Toyota Matrix, double personnalité

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Jacques Duval

Sans même faire allusion à son double, la Pontiac Vibe, on peut affirmer quela Toyota Matrix possède véritablement deux personnalités. Optez pour la version 4 roues motrices à moteur de 127 chevaux couplés à une transmission automatique et vous vous retrouverez au volant d'une voiture éminemment pratique parfaitement adaptée à nos conditions climatiques. Choisissez par ailleurs le modèle XRS à traction doté d'un 4 cylindres de 180 chevaux jumelé à une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports et vous serez au volant d'une petite familiale à vocation sportive. Après avoir conduit la première pendant plus de six mois et la seconde près d'une semaine, Le Guide de l'auto fait le point.

En premier lieu, la fiabilité légendaire des Toyota s'est de nouveau affirmée et aucun incident mécanique n'est venu contrarier l'essai à long terme de notre Matrix. Elle a traversé l'hiver sans coup férir et la seule note discordante se résume au grincement de la portière du conducteur apparu autour de 5 000 km. Plusieurs de nos essayeurs ont aussi souligné dans le livret de bord que le lecteur CD avait tendance à sautiller en phase de décélération, rien de plus.

Comme dans la Vibe qui partage sa mécanique et son aménagement intérieur avec la Matrix (voir rubrique Pontiac), on a déploré l'aspect bon marché des plastiques au tableau de bord et l'apparente fragilité des portières « que l'on croirait en carton », a même écrit un de nos participants. À l'usage toutefois, ces remarques ne sont que des impressions que rien ne permet de confirmer, du moins après 20 000 km d'utilisation.

Boucler votre sac à main

Le confort des sièges a fait l'unanimité, mais pas la position de conduite. La Matrix, précisons-le, est ce que l'on appelle une voiture verticale, c'est-à-dire plutôt étroite et haute sur pattes. Les femmes ont aimé être assises assez haut, en tirant une sensation de sécurité et une bonne visibilité. Les conducteurs masculins ont par contre moins aimé se sentir haut perchés comme s'ils étaient sur des échasses. Tout le monde était cependant d'accord pour condamner l'éclairage rougeâtre du tableau de bord la nuit, qui s'avère fatigant. L'habitabilité a aussi reÇu l'approbation de tout le monde et on a vanté le généreux espace autant à l'avant qu'à l'arrière. Au dire de certains, le hayon gagnerait à être plus facile à refermer.

Une conductrice a trouvé géniale la présence des trois gicleurs sur chacun des balais d'essuie-glace mais a aussi noté qu'elle avait trouvé rigolo le fait que la voiture ordonne à son sac à main de boucler sa ceinture. Bref, les capteurs de poids sur les sièges n'ont pas encore l'intelligence de faire la différence entre un être humain et un objet.

Tout en notant que la voiture était relativement agréable à conduire, personne ne s'est dit emballé du comportement routier de la Matrix. Cela tient à la faible puissance du moteur et à son niveau sonore élevé dès qu'on le sollicite un tant soit peu. À ce chapitre, les chiffres d'accélérations et de reprises sont d'une cruelle évidence, compte tenu qu'il faut plus de 11 secondes pour franchir le 0-100 km/h et 9,5 secondes pour compléter un dépassement. En somme, rien pour écrire à chez vous. Le fait que la Matrix 4 roues motrices doive sacrifier 7 chevaux à la version à traction et traîner 75 kg de plus devient clairement un handicap. Ce n'est pas dramatique, mais il est tout de même important de le noter.

Plutôt mollement suspendue, la voiture est confortable dans la plupart des circonstances, sauf sur de très mauvais revêtements où elle réagit plus sèchement. À part la sensibilité au vent latéral qui tient à sa forme, la Matrix tient raisonnablement la route et n'incite pas de toute manière à la conduite sportive.

XRS : le paradoxe

Il en va différemment de la XRS qui mise sur ses 180 chevaux et sur une boîte manuelle à 6 rapports pour se donner une personnalité sportive. Malgré de beaux efforts, la voiture est bourrée de contradictions et elle abandonne notamment la traction intégrale pour la traction avant. Par ailleurs, elle a de la puissance mais celle-ci est difficilement exploitable pour la simple raison qu'elle se cache à très haut régime. Changez de rapport à 6 000 tr/min et vous ne saurez jamais ce que cette voiture a dans le ventre. Car ce n'est qu'à partir de ce régime et jusqu'à la limite de 8 000 tr/min que les chevaux se mettent à galoper.

À tel point qu'il faut pratiquement rétrograder en 2e pour obtenir des reprises décentes pour doubler un autre véhicule. Nul besoin d'ajouter qu'une plage d'utilisation aussi étroite fait perdre beaucoup de temps. Même en poussant le moteur à fond, on arrive difficilement à combler les précieuses secondes échappées en début d'accélération. Fort heureusement, le levier de vitesses implanté à mi-chemin entre le tableau de bord et la console centrale tombe parfaitement sous la main, ce qui le rend particulièrement agréable à manipuler. Pour l'avoir expérimentée au volant d'une Toyota Celica dotée du même moteur, la transmission automatique est à proscrire à tout prix tellement elle est mal adaptée à ce type de moteur. Une autre contradiction de cette Matrix XRS est sa hauteur qui place le centre de gravité à un niveau assez élevé. Chaussée de pneus de 17 pouces, la voiture bénéficie d'une très bonne adhérence, mais le roulis de caisse tend à décourager la conduite sportive.

Dans les circonstances, il ne serait pas exagéré de décrire la Matrix XRS comme une Celica qui se serait trouvé une vocation utilitaire. Ce n'est pas une mauvaise combinaison et il doit bien se trouver des acheteurs qui recherchent ce genre de compromis. Pour les autres, la Matrix AWD de notre essai à long terme reste sans doute le choix le plus rationnel.

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