Pontiac Sunfire, petits frissons

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Denis Duquet

Dans le plan à long terme de General Motors concocté au tournant du millénaire, les voitures Pontiac devaient nous procurer des sensations fortes tandis que les Chevrolet avaient pour mission de nous assurer une bonne valeur par rapport au prix. Mais il suffit d'examiner un peu la Sunfire pour conclure que celle-ci ne peut nous donner que de petits frissons. C'est une voiture honnête, vendue à prix économique, mais qui n'a rien pour faire grimper notre taux d'adrénaline.

Cette stratégie de mise en marché par marque a d'ailleurs été abandonnée depuis l'arrivée en poste de Robert Lutz, un visionnaire qui s'est débarrassé de ces politiques de pacotille pour tenter de développer des voitures de qualité pour chaque catégorie. Notre homme s'est particulièrement attaqué à la division Pontiac dont les voitures exagérément fardées étaient devenues caricaturales. Les appliques de bas de caisse ont presque toutes pris le bord et plusieurs modèles de cette marque ont été l'objet d'une révision esthétique cette année. La Sunfire fait partie de ce lot.

Il faut tout d'abord placer ce véhicule dans son contexte. L'un des modèles les plus vendus au Canada, il a connu une sérieuse révision de sa plate-forme et de ses organes mécaniques en 1996 et de légères modifications d'ordre esthétique en 2000. Trois années plus tard, on assiste à un nouveau face-lift destiné à faire patienter les gens avant l'arrivée d'une troisième génération entièrement revue et corrigée d'ici quelques années. Elle misera sur la nouvelle plate-forme Epsilon déjà utilisée dans la Saturn ION et l'Opel Vectra. Mais elle conservera le moteur Ecotec, le seul disponible cette année après avoir été utilisé dans les modèles GT et GTX en 2002.

L'une des plus graves lacunes de la Sunfire était son pathétique moteur 2,2 litres à soupapes en tête qui n'avait comme qualité qu'une durabilité à toute épreuve et une faible consommation de carburant. Pour le reste, mieux vaut oublier. Son remplaÇant est beaucoup mieux. Ses 140 chevaux sont les bienvenus tandis que les temps d'accélération sont très corrects avec un chrono de moins de 10 secondes pour franchir le 0-100 km/h. La boîte manuelle (produite par Getrag) est sans reproche. Ce moteur est pratiquement exempt de vibrations grâce à ses deux arbres d'équilibrage. Et il ne faut pas oublier que sa culasse accueille deux arbres à cames en tête. Bref, ses performances comme son rendement en font un excellent choix et personne ne regrettera l'autre moteur au catalogue, le 2,4 litres Twin Cam dont les vibrations avaient le dessus sur les performances.

Maquillage !

La division Pontiac a toujours été celle des carrosseries aux lignes tourmentées, parsemées d'appliques latérales de toutes sortes et dont la calandre tentait de ressembler à une mauvaise imitation des « rognons » de BMW. La Sunfire était affectée à un moindre degré par ces dérapages esthétiques, mais elle en beurrait plus épais que la Chevrolet Cavalier avec laquelle elle partage presque tout sur le plan mécanique. Dans son plan de décontamination visuelle de Pontiac, Robert Lutz a réussi à alléger le design extérieur, mais il était certainement en congé lorsque les tissus des sièges de certains modèles ont été choisis. Les gens qui ont le c?ur fragile à la suite d'une nuit trop bien arrosée devraient d'ailleurs se méfier de cet habitacle bariolé. Sur une note plus positive, notons que le tableau de bord est moins bigarré que celui des autres Pontiac.

Par ailleurs, les modifications apportées à la partie avant sont mieux réussies. Détail à souligner, la partie arrière de la berline est pratiquement inchangée à l'exception de la présence d'un nouvel écusson tandis que le coupé hérite d'un couvercle du coffre, de feux arrière et d'un carénage redessinés. La raison de cette disparité est intéressante à connaître. C'est que cette Pontiac n'est offerte qu'en version coupé aux États-Unis. La berline est donc une concoction purement canadienne. Serait-ce là pourquoi notre premier ministre affirme que notre pays est le meilleur au monde ?

La logique !

Plusieurs chroniqueurs automobiles prennent un malin plaisir à décrier les faiblesses du duo Chevrolet Cavalier/Pontiac Sunfire. Ils leur reprochent une direction plutôt floue, une tenue de route très moyenne et des performances à peine adéquates. De plus, ils soulignent avec justesse que la finition est assez bâclée et le confort des sièges à revoir.

Ces arguments sont vrais, mais il faut également placer ce véhicule en perspective. S'il domine le palmarès des ventes au pays, c'est que les gens y trouvent leur compte. Les acheteurs apprécient un prix de vente très compétitif, un équipement relativement complet et une présentation tout de même intéressante. De plus, sans être une grande routière, cette Pontiac affiche un comportement acceptable à la condition qu'on n'essaie pas trop d'imiter les pilotes de course. Et il faudra être encore plus prudent cette année puisque l'ABS est maintenant optionnel. Pour certains, c'est une bonne nouvelle, car cet accessoire s'avérait d'un fonctionnement assez primitif.

Malgré tout, la Sunfire est la preuve que le gros du marché est constitué de gens à la recherche d'une voiture d'une bonne habitabilité, économique d'achat et d'entretien. Et si jamais son comportement routier est bon, tant mieux. Je connais même une personne qui a choisi la Sunfire parce que la banquette arrière permet d'accommoder ses amis. De plus, si vous regardez sur la route, vous êtes entouré de vieilles éditions de Sunfire de toutes configurations. Pour plusieurs, cette longévité est une qualité qui l'emporte de beaucoup sur l'agrément de conduite. Que répondre devant un tel argument ?

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