Chevrolet Cavalier, hot-dogs

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Le Guide de l'auto

C'est un euphémisme de dire que le hot-dog n'est pas le plus raffiné des aliments. Fabriqué avec les parties les moins nobles de certains animaux (on aime autant ne pas savoir lesquelles), il constitue une bonne source de gras et d'additifs chimiques, et possède des propriétés digestives qui lui ont valu le surnom familier de « roteux ».

Pourtant, rien n'empêche que le hot-dog se vend comme des petits chiens chauds ! Parce que c'est mangeable, parce que Ça remplit facilement un ventre creux, et surtout parce que Ça ne coûte pas cher. Il ne faut pas se surprendre de sa popularité, même si son goût demeure éminemment discutable. Un postulat analogue est probablement à l'origine de la mise en marché de la Cavalier par GM. La presse spécialisée a beau critiquer cette compacte, il reste qu'elle a été ? une fois de plus ? la voiture la plus vendue au Canada en 2002, et même au Québec si on tient compte des ventes de son clone, la Pontiac Sunfire.

Dépouillement

Ce succès populaire se poursuivra-t-il indéfiniment ? Probablement aussi longtemps que GM gardera en vigueur sa politique agressive de rabais. Pour vous en donner une petite idée, sachez que j'ai vu récemment une publicité annonÇant une Cavalier 2003 flambant neuve à 11 899 $, une réduction de près de 25 % sur le prix suggéré par le manufacturier.

Trop beau pour être vrai ? Oui et non. Oui, c'est vrai, même si pour ce faire, GM a dû retirer en 2003 les freins ABS de la liste d'équipement de série. Mais, non, ce n'est pas trop beau. Ouvrir la porte d'une Cavalier, c'est s'exposer à recevoir une grosse bouffée de spleen en pleine gueule. L'habitacle est d'une grisaille pratiquement sans égale, sauf chez certains autres produits GM. Le design semble être l'?uvre d'un bricoleur maison, les matériaux ont un aspect miséreux, et l'assemblage est à la va-comme-je-te-pousse.

Soit, la version VL de base offre bien une radio, des porte-verres et une console de rangement entre les sièges avant. L'ouverture du coffre peut s'effectuer de l'intérieur, la lunette arrière comporte un dégivreur électrique, les essuie-glaces ont une vitesse intermittente (une, à prendre ou à laisser !), et l'éclairage plafonnier est à extinction progressive (wow !). Mais j'ai personnellement été envahi par un abattement passager en constatant que le rétroviseur extérieur droit n'a même pas droit à une commande à distance ; il vous faut, pour l'orienter, abaisser la glace côté passager et y laisser vos empreintes digitales. La disposition des contrôles ne pose pas de problème, mais la colonne de direction non réglable dans la version de base impose ses limites à la recherche d'une bonne position de conduite.

Le coffre est assez logeable, et il s'agrandit par l'inclinaison 60/40 du dossier arrière, ce qui constitue sans doute la plus grande vertu de ladite banquette. En effet, le supplice auquel elle soumet ses occupants est encore pire que celui imposé par les sièges avant, qui sont pourtant des modèles d'inconfort. Imaginez maintenant une suspension sensible à la moindre inégalité, en plus d'une isolation acoustique qui ne vous épargne pas grand-chose en fait de pollution sonore, et vous aurez une bonne idée de ce qu'est la vie dans une Cavalier circulant à vitesse de croisière.

Sur le plan de la conduite, ce n'est pas la joie non plus, car la direction se montre floue, et la voiture obéit gauchement aux man?uvres brusques. Il faut malgré tout lui reconnaître un comportement prévisible et une tenue de route acceptable tant qu'on se contente sagement de respecter ses limites, ce qu'on est d'autant mieux de faire que les freins sont peu efficaces et vite sujets à l'échauffement, et que les pneus d'origine pourraient facilement se retrouver sur un comptoir de Dunkin Donuts si ce n'était de leur taille.

On en arrive à la substantifique moelle de cette voiture, la saucisse qui vous en donnera pour votre faim, j'ai nommé le moteur Ecotec de 2,2 litres. Souple, relativement doux et économe de carburant, il se compare avantageusement à ce qui se fait chez la concurrence. Il est jumelé d'office à une transmission manuelle Getrag à cinq rapports qui accomplit assez correctement sa tâche, alors que l'automatique à quatre rapports fait beaucoup mieux.

Le guide alimentaire version GM

La Cavalier se décline en versions VL, VLX et Z24, disponibles chacune en format coupé ou berline. Le coupé offre légèrement moins d'espace, et présente des résultats inférieurs en ce qui a trait à la protection accordée aux occupants lors d'un impact, protection qui laisse déjà à désirer dans la berline. Si vous n'aimez pas votre hot-dog trop dégarni, vous feriez bien de porter votre choix sur la version VLX. Elle offre les principales assistances électriques, un lecteur CD, de même que quelques garnitures et petits accessoires qui rehaussent le menu d'ensemble.

Quant à la Z24, avec ses roues de 16 pouces, ses réglages plus fermes de suspension et ses quelques artifices esthétiques (ailerons, moulure à « allure effet de sol »), elle n'a de sportive que les prétentions du service de marketing de GM. Il reste à voir si son prix plus élevé se justifie par l'ajout d'un régulateur de vitesse, de la climatisation et de l'ABS.

Choix « alimentaire » essentiellement dicté par la nécessité, la Cavalier retient surtout l'attention à cause des rabais ponctuels accordés par GM qui, incidemment, offrira au menu dès le début de l'année 2004 la Chevrolet Cobalt élaborée en versions coupé et berline sur la nouvelle plate-forme Delta, dotée du même moteur Ecotec. Elle promet d'être plus respectueuse de votre santé.

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