Nissan Altima, la fureur

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Jacques Duval

Il aura fallu attendre jusqu'en 2002 pour que la Nissan Altima prenne enfin son envol. Les précédentes versions étaient certes des voitures très valables, mais leurs lignes banales à mourir les avaient confinées à un rôle de figuration dans la catégorie des berlines de taille moyenne. Le nouveau modèle introduit l'an dernier a entraîné un tel déferlement d'enthousiasme chez les scribes automobiles qu'on l'on est en droit de se demander si l'Altima méritait vraiment ce concert d'éloges et le titre de voiture de l'année que lui a décerné le jury du North American Car of the Year. Un essai des deux versions inscrites au catalogue nous a permis de faire le point.

D'emblée, on peut dire que la voiture n'est pas à court d'arguments pour susciter l'admiration, à commencer par une silhouette très flatteuse dont la note dominante est le dessin assez inusité des feux arrière. Une habitabilité supérieure à celle de ses concurrentes et l'utilisation d'un moteur particulièrement généreux, tant en cylindrée qu'en puissance, donnent aussi une longueur d'avance à l'Altima face à une Camry notamment, sa principale rivale.

Tiens ta tuque

Mon premier essai a porté sur la version 3,5SE à boîte de vitesses manuelle à 5 rapports. Avec 245 chevaux sous son capot tout aluminium, cette Altima entend jouer les berlines sport. Elle n'y réussit qu'à demi toutefois, car si les performances sont au rendez-vous, la tenue de route déÇoit un peu en raison d'un énorme effet de couple et d'une monte pneumatique inappropriée. En termes plus clairs, cela signifie que la tenue de cap est fortement compromise lorsqu'on accélère à fond sur une route au pavé dégradé, c'est-à-dire à peu près partout au Québec. Secoué par toute la puissance envoyée aux roues motrices avant, le volant braque à gauche ou à droite au gré de sa fantaisie, obligeant le conducteur à le tenir fermement pour corriger les écarts de trajectoire. Sur le circuit routier de Sanair, je me suis offert un impressionnant travers, à un cheveu du tête à queue, ce qui démontre une tendance marquée au survirage. Pour tirer pleinement profit de l'excellente suspension en aluminium, le conducteur d'une Altima devra opter pour des pneus plus performants, quitte à sacrifier un peu de confort. À ce propos, l'amortissement est quelquefois un peu brutal et un second essai en hiver n'a fait qu'amplifier l'impression de sécheresse de la suspension.

Non seulement le V6 de 3,5 litres est très en verve, mais il s'illustre aussi par sa discrétion et sa douceur de fonctionnement. Son mariage avec la boîte manuelle n'est cependant pas parfaitement heureux et le levier de vitesses est un peu coriace. Et encore là, l'hiver ne fait qu'exacerber le problème. La courbe de puissance me semble aussi mieux adaptée à la transmission automatique.

Avec 2 cylindres en moins

Pour ceux qui sont en quête d'une voiture à la fois spacieuse et de prix abordable et qui se soucient peu des performances, une Altima à moteur 2,5 litres apparaît comme un choix fort intéressant. Même avec l'option ABS, la version S mise à l'essai ne dépassait pas les 25 000 $. Et avec 175 chevaux sous le pied droit, ce gros 4 cylindres est quasi aussi performant que certains V6 d'origine coréenne. Avec la boîte manuelle à 5 rapports, il affiche une réserve de puissance adéquate pour doubler. Un temps de reprise de 6,95 secondes entre 80 et 120 km/h en 4e vitesse n'est pas à crier sur les toits, mais tout de même satisfaisant.

Par contre, il n'y a rien de gratuit en ce bas monde et les dimensions généreuses de l'Altima se reflètent dans sa consommation moyenne de 11 litres aux 100 km. Si ce 4 cylindres n'est pas un modèle de sobriété, il a l'avantage d'éliminer une bonne partie de l'effet de couple ressenti avec la version 3,5SE. Curieusement, toutefois, la voiture a du mal à maintenir sa trajectoire à une vitesse d'autoroute. Les moindres inégalités du revêtement la font dévier de sa course et l'on doit constamment apporter des corrections au volant. Il est à souhaiter que ce comportement ait été imputable aux pneus à neige qui équipaient la voiture d'essai.

Une compacte hors normes

Chez Nissan, on semble prendre un malin plaisir à déjouer les catégories déjà existantes et l'Altima se rapproche davantage d'une voiture de taille intermédiaire que d'une compacte. Les places arrière sont conséquemment très accueillantes avec, notamment, beaucoup de place pour les jambes. En examinant le coffre arrière, on est d'abord étonné par l'apparente fragilité du couvercle jusqu'à ce que l'on constate que celui-ci est fait en aluminium, ce qui explique sa légèreté. Même si les ailes arrière empiètent sur la largeur de l'espace réservé aux bagages, la capacité de chargement de l'Altima est pleinement suffisante.

Si je devais acheter une de ces voitures, j'éviterais de la choisir avec un intérieur noir, une couleur qui ne convient pas très bien à l'immense étendue de plastique qui recouvre le tableau de bord. Ce dernier se reflète dans le pare-brise la nuit venue tandis que l'éclairage jaunâtre des instruments n'est pas des plus heureux en conduite nocturne.

Malgré une ceinture de caisse élevée (à la Passat), la voiture ne pose pas de problème de visibilité. Par contre, on a toujours l'impression d'être assis trop haut ou trop bas.

En guise de conclusion, il faut dire que le remaniement de l'Altima est une belle réussite sur le plan du style, mais que certains détails exigent un second regard de la part de Nissan. Toute voiture de l'année qu'elle soit.

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