Mercedes-Benz Classe M, le cousin américain

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Denis Duquet

Les véhicules utilitaires sport ont reÇu leurs lettres de noblesse lorsque Mercedes-Benz a lancé son premier modèle du genre en 1998. La présence de l'étoile d'argent sur la grille de calandre du nouveau ML320 était la consécration de la catégorie. Malgré ces augures, l'enfantement n'a pas été sans douleur puisque ce nouveau venu a été fortement critiqué pour sa finition très sommaire, sa peinture d'atelier de fond de cour et une fiabilité à faire peur. De quoi faire regretter à ce constructeur sa décision de faire assembler ce véhicule aux États-Unis.

Heureusement, au fil des années, le numéro 1 allemand a convaincu ses fournisseurs d'améliorer leurs produits tandis que les travailleurs de l'usine de Tuscaloosa en Alabama, semblent avoir perfectionné leurs méthodes de travail. Tant et si bien que les modèles ML ont connu une rassurante progression en termes de qualité et de finition, même si la cote de fiabilité générale inquiète toujours. Les ingénieurs allemands ne doivent pas être exclus de cette liste, car ils ont commis plusieurs fautes de conception. Il semble qu'ils aient eu de la difficulté à concevoir un véhicule de cette catégorie et à respecter les stricts budgets de développement imposés à ce projet. Cela les a obligés à apporter plusieurs correctifs en cours de route.

Malgré tout, une multitude de révisions esthétiques et mécaniques ont permis de raffiner le véhicule initial. La présentation extérieure a été rafraîchie, les phares avant redessinés, les clignotants intégrés aux rétroviseurs extérieurs et les feux arrière modifiés. Dans l'habitacle, la présence d'appliques de ronce de noyer sur la planche de bord et sur la console est à souligner tandis que la texture du plastique est moins fruste qu'auparavant.

Les espaces de rangement sont nombreux et il faut même souligner la présence d'une prise 12 V à la droite de la console centrale. Malheureusement, les commandes de la radio sont énigmatiques tandis que le lecteur CD est toujours optionnel. Pas mal pour un véhicule de plus de 60 000 $ ! Il faut également s'interroger sur la pertinence des porte-verres situés à chaque extrémité du tableau de bord. Une fois ceux-ci déployés, il est difficile d'accéder à la manette d'ouverture de la portière. Et si les boutons rotatifs de commande de la climatisation sont faciles à distinguer avec leur rétro-éclairage, leur manipulation nécessite un certain temps d'adaptation. Enfin, on constate des progrès en ce qui a trait à la finition, mais il y a encore place pour de l'amélioration. Sur une note plus positive, soulignons qu'il est beaucoup plus facile de replier la banquette arrière qu'auparavant. Ce siège était, dans sa première version, la réplique germanique du cube Rubik.

Contradictoire ?

La gamme ML se décline en trois versions différentes. Le ML320 avec son moteur V6 de 215 chevaux est l'achat raisonnable. Il offre des performances adéquates et un niveau d'équipement fort acceptable. De plus, sa consommation peut être qualifiée de raisonnable et son rouage intégral est similaire à celui des autres modèles. Cette transmission intégrale est à contrôle électronique ; les trois différentiels sont ouverts. Puisqu'il est impossible de les verrouiller, le contrôle de la traction est confié au système de freinage. De plus, le mode « Lo » s'enclenche au moyen d'un bouton monté sur le tableau de bord, à gauche de l'écran à cristaux liquides, et les ingénieurs ont même concocté un mode « 2 pieds » permettant d'accélérer et de freiner en même temps.

Cette débauche de commandes électroniques permet d'obtenir une excellente traction sur chaussée mouillée, glacée ou boueuse, ce qui est plus que suffisant pour une utilisation qui sera essentiellement urbaine. En effet, la plupart des acheteurs se procurent l'un de ces modèles pour rouler en ville et non pour aller se perdre en forêt. Et ce n'est pas le ML500 qui va modifier cette tendance, bien au contraire. Ses prestations se montrent plus en harmonie avec une piste d'accélération qu'avec une balade en forêt. Les 288 chevaux du moteur V8 permettent de boucler le 0-100 km/h en 7 secondes et des poussières. Le freinage est également à souligner puisque les distances d'immobilisation sont très courtes pour un mastodonte de plus de 2 tonnes. Malheureusement, la consommation est également hors normes. Nous avons enregistré une moyenne de 17,8 litres aux 100 km.

Sur le plan dynamique, les ingénieurs ont accompli du bon boulot en réussissant à combiner une tenue de route saine à des éléments de suspension assez costauds, le tout associé à un châssis autonome de type échelle. Par contre, la direction s'avère lourde dans les man?uvres à basse vitesse tandis que la suspension semble mieux s'accommoder des routes en terre défoncées que des imperfections de la chaussée asphaltée. Sur cette dernière, le train arrière a tendance à sautiller. Curieux compromis !

Si vous trouvez que le ML500 est trop puissant et trop cher, il est certain que le ML55 AMG avec son moteur 5,5 litres de 342 chevaux, un temps de 6,6 secondes pour boucler le 0-100 km/h et ses pneus de 18 pouces, risque de vous laisser indifférent. Ce Mercedes défie les lois de la logique mais, compte tenu des tendances du marché, c'est une réussite. Il intéresse ceux qui n'aiment pas nécessairement la catégorie, mais qui apprécient se faire remarquer au volant d'un VUS ultrapuissant et de petite série tout en ayant à leur disposition des performances dignes d'une voiture sport. Cette concoction issue des ateliers d'AMG permet donc de tenir la dragée haute au BMW X5 à tous les chapitres. Le Porsche Cayenne verra toutefois à relancer le débat.

Bref, malgré la promesse d'un produit « revu, corrigé et amélioré » en 2002, la Classe ML n'est pas aussi réussie qu'on serait porté à le croire. Les performances, la tenue en virage et l'agilité en ville sont appréciées, mais l'homogénéité et la cohésion ne sont pas au rendez-vous. Le prestige de la marque compense tant bien que mal, mais il reste du boulot à faire pour parachever le projet.

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