Ford Taurus, cours du soir...

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Alain Morin

Un talent fou, une jeunesse à prendre à pleines mains. Puis, une mauvaise décision et l'élève se retrouve à suer dans une usine. Après quelques années à se demander ce qui s'est passé, l'élève prend des cours du soir. Toujours le même talent mais avec la sagesse du temps perdu.

La Ford Taurus a suivi ce tracé combien de fois emprunté? Les débuts en 1986 sont spectaculaires et la voiture de l'année devient un « best-seller » du jour au lendemain. En 1996, il faut lancer une deuxième génération. Oups ! La nouvelle Taurus est différente, trop différente et se retrouve à l'index. Correction du tir en 2000 avec une Taurus plus sage. Trop sage ?

Les lignes de la Taurus ne font toujours pas l'unanimité. La familiale semble mieux se tirer d'affaire sur ce point, mais puisqu'il s'agit d'un domaine purement subjectif, passons. Arrêtons-nous un peu, cependant, sur la piètre qualité de la finition extérieure de notre voiture d'essai, une SEL Premium familiale. On peut toujours accepter des moulures de pare-brise mal collées, mais une porte avant mal ajustée alors que le véhicule n'a même pas encore fêté ses 2000 kilomètres et un joint du hayon fini à la main avec un papier sablé rugueux nous semblent nettement en deÇà des normes actuelles. On est bien fier chez Ford du nouveau nez de la Taurus 2004 qui montre maintenant un semblant de moustache à la manière Mercedes. Ah?

Cours de design, SVP

L'accès à bord s'exécute par des portières lourdes qui tournent sur des pentures un peu trop fermes (à l'arrière surtout). Une fois assis au volant, la position de conduite idéale se trouve en un clin d'?il, grâce au volant ajustable en hauteur et, surtout, au pédalier réglable en profondeur. Le cuir qui recouvrait les sièges de notre Taurus ressemblait plus à du vinyle tant il était dur et d'une qualité douteuse. Les places arrière se montrent confortables malgré un dossier trop droit mais, tout comme les sièges avant, elles n'offrent qu'un bien piètre support latéral. Dans la version familiale, une troisième banquette sort du plancher du coffre comme par magie et vient se positionner face à l'arrière. Nul doute qu'au début les enfants se battront pour s'y asseoir. Après quelques heures, ils se battront pour retourner sur un vrai siège? Pour certaines familles, cependant, il peut s'agir d'une solution alternative intéressante aux fourgonnettes et VUS plus dispendieux.

La partie centrale du tableau de bord recèle une foule de boutons de bonnes dimensions qui contrôlent la climatisation et la radio. Malheureusement, ces boutons sont tous de même forme, ce qui oblige le conducteur à quitter la route des yeux pour s'y retrouver. Les autres commandes sont placées Çà et là, au gré des émotions des concepteurs, sans doute. En fait d'ergonomie, j'ai déjà vu mieux. Même le repose-pied est mal placé. Au moins, on retrouve dans l'habitacle plusieurs espaces de rangement et un appareil radio au son riche. Ai-je mentionné que le climatiseur est efficace ?

Suspension pour manque de rigueur?

C'est en conduisant la Taurus qu'on apprend à l'apprécier. Il s'agit d'une bagnole confortable, relativement silencieuse et au comportement routier sain. Deux moteurs de 3 litres sont disponibles. Tout d'abord, le V6 Vulcan développant 155 chevaux est offert sans frais supplémentaires dans tous les modèles sauf les versions SEL Premium. Le V6 Duratec, lui, fournit 200 chevaux et se trouve d'office dans les SEL Premium et, en option, dans les SE et SEL. La LX, la configuration de base, n'a pas droit à cet engin, ni à des freins à disque aux quatre roues (et l'ABS n'est même pas optionnel !), ni au pédalier ajustable. Mais revenons à nos « mouteurs ». Si les performances du Vulcan sont un peu justes, celles du Duratec font amplement la besogne. Certes, on ne se procure pas une Taurus pour aller « s'essayer » contre des p'tits jeunes avec leurs Civic « boostées » au maximum, mais on peut compter sur la pédale de droite pour se sortir du pétrin à l'occasion. Comme dans à peu près tous les moteurs V6 actuellement en production, trois bougies seront difficiles à changer lorsque le temps et les kilomètres auront fait leur oeuvre. Et que dire de l'alternateur, aussi mal placé que mal protégé contre l'eau.

Avec ses pneus de 16 pouces, la Taurus semble faite pour s'accrocher à la route. Mais la mollesse des suspensions a tôt fait de ramener le hardi conducteur dans les limites de la légalité. En revanche, cette même mollesse se traduit par un habitacle confortable, même lorsqu'on rencontre trous et bosses. La direction s'avère un peu engourdie, ce qui nous fait davantage remarquer que la Taurus n'est pas une voiture très agile. Quant aux freins à disque de la voiture testée, ils n'ont pas montré une très grande résistance à l'échauffement et à chaque essai, l'avant plongeait passablement tout en pointant soit vers la droite, soit vers la gauche.

Pas pour les jeunes

D'une certaine faÇon, la Taurus illustre tout ce qui va et ne va pas chez les constructeurs américains. Il y a cette difficulté à attirer les jeunes acheteurs qui n'ont que faire d'un style certes moderne mais sans âme. Les moteurs se montrent technologiquement au point mais les suspensions, axées sur le confort, ne leur permettent pas de bien s'exprimer. Au chapitre de la qualité de la finition, le manque de raffinement est évident comparativement aux produits japonais, par exemple. Malgré tout, la Taurus est une bonne routière. Et la familiale, une bonne routière, utile en plus ! Mais laissons la Taurus à ses cours du soir. On risque d'être surpris lorsqu'elle recevra son diplôme?

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