Cadillac CTS, l'annonciatrice ne cesse d'étonner

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Jacques Duval

Généralement bien accueillie l'an dernier par Le Guide de l'auto, la Cadillac CTS l'a été encore davantage par la clientèle. Et cela en dépit d'une silhouette que plusieurs jugeaient rébarbative. Cette ligne tout en angles a fini par accrocher et c'est tant mieux puisqu'elle était le prélude à plusieurs autres modèles de la même lignée chez Cadillac. En réalité, la CTS a été l'annonciatrice d'un tournant majeur dans la philosophie de Cadillac. Ce fut en quelque sorte le premier échelon d'un podium que le constructeur américain s'efforce de gravir grâce à tout le dynamisme de sa jeune équipe. On trouvera ailleurs les autres modèles phare de la renaissance de Cadillac (XLR et SRX). Voyons ici ce que la CTS cuvée 2004 cache dans ses bagages.

On a d'abord voulu faire taire la critique concernant la puissance du moteur. Le 3,2 litres V6 de 220 chevaux reste au programme mais se fait accompagner d'un tout nouveau V6 VVT (Variable Valve Timing) de 3,6 litres de 255 chevaux. Ces 35 chevaux additionnels ne s'attellent toutefois qu'à la transmission automatique à cinq rapports tandis que le moteur de base hérite exclusivement de la boîte manuelle Getrag à cinq rapports. Bien sûr, ce n'est pas la fin du monde, et la CTS 2004 est forte de quelques autres petits raffinements qui élèvent son agrément de conduite d'un cran. Déjà très satisfaisante, la suspension a été réétudiée et les amortisseurs, tout comme leur point d'ancrage, sont nouveaux. Ce seul changement m'a semblé éliminer l'effet déplaisant de rudesse ressenti dans le modèle 2003 doté de la suspension sport.

L'autre irritant de la première CTS était son tableau de bord plutôt massif. On en a atténué les effets par une meilleure intégration de la console centrale qui, en adoptant la même couleur que le reste, se marie mieux au décor. À part le double échappement du moteur 3,6, ne cherchez pas de modifications d'ordre esthétique. Car, en dépit d'une silhouette que plusieurs disaient vouée à l'échec, cette Cadillac à l'européenne a fini par se faire admirer. À un point tel que l'on en a vendu plus de 37 000 exemplaires, alors que l'on ne s'attendait pas à dépasser les 30 000 livraisons. Bref, cette voiture n'a pas fini de nous étonner.

400 chevaux en vue

Attendez d'avoir vu et conduit la première création du groupe Performance de General Motors, la CTS-V Series. Les BMW M5, Audi RS6 et autres AMG de souche allemande n'auront qu'à bien se tenir. On fait état d'un V8 de 400 chevaux avec boîte manuelle, sièges Recaro, roues grandes comme Ça et toute la panoplie des voitures « essaye de me suivre ». Cela démontre toute l'efficacité de la plate-forme Sigma à roues arrière motrices que GM utilise pour la CTS.

En préparation pour ce Guide de l'auto, j'ai conduit ces Cadillac revues et corrigées et j'en suis revenu assez impressionné. Sur un parcours sinueux, la CTS normale fait preuve d'une remarquable agilité et je commence à croire les auteurs des cascades de The Matrix Reloaded quand ils affirment que cette voiture est l'une des plus faciles à conduire à la limite. D'ailleurs, l'an dernier, lors de notre match comparatif opposant la CTS à la BMW 330 et à l'Infiniti G35, j'avais écrit : « La voiture affiche un survirage facile à contrôler à la limite et on a l'impression que l'on peut la lancer dans les virages à des allures folles sans courir le moindre risque. » Fin de la citation. En résumé et plus que jamais cette année, elle s'inscrit parfaitement dans le créneau sélect des berlines sport. Et les moteurs émettent cette délicieuse sonorité qui se marie parfaitement à leur vocation.

L'ingénieur s'informe

Pendant mon essai sur la route, j'étais accompagné d'un ingénieur attaché à la division Cadillac de GM qui était curieux de savoir ce que je n'aimais pas de la CTS 2004 dans sa version de 255 chevaux. Je lui ai d'abord répliqué que je n'étais pas très entiché du tableau de bord et de certains plastiques (surtout dans les contre-portes) qui trahissaient le côté bas de gamme de cette Cadillac. Et comme nous étions en train de négocier une portion de route assez montagneuse, je lui ai aussi signalé que la transmission automatique ne semblait jamais savoir quel était le rapport le plus approprié à adopter dans les circonstances. Il en résultait de fréquents enclenchements d'un rapport inférieur selon un phénomène connu dans le métier sous le nom de « hunting ». En d'autres termes, la transmission est constamment à la chasse au bon rapport, ce qui devient agaÇant pour le conducteur. Cela dit, cette transmission automatique n'a rien perdu de sa qualité première, c'est-à-dire cette rapidité avec laquelle elle répond aux sollicitations de l'accélérateur.

Si j'avais été assis à l'arrière, comme un peu plus tard au cours du voyage, je lui aurais dit aussi que le peu d'espace pour les jambes finit par devenir inconfortable après quelques heures. On peut évidemment en dire autant de plusieurs autres modèles de la même famille, que ce soit l'Audi A4 ou la BMW Série 3.

Si la Cadillac CTS est aussi douée au chapitre du comportement routier, il faut donner le crédit à son châssis d'une belle rigidité et à une direction à court diamètre de braquage qui met en relief sa grande agilité. Comme elle prête son architecture et la plupart de ses composantes mécaniques au nouvel utilitaire sport SRX de format moyen, on peut espérer de bien belles choses de ce nouveau modèle. Assurément, Cadillac est fort bien partie pour remonter la côte.

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