Acura TL, Ad Summa

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Denis Duquet

Ça bouge rapidement dans le secteur des intermédiaires de luxe. Il suffit de ne pas renouveler un modèle après deux ou trois années sur le marché pour se retrouver à la traîne ou du moins sérieusement intimidé par la concurrence. C'est justement ce qui est arrivé à l'Acura TL qui a dominé sa catégorie pour ensuite perdre du terrain au cours des deux dernières années. Il était donc temps de remanier ce modèle de fond en comble afin de le ramener dans le peloton de tête. Cette fois, il ne s'agit pas d'un léger dépoussiérage, mais d'une transformation majeure tant sur le plan esthétique que mécanique et dynamique. De plus, les compétiteurs ciblés ne sont plus les Audi A4, Nissan Maxima et autres. Cette fois, Acura vise beaucoup plus haut.

Ce sont les intermédiaires sport les plus réputées qui sont dans la ligne de tir de la nouvelle TL. Les Audi A6, BMW Série 5 et Mercedes de la Classe E ont été mentionnées par les responsables du développement de ce nouveau modèle. Mais il faut faire attention, car cette émulation s'effectue au chapitre des performances et du comportement routier tandis que les prix seront ceux de la catégorie inférieure. Bref, la recette est simple : offrir beaucoup plus pour moins cher. Ça peut rapporter gros si le plan est bien exécuté. Mais voilà, s'agit-il de promesses en l'air ? La nouvelle TL est-elle en mesure de soutenir la comparaison avec les ténors de cette catégorie ?

Un corps d'athlète !

Les stylistes ne sont jamais pris au dépourvu lorsque vient le temps de trouver des mots et des comparaisons pour décrire leur création. Dans le cas de la TL, ils nous parlent d'un corps d'athlète qui, comme un félin, s'apprête à bondir de la ligne de départ. Pour ce faire, la partie avant est plus agressive avec un capot encore plus plongeant que d'habitude et dont le relief central déboule sur la grille de calandre pour se terminer sur le pare-chocs. Cette calandre est emboîtée par des phares rectangulaires relativement étroits accentuant le caractère « prêt à bondir » de cette berline. Sans vouloir jouer les stylistes, soulignons que cette calandre à cinq points ressemble beaucoup à celle d'une Mazda et que le fait de la rétrécir aurait sans doute donné plus de punch à la voiture. Mais il ne faut pas trop en demander et la TL représente un grand pas en avant en fait de stylisme pour cette division.

De profil, cette Acura a quelque chose d'européen et nous fait songer à certaines Alfa Romeo avec ses parois légèrement bombées, des feux de position latérale de série et une ligne encavée sous la ceinture de caisse sur toute sa longueur ou presque. Ajoutez des poignées en relief de même couleur que la carrosserie, un renflement derrière la portière et une partie arrière se relevant légèrement pour avoir un look définitivement européen. Mais c'est justement la partie arrière qui est la plus originale avec sa paroi verticale, des feux qui rappellent la Cadillac CTS et deux tuyaux d'échappement carrés. Enfin, les porte-à-faux avant et arrière sont très courts, accentuant cette forme compacte. Il faut souligner que la voie large contribue également au développement de cette forme « athlétique » en faisant paraître cette voiture plus courte. Et ce n'est pas uniquement une illusion d'optique puisque la nouvelle TL est plus courte de 15,9 cm et plus large de 4 cm tout en étant plus haute.

Cette Acura en baskets se détourne de la tradition en proposant un habitacle beaucoup plus jazzé que la plupart des autres modèles de la marque. Avant de l'oublier, notons qu'il s'agit de la première Acura à posséder un système de navigation par satellite. Sa gestion est à commandes parlées et les ingénieurs ont même pris la peine de s'assurer que l'ordinateur comprenait le « franÇais québécois ». Autre détail digne de mention, le téléphone cellulaire embarqué est de type Bluetooth. Si vous avez un appareil du genre, les deux se complètent pour vous assurer des communications mains libres.

La planche de bord, moins sobre que d'habitude, abrite des cadrans à affichage par cristaux liquides à chiffres blancs sur fond noir très faciles à lire. Les commandes du système de navigation par satellite, logées de chaque côté de l'écran, s'avèrent passablement intuitives. Il faut également souligner le confort et le support latéral assurés par les sièges avant. Les bourrelets latéraux ne sont pas intrusifs, mais efficaces. Comme il se doit, la finition est impeccable.

Litanie mécanique

Les ingénieurs de chez Acura ne se contentent pas de développer des composantes mécaniques de base de très grande qualité et fort raffinées, ils aiment fignoler les moindres détails. Tant et si bien que la fiche technique de cette nouvelle venue se lit presque comme un communiqué de haute technologie. Le moteur 3,2 litres de 270 chevaux est composé d'un bloc et d'une culasse en alliage léger en plus du système de calage infiniment variable des soupapes. Il produit 45 chevaux de plus que le moteur de la TL 2003 et 10 de plus que celui qui équipait la TL Type S en 2003. Ce moteur V6 est couplé à une boîte automatique à cinq rapports en équipement de série. Cette transmission comprend toujours le système de logique de pente qui empêche la boîte de vitesses de chasser dans les pentes. Une nouveauté cette fois, cette boîte automatique réduit les changements de vitesse en conduite sportive afin d'optimiser le rendement du moteur. Une boîte manuelle à six rapports n'est offerte que dans le modèle Dynamic Package comprenant entre autres des freins Brembo plus puissants, un différentiel à glissement limité, des pneus d'été de 17 pouces et une suspension dotée de réglages plus sportifs. La G35 n'a qu'à bien se tenir.

La carrosserie est plus rigide comme il se doit dans tout nouveau modèle tandis qu'un sous-châssis avant en aluminium supporte le moteur, la transmission et les liens inférieurs de la suspension. Cette pièce augmente la rigidité et réduit le poids. La suspension est à doubles leviers triangulés à l'avant et à l'arrière, cette dernière étant à liens multiples.

Ce ne sont toutefois pas les données techniques qui importent, mais bien le comportement routier et la nouvelle TL ne déÇoit absolument pas à ce chapitre.

Attachez-vous !

Il se peut que sa silhouette ne vous plaise pas. Il est également possible que des détails songés comme les feux arrière de type LED et le pare-brise antibruit ne vous accrochent pas. Ou bien que la présentation du tableau de bord vous laisse indifférent. Mais je suis assuré que vous serez fort impressionné par le comportement routier de cette berline. Non seulement le moteur se révèle d'une très grande douceur, mais il propulse la voiture avec beaucoup de vélocité. Il est possible de boucler le 0-100 km en 7,4 secondes avec la boîte automatique et d'abaisser ce temps à 6,5 secondes avec la boîte manuelle.

Mais ce qui est encore plus impressionnant, c'est que la suspension s'avère si efficace même si elle ne semble pas équipée d'amortisseurs remplis de béton. Sur une route sinueuse, mon compagnon d'essai et moi-même avons enchaîné les virages serrés les uns après les autres sans jamais connaître un moment d'hésitation ou se faire une frayeur. La direction est non seulement précise, mais son assistance variable est presque dosée à la perfection même si, à haute vitesse, une légère diminution de cette assistance serait appréciée. Non seulement la boîte automatique est bien étagée, mais les passages de rapports sont imperceptibles. Tel que promis, cette boîte ne chasse pas en conduite rapide tout comme lors des ascensions. Quant à la boîte manuelle, les passages se font comme dans du beurre. Ce n'est pas aussi impeccable que dans la Honda S2000, mais drôlement proche. Et il faut ajouter que l'embrayage n'est pas inutilement lourd.

Bref, une routière de première classe dont les limites sont tellement élevées qu'il est impossible de les atteindre sur la route. Et il faudra rouler très rapidement sur un circuit routier pour les découvrir.

Ce n'est pas tout. Cette TL est un véritable félin sur la route, mais elle se trouve également à l'aise en conduite en ville. Il ne s'agit pas de l'une de ces voitures unidimensionnelles qui vous emballent sur un parcours sinueux, mais qui sont de véritables instruments de torture en conduite de tous les jours. La TL ne se fait pas prier pour jouer le rôle de la berline de la famille avec un habitacle confortable et une économie de carburant d'environ 11 litres aux 100 km. Et si jamais vous voulez profiter de ses qualités sportives, il suffit d'appuyer sur l'accélérateur et vous êtes au septième ciel. Sans oublier qu'il ne s'agit que de la version régulière, une éventuelle Type S sera quelque chose à piloter. Non, l'Infiniti G35 n'est plus seule en piste.

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