000 tr/min. Si vous avez déjà lu des chiffres plus élevés dans différentes publicités, non, vous n'avez pas la berlue. Hyundai s'était « trompée » ! Des freins à disque aux quatre coins cachés par des roues de 16 pouces et des jantes en alliage d'aluminium ainsi que des phares antibrouillards complètent le tout. Enfin, la GLX offre tous les attraits de la GLV6 avec, en plus, divers éléments de luxe et, ô bonheur suprême, des freins à disque aux quatre roues avec ABS désormais offerts en équipement de série.

Douce platitude

Sur la route, nous avons affaire à une berline calme pour ne pas dire plate. Dans la Sonata GLX essayée, le silence de roulement étonnait et n'eût été que de quelques bruits de vent et de la ceinture du passager qui, lorsqu'elle était inutilisée, cognait allègrement sur le pilier central au moindre virage à gauche, la note aurait été encore plus élevée. Parlant de virage à gauche, signalons que la Sonata peut aussi tourner vers la droite au moyen d'une direction bien dosée quoique un peu floue au centre. Au châssis solide de sa Sonata, Hyundai a accroché des suspensions indépendantes calibrées confort plutôt que sport. Lorsqu'on la pousse à ses limites en virage, on sent que l'avant ne désire pas tourner. Comme mon ado lorsqu'il se voit OBLIGÉ par ses ingrats de parents de sortir les poubelles, la voiture finit toujours par obéir mais pas avant de s'être avachie en maugréant. L'un s'écrase sur un sofa, l'autre sur sa suspension ! Tant qu'à être dans le mobilier, mentionnons que les sièges de la Sonata manquent vraiment de support latéral. Il faut cependant avouer que ses réactions en courbe sont beaucoup mieux maîtrisées que celles de la Magentis, la cousine presque jumelle de chez Kia.

Côté moteur, le V6 de 2,7 litres bon pour 170 chevaux ne procure pas d'accélérations atomiques, mais on peut réussir le 0-100 km/h en 9,2 secondes et les reprises 80-120 km/h en 6,8. Ce qui n'impressionnera pas beaucoup les propriétaires de Porsche mais qui est amplement suffisant pour une utilisation sécuritaire et agréable. Les quatre freins à disque (sans ABS) bloquent aussi rapidement qu'ils s'échauffent. Donc pas de folies à faire de ce côté.

En fait, la seule fois où j'ai laissé échapper des gros mots envers la Sonata, c'est au moment de faire le plein d'essence. Après le premier déclic du bec verseur, il faut cesser immédiatement de verser sinon la moindre goutte supplémentaire débordera. Ce détail a été confirmé par un pompiste et, à son avis, aucune autre voiture n'est aussi capricieuse à ce chapitre.

Si vous n'avez pas conduit de produit Hyundai depuis la Stellar, il commencerait à être temps de vous refaire une idée sur cette compagnie coréenne. Certes, les Sonata ne possèdent pas le même raffinement ni la même fiabilité ni la même valeur de revente que leurs rivales nippones, mais elles sont maintenant presque collées à leur pare-chocs arrière. Et elles affichent une gueule que leurs rivales n'ont pas !

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