Dodge SX, dans les petits pots

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Le Guide de l'auto

Autrefois considérée comme étant l'apanage quasi exclusif des grosses cylindrées, la haute performance est, plus que jamais, apprêtée à toutes les sauces. Le meilleur exemple constitue à coup sûr la popularité sans cesse grandissante d'une nouvelle génération de petites voitures performantes et fiables, ce qui met un frein aux excès parfois périlleux de la transformation automobile. Et c'est tant mieux puisque les modifications apportées par les constructeurs sont homologuées (donc légales) et appuyées par une garantie en bonne et due forme.

Cela explique la présence pour ce millésime d'une version athlétique de la Dodge SX connue sous l'appellation SRT-4 qui promet d'en faire baver aux propriétaires de Focus SVT, MazdaSpeed et SE-R Spec V.

Comme il est de coutume à Detroit, une voiture à cachet exclusif se doit de se distinguer et la SRT-4 ne fait pas exception à la règle. C'est pourquoi les responsables de sa création n'ont pas manqué de la farder (pas trop quand même) d'une foule d'artifices aérodynamiques, de roues en alliage, de phares antibrouillards et d'une paire d'embouts d'échappement au chrome étincelant pour lui permettre d'afficher sa spécificité et son agressivité.

Si l'exercice de style ne risque pas de passer inaperÇu, reste que la présentation intérieure n'a pas eu tout à fait droit à la même attention. L'intérieur de la SRT-4 nous ramène à la « tristesse » des versions ordinaires. Fermons les yeux sur l'affreux volant à quatre branches, pour apprécier la clarté et la lisibilité de l'instrumentation (déposée sur un fond blanc) qui s'enrichit d'une jauge permettant de visualiser le souffle du turbocompresseur et la qualité des baquets avant. Mais tout n'est pas parfait cependant (accrochez-vous, la phrase est longue) : on tique toujours sur la nécessité d'appuyer sur une clenche pour retirer la clef de contact ; sur le fait que les glaces arrière s'ouvrent à l'aide de manivelles alors qu'à l'avant, elles sont à commande électrique ou encore sur l'emplacement du lecteur de disques compacts qui se terre pratiquement sous la console centrale.

La SX se targue d'offrir un habitacle spacieux ; mais, de là à accueillir cinq adultes comme le prétend DaimlerChrysler, il y a un pas que je ne franchirais pas. Par contre, il est juste de dire que l'accès aux places arrière s'effectue plus aisément que naguère, et que l'on ne se frotte plus le postérieur contre l'arche des puits de roues, mais plutôt la tête contre le pavillon. Vrai aussi que le coffre est logeable, et que son seuil toujours aussi bas favorise le chargement des objets lourds.

Caractère, caractère

Avant d'aborder les performances de la SRT-4, un mot sur les versions ordinaires. En dépit des multiples améliorations dont il a fait l'objet au fil des années, le moteur quatre cylindres de 2 litres (132 chevaux dans la version de base contre 150 dans la R/T) demeure toujours rugueux et bruyant, quoique les matériaux isolants dont on l'a affublé au fil des années rendent ses lamentations moins audibles. Il faut aussi reconnaître qu'il s'exprime sur une plage d'utilisation plus étendue, et se révèle assez vif à bas et moyen régimes.

Pour connaître l'ivresse sans le flacon, c'est du côté de la SRT-4 qu'il faut se tourner. Délivrant désormais 230 chevaux et 250 livres-pieds de couple, le quatre cylindres 2,4 litres suralimenté par turbocompresseur ne manque pas de pédale. En fait, il en a peut-être trop puisqu'il est particulièrement difficile de s'élancer rapidement sans cirer l'asphalte qui se trouve sous ses roues. Et pour nous faire perdre un peu plus de temps encore, il faut savoir baratter le levier de la transmission manuelle à ? seulement ? cinq rapports comme il se doit, c'est-à-dire violemment. Sa course est beaucoup trop longue et son guidage toujours aussi imprécis. Et comme un malheur ne vient jamais seul, l'embrayage manque toujours de progressivité, tout comme l'accélérateur d'ailleurs, ce qui rend plus difficile d'adopter une conduite coulée.

Un châssis mésadapté

Tout comme la R/T, la SRT-4 repose sur une suspension à la géométrie nouvelle en vue, notamment, de plaquer les roues au sol. En outre, la suspension peut compter sur des barres stabilisatrices plus grosses destinées à mieux contrôler les mouvements de caisse dans les virages. Toutes ces modifications se traduisent par un débattement de suspension plus limité ce qui, considérant l'état de nos routes, n'est pas toujours une bonne affaire. Poids bien réparti (63 % à l'avant contre 37 % à l'arrière) et présence de pneumatiques de 17 pouces assurent à cette « puce atomique » un comportement routier équilibré, mais pas aussi sportif que celui d'une Focus SVT par exemple. Ainsi, la direction ne transmet pas avec autant d'acuité les reliefs de la route et le châssis manque cruellement de rigidité pour soutenir le rythme sur les routes sinueuses. En fait, le comportement de la SRT-4 n'est pas sans ressembler à celui de la SE-R Spec V de Nissan. Moteur gonflé, mais châssis incapable d'exploiter pleinement la puissance.

Ce qui frappe le plus ? Le freinage, c'est indiscutable. Jamais une SX n'a aussi bien freiné. Et pour cause : on retrouve des disques aux quatre roues (ils sont ventilés à l'avant) qui permettent de l'immobiliser sur des distances passablement courtes. Toutefois, même si le système de freinage a gagné du muscle, la course de la pédale, dans notre modèle d'essai à tout le moins, demeure encore longuette.

La SRT-4 n'est sans doute pas la sportive de poche la plus raffinée qui soit. Mais qui s'y frotte, s'y pique.

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