Jeep TJ, chouette, la bouette!
Voici une statistique qui en dit long : la moitié des acheteurs de Jeep TJ s'aventurent hors des sentiers battus, terrain sur lequel aucun de ses prétendus rivaux ne lui arrive à la jante ! Et les chances sont bonnes qu'ils seront encore plus nombreux à prendre la clé des champs cette année avec la mise en marché de la livrée Rubicon. Cette dernière connaîtra toutefois une diffusion plutôt limitée puisque seulement 8 000 exemplaires seront produits au cours de la prochaine année. Qu'est-ce qui distingue la Rubicon des trois autres ? Son prix, bien sûr, mais surtout ses nombreux accessoires qui lui permettent de poser ses roues dans les sentiers les plus impraticables qui soient. Pour réaliser pareil exploit, la Rubicon est dotée en exclusivité d'une boîte de transfert renforcée, d'une paire de différentiels autobloquants, de pneumatiques aux semelles pleines de dents, de freins à disque aux quatre roues et d'essieux ultrarobustes. Il va de soi que la Rubicon s'adresse strictement à ceux pour qui « la bouette, c'est chouette ».
Outre l'ajout d'une nouvelle version (les SE, Sport et Sahara demeurent inscrites au catalogue), les transformations apportées pour 2003 consistent en : une nouvelle transmission automatique à 4 rapports, 25 chevaux de plus pour le 4 cylindres de 2,5 litres (oui, Ça en fait maintenant 150), un arbre de transmission plus robuste et une nouvelle palette de couleurs susceptible de faire rougir un paon.
Un catalogue bourré d'options
L'amateur trouvera normal que presque tous les accessoires du TJ figurent sur la liste des options. Et elle est longue, cette liste, de sorte que le prix de la version de base se gonfle rapidement de plusieurs milliers de dollars lorsqu'on désire l'habiller convenablement. Des exemples ? En voici deux qui feront l'affaire : la colonne de direction inclinable (Sport) et la banquette arrière (SE). Au sujet de cette dernière, mentionnons qu'elle peut accueillir deux personnes sur de brefs parcours (attention de ne pas vous cogner la tête sur l'arceau de sécurité cependant). On replie pour accroître la capacité de chargement, autrement ridicule. À l'avant, on prend ses aises à condition de fermer les yeux sur le faible soutien offert par le coussin de siège, qui oblige pratiquement à conduire sur la pointe des fesses.
Autrefois trop éparpillés pour être tous lisibles, les instruments de bord se regroupent désormais à l'intérieur d'une nacelle, plus facile à déménager à droite lorsqu'il s'agit d'exporter le TJ en Asie. L'instrumentation est complète et les principales commandes logent à proximité du conducteur. Quant au toit souple, il se découvre toujours aussi difficilement et sa manipulation exige toujours un certain doigté. Alors, si vous êtes impatient, mieux vaut vous offrir le toit rigide (oui, une autre option) qui a l'avantage d'être doté d'une lunette en verre, d'un dégivreur et d'un essuie-glace. Là n'est pas la seule qualité de ce couvre-chef qui non seulement est mieux adapté à nos saisons mais permet d'abaisser le niveau sonore de la cabine.
La brousse avant la ville
Avant de se mettre au volant du TJ, il faut laisser ses préjugés au placard et donner un tant soit peu de crédibilité aux concepteurs de ce Jeep qui prétendent l'avoir « civilisé ». La suspension adopte, on le sait, des ressorts hélicoïdaux, nettement plus confortables que les ressorts à lames qui portaient jadis le véhicule au-dessus de la route. On se retrouve donc en présence d'un utilitaire plus stable et surtout plus douillet sur chaussée revêtue, mais qui demeure malgré tout « nerveux » au passage des trous et des bosses. Voilà une bonne raison de lever le pied. Il vous en faut une seconde ? La voici : le freinage n'est pas un modèle d'efficacité, surtout lorsqu'il est dépourvu de l'ABS (en option bien sûr).
Et pour refroidir encore davantage celui qui se trouve aux commandes, la direction, toujours à billes, demeure floue et imprécise ce qui, sur les voies rapides, nécessite de fréquentes corrections de trajectoires. En ville, l'empattement ultracourt du TJ conjugué à son diamètre de braquage qui l'est tout autant en fera un complice amusant et agile. Mince consolation.
Plus de puissance et moins de bruit
Pour animer cet utilitaire « double usage », deux moteurs sont proposés. Le 2,5 litres est un gros 4 cylindres rugueux, mais dont la puissance et le couple vitaminés cette année (147 chevaux au lieu de 125) suffisent à la tâche à la condition de l'arrimer à la transmission manuelle. Le 6 cylindres en ligne de 4 litres ronronne plus discrètement, maintenant qu'il peut compter sur les services d'une boîte automatique à 4 rapports. Cette dernière permet non seulement d'abaisser de quelques décibels le niveau sonore dans l'habitacle, mais aussi de réduire ? un peu ? la consommation d'essence.
Pensez-y bien
Les exploits hors route pouvant être signés au volant du TJ éclipsent la concurrence dans les ornières. Mais à moins d'être un irréductible du tout-terrain, peut-on honnêtement oublier l'existence des routes asphaltées ou fermer les yeux sur la fonctionnalité, deux domaines où, malgré de remarquables progrès, le TJ exige une bonne dose de réflexion ? En somme, pouvez-vous vivre 12 mois par année derrière son volant ? Moi, pas !