Hyundai XG350, des progrès marqués
L'arrivée de la XG300 sur notre marché en 2001 s'est effectuée dans la plus grande discrétion. La compagnie semblait mal à l'aise de nous présenter cette berline intermédiaire qui était presque une voiture de luxe. Après tout, les mots Hyundai et luxe n'avaient jamais été associés auparavant. Cette timidité a même poussé la direction à ne pas lancer cette voiture sous son vrai nom. Sur le marché coréen, elle est connue comme étant la « Grandeur XG ». En Amérique, on a sagement décidé de laisser tomber le terme « Grandeur » et cette voiture est devenue la XG300 avant de se convertir en XG350 l'an dernier.
Cette décision s'explique facilement. Avec une appellation aussi grandiloquente pour une berline aux formes inspirées des limousines britanniques d'autrefois, les loustics se seraient payé de jolis calembours. Cette silhouette est toujours hors normes, mais il s'en dégage un petit look rétro qui lui confie des airs de voiture de cadre intermédiaire.
Mais l'élément le plus important à souligner est la progression réalisée au cours des 24 derniers mois en ce qui concerne la qualité de finition et d'assemblage. Dans le jargon du métier, Ça s'appelle des « changements en cours de production » ou running changes pour avoir le mot juste. Sans que le constructeur l'annonce, la qualité des matériaux s'améliore, l'assemblage se fait plus sérieux et plusieurs éléments mécaniques sont l'objet de multiples révisions. Il semble donc que la XG350 n'a pas uniquement reÇu un nouveau moteur en 2002.
Je me souviens très bien de ma première prise de contact avec la XG300 à l'automne 2001. La tristesse de la présentation intérieure et le caractère très artificiel des appliques de bois sur la planche de bord étaient pathétiques. Ajoutez à cela une boîte de vitesses automatique hésitante à froid et une suspension qui nous dévoilait ses limites à la première courbe prise à une allure un peu rapide. Bref, c'était une voiture qui voulait jouer les berlines huppées sans en avoir ni les qualités ni la capacité.
La situation a heureusement changé depuis ce temps. La silhouette demeure toujours aussi rococo, mais certains apprécient ce profil d'exception. Par contre, tel que mentionné précédemment, l'habitacle s'est beaucoup amélioré. On note de petits détails comme la qualité des plastiques, des portières qui ferment mieux, des sièges un peu plus fermes, bref une meilleure exécution que précédemment. On n'atteint pas le niveau de qualité d'une Mercedes, mais c'est quand même joliment bien ficelé pour une voiture de ce prix.
Pour réussir à se faire considérer comme une automobile de catégorie supérieure, la XG350 ne lésine pas sur les moyens pour nous séduire. Sellerie en cuir, débauche d'appliques en bois sur la console, transmission automatique 5 rapports avec possibilité de passage des vitesses en mode manuel, freins à disque aux quatre roues, système antipatinage, suspension indépendante aux quatre roues et j'en passe. Il ne faut pas oublier non plus le moteur V6 3,5 litres d'une puissance de 194 chevaux même si c'est un peu faiblard compte tenu de la cylindrée. À titre de comparaison, la Nissan Maxima est équipée d'un moteur de cylindrée identique qui développe 61 chevaux de plus.
Grâce à une bonne habitabilité et à des sièges confortables, conducteur et passagers n'auront pas à se plaindre au cours de longs trajets. La ventilation et le chauffage sont efficaces et la chaîne audio d'une sonorité acceptable. Reste à savoir si ce plumage de luxe au premier degré est soutenu par un comportement routier acceptable.
« Béhème » coréenne ?
Si vous rêvez d'aller inquiéter les conducteurs de BMW ou de Mercedes avec votre coréenne endimanchée, vous allez rapidement perdre vos illusions. La XG350 offre les prétentions et la fiche technique de la catégorie, mais les prestations de véhicules de prix et de calibre inférieurs. Elle devra même s'incliner devant une Camry V6, une Nissan Maxima et plusieurs autres modèles similaires.
Il ne faut pas en conclure pour autant que ce modèle soit fortement déficient en fait de comportement routier. C'est tout simplement que la XG350 se débrouille honnêtement en conduite de tous les jours, mais ne peut s'imposer lorsque les vitesses augmentent. La suspension est confortable la plupart du temps et vous apprécierez l'insonorisation et la douceur du moteur lorsque vous circulerez sur la grand-route.
Mais dès que vous piloterez avec un peu plus de fougue, la voiture va rapidement dévoiler les défauts de sa cuirasse. À l'accélération, un effet de couple dans le volant se manifeste tout d'abord à droite pour ensuite se déplacer vers la roue gauche. C'est facile à contrôler, mais il faut être conscient du phénomène en conduite hivernale. Soulignons au passage que le système antipatinage est à l'égal du reste de la mécanique.
Compte tenu du rapport poids/puissance de cette berline, les 9 secondes nécessaires pour boucler le 0-100 km/h figurent dans la bonne moyenne. Une boîte automatique répondant avec un peu plus d'empressement permettrait de grignoter quelques dixièmes. L'utilisation du mode manuel ne fait que souligner davantage le « temps de réponse » de la boîte. Ce qui est sans doute une qualité compte tenu que la suspension s'affaisse dès la négociation du premier virage serré tandis que le fait de rouler à une certaine vitesse sur une route bosselée se traduit par un tangage persistant. Et si jamais vous devez freiner d'urgence, sachez que la pédale est spongieuse et la distance d'immobilisation plus longue que la moyenne.
Pour apprécier la XG350 à sa juste valeur, il faut tenir compte de son prix de vente, de son équipement complet, du confort de l'habitacle et de la souplesse de sa suspension. Elle plaira donc davantage aux amateurs de voitures américaines pour qui ces qualités priment. Les purs et durs de la conduite sportive devront aller voir ailleurs.