Lexus ES 300, la Camry du dimanche

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Denis Duquet

On a toujours dit que la Lexus ES 300 n'était qu'une Toyota Camry endimanchée et ce n'est pas la nouvelle version introduite l'an dernier qui va changer quoi que soit à cette description lapidaire. Elle est certes plus élégante, plus silencieuse et mieux équipée que sa cousine mais au prix demandé, il y a lieu de s'interroger sur la nécessité d'investir près de 50 000 $ pour une intermédiaire déguisée en voiture de luxe.

Visuellement, l'ES 300 se démarque de sa petite s?ur par des parois latérales dotées en partie supérieure d'une bande en relief estampée dans les tôles. En outre, la courbe intérieure du pilier C est plus arrondie et s'apparente à celle de la GS 430. À l'avant, les phares montrent des blocs optiques elliptiques dont la pointe s'amorce plus profondément sur le dessus de l'aile alors que les feux arrière débordent sur le côté en plus d'empiéter sur le couvercle du coffre.

Avec une différence de prix d'environ 12 000 $ par rapport à la Camry, l'ES 300 doit offrir mieux qu'une carrosserie plus stylisée. L'habitacle est donc plus luxueux et également plus élaboré. Contrairement à une pratique courante chez certains autres constructeurs, les ingénieurs ne se sont pas contentés de maquiller le tableau de bord et d'ajouter quelques babioles. La planche de bord est dotée d'une console monopièce se prolongeant entre les deux sièges.

Surplombé par deux buses de ventilation, cet élément vertical comprend, dans l'ordre, la chaîne audio, les commandes de la climatisation et un vide-poches. Le levier de vitesses à pommeau en bois véritable doit serpenter à travers une grille crantée, identique à celle offerte sur les autres Lexus. Parmi les autres touches « Lexuriantes », il faut mentionner les appliques en bois sur le côté droit de la planche de bord et sur la console centrale. Le boudin du volant est en bois également. Enfin, la qualité de la sellerie en cuir, des matériaux et de la finition s'avère fidèle à la réputation de la marque.

Puisque la nouvelle génération de l'ES 300 est plus longue et plus haute, les places arrière sont confortables et le dégagement pour les jambes amélioré. Toutefois, si jamais une personne prend place au centre, elle aura le dos torturé par la présence de l'appuie-bras escamotable qui anéantit le confort. De plus, une fois celui-ci remisé, c'en est fait des porte-verres. Et puisque la place centrale n'offre pas d'appuie-tête, mieux vaut considérer cette voiture comme une quatre places.

Velours sous-vireur

En dépit de tous ces efforts pour offrir plus de luxe aux occupants, il est toujours difficile de justifier la différence de prix entre une Camry et l'ES 300. La mécanique et la conduite doivent donc combler l'écart. Sur ce point, la boîte automatique compte un rapport de plus. Cette boîte 5 vitesses est d'une grande douceur et le passage des rapports s'effectue presque sans à-coups. Il faut toutefois souligner une certaine hésitation lors du passage du 3e au 4e rapport. De plus, lorsque le conducteur lève le pied pour appuyer de nouveau sur l'accélérateur, cette man?uvre semble prendre en défaut le système électronique de contrôle de la boîte qui marque un temps d'arrêt avant d'expédier la puissance aux roues motrices. La reprise est parfois accompagnée par une secousse provenant de la boîte de vitesses. Et si vous aimez jouer du levier de vitesses avec l'automatique, sachez que le fait de devoir déplacer le levier latéralement pour négocier les crans de retenue de la grille rend l'opération assez difficile.

Si la transmission est plus sophistiquée, le moteur produit toujours 210 chevaux, ce qui est inférieur de plusieurs chevaux aux 225 de l'Acura TL et aux 255 de l'Infiniti I35. À défaut de bénéficier d'un surplus de puissance, ce V6 est très silencieux et d'une grande douceur, le mot clé dans cette voiture. Par rapport à la Camry, le silence de roulement est meilleur tandis que tous les éléments de cette voiture semblent être d'un niveau de qualité supérieur. Au volant, les réactions de la suspension sont très bien contrôlées, le moteur tourne rond tandis que le conducteur tente de ne pas s'endormir à conduire cette capsule insonorisée sur roues. Amateurs de conduite à sensations, prière de vous abstenir ! Les ingénieurs se sont attardés à raffiner le produit dans les moindres petits détails en améliorant l'insonorisation, la rigidité de la suspension, le réglage des amortisseurs et tous les autres éléments de la dynamique de cette berline. Avec pour résultat que tout est aseptisé au maximum et que l'agrément de conduite s'en ressent. Malgré tout, les ingénieurs n'ont pas réussi à débarrasser la voiture d'un sous-virage prononcé à haute vitesse.

C'est une bénédiction en quelque sorte, car cela nous sort de notre torpeur. Le glissement des pneus avant sur pavé mouillé à plus de 130 km/h est une recette très efficace pour vous inciter à vous concentrer sur la conduite. Politiquement correcte à tous les égards, l'ES 300 est également équipée de tous les accessoires propres aux voitures de cette catégorie. Il est donc possible de commander un système de stabilité latérale avec régulateur de traction. Si ce mécanisme se révèle au-delà de tout reproche, il est impossible d'accorder la même note à la suspension réglable, une véritable catastrophe. Ses réglages ne peuvent jamais compenser pour la situation du moment et c'est la confusion totale dans les puits de roue.

Berline feutrée, d'une finition impeccable et d'un équipement complet, l'ES 300 pénalise son chauffeur par un comportement routier tout juste convenable tandis que les occupants sont gâtés par des sièges confortables et un habitacle très douillet. Malgré tout, la Camry propose toujours un meilleur rapport qualité/prix que la représentante de la marque snob de la famille.

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