BMW Série 7, oublions sa silhouette
Depuis que les nouveaux modèles de Série 7 de BMW sont arrivés sur le marché il y a deux ans, tous les commentaires que l'on entend traitent principalement de leur silhouette discutable avec ce coffre arrière qui semble avoir été déposé sur la poupe comme une arrière-pensée. Revenons-en un peu et tentons de juger le produit autrement que pour sa simple silhouette. Une BMW, c'est d'abord et avant tout le plaisir de conduire et notre principale préoccupation sera de savoir si, sous les traits de la nouvelle 760 Li à moteur V12, la voiture haut de gamme du constructeur bavarois répond à ce critère.
Si l'apparence est une affaire de goûts, l'autre hic de cette limousine que l'on ne peut passer sous silence est son infernal système I Drive, une incroyable panoplie de commandes et d'informations visant à faciliter la vie du conducteur. Mon ?il ! À moins d'avoir un brevet en informatique doublé d'un quotient intellectuel au-dessus de la moyenne, vous aurez l'air plus souvent qu'autrement d'un « twit » achevé. Et ce n'est pas tout, puisque ces BMW (aussi bien la 745 que la 760) de la classe supérieure sont dotées de commandes inhabituelles comme ce levier de vitesses tout maigrichon qu'il faut manipuler dans toutes les directions pour enclencher les divers modes de la transmission automatique six vitesses. Heureusement que des touches situées sur et sous le volant permettent de monter ou de descendre les divers rapports. Même le lancement du moteur exige trois opérations distinctes. Une fois ces particularités assimilées, vous pourrez commencer à prendre plaisir au volant de votre BMW. Mais dites-vous bien que cela pourrait vous prendre quelques semaines et une mémoire d'éléphant avant de pouvoir faire simplement avancer la voiture ou sélectionner votre station de radio préférée. Même mon bon ami Richard, un adorateur de BMW, a quitté la voiture au bout de cinq minutes, victime d'un stress incommensurable. C'est tout dire? Quant à moi, je n'ai jamais pu faire fonctionner le lecteur DVD à partir du second écran de communication qui est à la disposition des passagers arrière.
Un bouillant V12
Heureusement que cette BMW a des joyeusetés plus simples à nous offrir tel ce magnifique moteur V12 de 6 litres développant la bagatelle de 438 chevaux. Avec près de 2 tonnes et demie à mouvoir, ce n'est pas superflu. En revanche, un 0-100 km/h en 6,2 secondes est plutôt honorable et se compare à celui de bien des sportives aguerries. Ce qui impressionne davantage toutefois, c'est la douceur remarquable de ce V12 et son faible niveau sonore, ce qui gomme toute impression de vitesse. On roule facilement à 150 km/h en pensant que l'on n'excède pas les 120 km/h. Bref, vous êtes à la merci du premier flic venu qui a cru bon de se cacher comme un voleur pour vous arracher quelques centaines de dollars.
Si jamais vous avez le temps de freiner toutefois, sachez que la puissance de ralentissement de ce monument sur roues est facilement du calibre d'une Porsche comme le démontre une distance de seulement 36 mètres entre 100 km/h et l'arrêt complet. Ça aussi, c'est dans le même registre que les sportives de Stuttgart. Le seul petit reproche que l'on puisse adresser au groupe propulseur est le manque de progressivité de l'accélération, surtout lorsque le moteur est froid en hiver. Et la direction pourrait être un brin plus expressive sur la nature du revêtement routier. Est-il besoin de souligner que le confort est? comment dirais-je? royal. Et cela sans que la tenue de route en souffre le moindrement. La 760 Li enfile les virages, même serrés, sans roulis et avec beaucoup d'aplomb.
Une Rolls Royce ou presque
Pour décrire l'intérieur, il faut pratiquement troquer son bonnet de pilote d'essai pour celui d'un spécialiste en ameublement. Depuis le seuil de porte qui s'illumine du sigle V12 à l'entrée jusqu'à la ronce de noyer qui étale son luxe un peu partout, la 760 Li vous propose un intérieur si somptueux que l'on se croirait dans une Rolls Royce. Pas surprenant que la marque anglaise soit la propriété de BMW qui a beaucoup travaillé sur la dernière Phantom. La 760 va même jusqu'à lui prêter son moteur.
Parmi les touches spéciales de la 760, on peut relever ses sièges chauffants et réfrigérants (avant et arrière), un avertisseur sonore de proximité, le cellulaire intégré au tableau de bord, un réfrigérateur derrière l'accoudoir central et 43 petits boutons disposés Çà et là à l'usage des passagers arrière. Ceux-ci peuvent aussi s'amuser à se montrer plus « fins » que le conducteur en manipulant leur propre molette I Drive sur le second écran logé sur la partie arrière de la console centrale.
Comble de petites attentions, les appuie-tête arrière se règlent automatiquement selon la taille du passager qui bénéficie en plus d'un petit coussin pour y poser ses Ferragamo. Quant à l'espace arrière, même un joueur de basket y trouvera assez de place pour ses longues jambes. Après 10 jours au volant de la 760 Li, on y découvre encore de nouveaux accessoires tellement la voiture fourmille d'équipements électroniques ou autres.
Rappelons en terminant que la BMW de Série 7 existe aussi en version 745i avec un moteur V8 de 4,4 litres et 325 chevaux. À part un équipement moins substantiel, elle comporte à peu de choses près les mêmes qualités que la 760 Li qui se distingue par son moteur V12 et son empattement allongé de 14 cm.
En conclusion, on peut aimer passionnément cette grande BMW ou la détester profondément, il n'y a pas de milieu. À vous de décider si vous êtes prêt pour une voiture de luxe éminemment plaisante à conduire mais d'une complexité technologique qui n'est pas de tout repos.