Chevrolet Tracker, p'tit trio va loin...

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Alain Morin

Inutile de se le cacher, 95 % des VUS présentement en circulation ne mettront jamais les pneus à côté de la route. Qui irait foutre une bébelle de plusieurs dizaines de milliers de dollars dans la boue jusqu'aux vitres ? Heureusement, ceux qui veulent faire Ça sans se ruiner peuvent compter sur le trio Chevrolet Tracker, Suzuki Vitara et Grand Vitara.

Les Chevrolet Tracker et Suzuki Vitara sont, à quelques sigles et jeux d'options près, des jumeaux identiques. Cette année, la version deux portes est éliminée du catalogue. En même temps, exit le moteur quatre cylindres de 2 litres. Désormais, qui dit Tracker ou Vitara dit V6 2,5 litres de 165 chevaux. Personne ne devrait pleurer ces disparitions, sauf peut-être quelques irréductibles de la conduite hors route qui appréciaient ses 134 lb-pi de couple disponibles à seulement 3000 tr/min.

Le couple, c'est important?

Le V6, lui, livre son couple maximal de 162 lb-pi à 4000 tr/min. Si ces derniers chiffres ne vous disent rien, sachez que le couple, c'est important. Ma conjointe me le rappelle quelquefois? Le torque, puisque c'est sous ce nom que le couple est le mieux connu, se révèle fort utile, surtout en conduite hors route. Plus le couple est disponible à bas régime, plus il permet de se sortir plus facilement d'un tracé difficile. À cet égard, les Vitara/Tracker et Grand Vitara imposent le respect. Leur système à quatre roues motrices débrayable n'est sans doute pas ce qui se fait de plus sophistiqué sur la planète, mais il n'en demeure pas moins efficace.

Les Vitara et Tracker six cylindres, à l'instar du Grand Vitara, se montrent donc agréables à conduire sur la route tout en demeurant respectables à côté. Même si le V6 se tire bien d'affaire, la transmission automatique de notre Grand Vitara d'essai rouspétait, quelquefois avec véhémence, lors du passage de la première à la deuxième vitesse. Sur la console, on retrouve un bouton « power ». Ne vous attendez surtout pas à une poussée de nitro si vous enfoncez ce bouton. Son rôle consiste simplement à ordonner à la transmission de conserver le régime moteur lors du passage des vitesses, surtout lorsque le véhicule doit remorquer une charge. À noter que le poids maximal que le Grand Vitara peut traîner est de 900 kilos (2000 livres).

Sur la route, entendons-nous pour débarrasser les Vitara/Tracker et Grand Vitara de l'étiquette « sport ». Ils sont agréables à conduire, certes, mais le roulis apparaissant dans une courbe négociée un peu trop rapidement pousse le conducteur à relever le pied aussitôt. Sur les trous et les bosses qui constellent notre réseau routier québécois, la suspension se dandine et louvoie sans trop de gêne mais sans jamais se montrer aussi capricieuse que celle du XL-7, plus long. La direction floue n'aide pas vraiment la situation. Sur une note plus amusante, notons que les Tracker, Vitara et Grand Vitara s'auto-arrosent. C'est-à-dire qu'au passage du pneu avant droit dans le moindre trou d'eau, le pare-brise est immédiatement éclaboussé !

Puisque le quatre cylindres est abandonné, il faut tout de même respecter une certaine hiérarchie pour que le Grand Vitara demeure au sommet de la gamme. À défaut d'être vraiment plus grand que les autres, l'habitacle du Grand Vitara se montre sans l'ombre d'un doute plus contemporain que celui du Vitara. Le premier hérite, à quelques détails près, du tableau de bord du XL-7 et le deuxième doit encore se contenter d'une planche dessinée par un homme des cavernes. Dans le Grand Vitara mis à l'essai, le chauffage peinait à réchauffer l'habitacle et les commandes pour les essuie-glaces avant et arrière étaient facilement inverties par votre humble et merveilleux serviteur. De plus, malgré quelques appliques d'imitation de titane qui créaient un impact visuel rafraîchissant, nous ne pouvons passer sous silence la piètre qualité de la finition. Du tissu des sièges arrière mal coupé à la console qui bouge dès qu'on actionne le levier de vitesses en passant par une moulure de pare-brise installée à la va-vite, disons qu'on a déjà vu mieux. Pourtant, la finition extérieure ne s'attire aucun commentaire négatif.

Mais il n'y a pas que des points négatifs, pardi ! Les sièges avant se révèlent confortables en dépit d'un support latéral à peu près inexistant et il s'avère aisé de trouver une bonne position de conduite. Cependant, je n'ai pas encore compris pourquoi le siège pouvait s'approcher jusqu'à pratiquement toucher le tableau de bord. Les conducteurs mesurant moins de 1 mètre sont tout de même assez rares? Si les concepteurs pouvaient récupérer cet espace vers l'arrière, les conducteurs de près de 2 mètres leur en seraient reconnaissants. Quant aux places arrière, notez que la faible largeur du véhicule n'autorise que le transport de deux personnes, de préférence pas trop portées à se plaindre? Une troisième personne héritant de la place médiane pourrait devenir très violente, très rapidement. À oublier.

Tendance vers le haut de gamme

Même si les Vitara/Tracker et Grand Vitara font partie de la catégorie des VUS, « véhicules utilitaires sport », je les classerais plutôt dans la catégorie VUAIMPS « véhicules utilitaires abordables et intelligents mais pas sport ». Cette année, le retrait du quatre cylindres marque peut-être le début de la fin du mot « abordable ». Je souhaite sincèrement que Suzuki (et Chevrolet) n'embarquent pas, au cours des prochaines années, dans une escalade de puissance et, bien entendu, de prix.

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