Volkswagen Jetta, oui et non

Publié le 30 mars 2003 dans 2003 par Jacques Duval

Nul besoin d'être un phénix des études de marché pour se rendre compte que la Jetta est la plus populaire de toutes les Volkswagen vendues en Amérique. Un simple coup d'?il aux voitures circulant sur nos routes démontre assez clairement que cette Golf qui a du coffre connaît également un énorme succès chez nous depuis son apparition sur le marché en 1999. Toutefois, si la Jetta plaît par ses lignes trapues et son comportement routier bien aiguisé, sa qualité de construction assez inégale ne fait pas que des heureux.

Les Québécois auraient-ils une affection particulière pour la roulette russe ? C'est la question que l'on peut se poser en constatant la popularité dont jouit cette Volkswagen auprès des automobilistes de la belle province. Car, si la Jetta est superbe à plusieurs points de vue, sa fiabilité n'est pas de tout repos. Un problème assez généralisé est celui des baguettes décoratives placées sur le montant central qui ont tendance à rouiller. Certains autres ennuis, (indicateur de vitesse défectueux dans une GLI mise à L'essai) tendent à démontrer que la qualité d'assemblage de l'usine mexicaine de Puebla a connu un relâchement ces derniers temps. La bonne nouvelle, c'est que la garantie VW s'étend maintenant jusqu'à 80 000 km.

Cela dit, l'essai d'un modèle 1,8T à boîte de vitesses manuelle à 5 rapports m'a permis de rafraîchir mes impressions de conduite de cette Jetta. C'est, de loin, le modèle le plus intéressant d'une gamme qui propose un choix de quatre moteurs différents. L'ancien 4 cylindres 2 litres de 115 chevaux est toujours au catalogue où il fait figure d'antiquité. Les conducteurs économes lui préféreront le TDI, un turbodiesel de 1,9 litre qui fait oublier sa faible puissance par un couple supérieur à celui du quatre cylindres à essence et surtout par une consommation hyperéconomique de 6 litres aux 100 km. Pour ce qui est du VR6, il affiche désormais une puissance de 201 chevaux et il n'est offert que dans la berline GLI (30 950 $) accompagné d'une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports, d'un système de contrôle de la stabilité, d'une suspension sport et de quelques artifices visuels. Quant au 1,8 litre turbo, il a été bonifié de 30 chevaux l'an dernier et il en compte maintenant 180.

Précisons qu'une transmission automatique à 5 rapports avec mode Tiptronic est aussi offerte avec le 1,8T et le VR6 alors que les autres modèles doivent se contenter d'une automatique ordinaire à 4 rapports.

Plein les bras

Comme on pouvait le craindre, tous ces chevaux ne font pas très bon ménage avec la traction et l'effet de couple dans le volant est assez prononcé. Il est également difficile de profiter pleinement du moteur pour réaliser des départs en flèche, car l'antipatinage a tendance à faire caler le moteur. Et si jamais on décide de le débrancher, on en sera quitte pour faire du surplace dans un nuage de fumée blanche. Malgré tout, les 100 km/h s'inscrivent sur l'indicateur de vitesse dans les 8 secondes suivant un départ arrêté (7,6 s avec la GLI) et les reprises en 4e facilitent les dépassements.

Le grand plaisir de conduire une Jetta réside dans sa tenue de route typique des voitures allemandes. Dans les virages abordés avec un certain élan, le roulis est réduit à son strict minimum et l'on se sent parfaitement maître de la situation. L'antipatinage devient ici un précieux allié puisqu'il réduit sensiblement le sous-virage lorsque la limite d'adhérence a été atteinte. Un des atouts de la voiture au chapitre du comportement routier est sans contredit sa direction précise qui donne toujours une bonne impression de contact avec le revêtement. Toutefois, certains se plaindront sans doute que le volant est trop souvent agité par les trous ou les bosses que les roues directrices rencontrent sur leur passage. En échange d'une tenue de route au-dessus de la moyenne, il faut aussi accepter un amortissement beaucoup plus ferme que ce que l'on trouve par exemple dans une voiture japonaise. Il arrive que la suspension réagisse de faÇon un peu brutale aux imperfections de la chaussée tout en étant à l'origine de quelques bruits de caisse, d'autant plus surprenants dans notre voiture d'essai que celle-ci n'avait parcouru que 7 500 km. Si vous circulez principalement sur des routes en mauvais état, abstenez-vous d'opter pour la suspension sport qui ne fera qu'empirer la situation.

À l'étroit

Les sièges sont fermement rembourrés et confortables, mais malgré la présence de trois réglages manuels (hauteur, profondeur et inclinaison du dossier), il n'est pas facile de trouver une bonne position de conduite. Fort heureusement, le volant peut être ajusté dans les deux sens. Malgré sa simplicité, le tableau de bord est bien conÇu, à l'exception sans doute de l'emplacement du porte-verres. Avec la sellerie en cuir, la Jetta se donne des airs de voiture de luxe et les contre-portes dotées d'un immense accoudoir sont particulièrement imposantes. Pour justifier son prix assez élevé, elle est dotée de coussins gonflables frontaux et latéraux, mais il faudra payer un supplément pour bénéficier du système d'écrans gonflables destinés à protéger la tête des occupants avant et arrière.

Cette Volkswagen attire surtout les jeunes couples avec des enfants en bas âge qui sauront s'accommoder du peu d'espace que l'on trouve aux places arrière. Le dégagement pour les jambes est convenable, mais celui pour la tête est totalement insuffisant et cela même pour des adultes de taille moyenne. Par contre, la Jetta est sans doute la voiture qui possède le plus grand coffre à bagages par rapport à ses dimensions extérieures. D'un volume de 455 litres, il est même presque aussi grand que celui de la Passat qui est pourtant un modèle de catégorie supérieure. Et en rabattant le dossier de la banquette arrière, sa capacité passe à 785 litres.

Recommander l'achat d'une Jetta est un couteau à deux tranchants. C'est une petite voiture immensément sympathique et plutôt agréable à conduire dans sa version 1,8T. Par contre, même si des milliers d'utilisateurs ont le sourire aux lèvres, la fiabilité de ces voitures allemandes est loin d'être exemplaire.

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