Honda S2000, usurpation d'identité

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Le Guide de l'auto

Répondant à la critique de plusieurs amateurs qui se plaignaient du faible couple à bas régime de la S2000, le constructeur Honda a révisé la mécanique de son roadster. Et, tant qu'à y être, il y va de quelques mises à jour sur le plan de l'esthétique. En attente de l'éventuelle S1000 prévue pour 2006, les inconditionnels de performance à la japonaise ont de quoi s'amuser?

Ce n'est d'ailleurs pas la seule modification apportée au petit roadster, puisque la calandre est révisée, tout comme sa contrepartie arrière. Les deux pare-chocs, les phares et les feux arrière se voient donc redessinés. Des jantes de 17 pouces remplacent celles de 16 pouces et l'échappement hérite d'un nouvel embout.

Visuellement, on doit rendre à la Z4 de BMW ce qui lui revient, car il s'agit du roadster le plus osé à rouler sur nos routes. Par comparaison, la S2000 reste très sobre, à la limite de la timidité. L'intérieur de la S2000 n'est pas en reste non plus, la console et les cadrans étant nouveaux de cette année. On rêvait d'une nouvelle configuration du tableau de bord améliorant la position de certaines commandes, mais on n'aura droit qu'à une nouvelle décoration plus moderne, très jolie, tout de même.

Nouvelles qualités, mêmes défauts

La nouvelle cuvée de la S2000 ne corrige toutefois pas la principale lacune propre à de nombreux roadsters : le manque d'espace pour les passagers. On sait que les meilleurs pilotes de course sont souvent les plus petits et les plus légers, mais les ingénieurs de véhicules de production semblent parfois oublier que les plus corpulents peuvent quand même être amateurs de performance.

L'habitacle de la S2000 est un de ces endroits où n'entre pas qui veut. La colonne de direction est fixe et le volant ne s'ajuste pas, ce qui peut nuire à la visibilité des cadrans, voire à la position de conduite idéale chez certains. Pour les autres, ces chanceux, l'ergonomie est très satisfaisante. Les sièges peuvent s'avérer très confortables, même si leur cuir sombre peut chauffer rapidement au soleil. Le rayon du volant est court, le levier de vitesses est plutôt petit et agréable à manipuler et on joue du pédalier avec aisance.

N'espérez pas non plus trouver de rangement dans la S2000. Pour vous dire, le volume du coffre est trois à quatre fois plus étroit que le coffre moyen d'une berline quelconque. C'est donc d'une évidence béante que la seule fonction de la S2000 orbite autour de la performance et de la conduite.

Anticipation

Malgré toute l'anticipation qu'il suscite, sachez que le nouveau moteur qui loge à l'enseigne S2000 est un usurpateur. Indigne de se nommer S2000, le roadster 2004 de Honda devrait plutôt être rebaptisé S2200, puisque l'appellation d'origine (non contrôlée, semble-t-il !) référait d'abord à l'année d'introduction du modèle, mais aussi au volume de la cylindrée, qui était de 2000 cc (1997, précisément, mais on excuse l'approximation en raison de la référence à l'an 2000).

Indigne également parce que le quatre cylindres de 2 litres qu'il remplace était une pièce historique d'ingénierie, ne serait-ce que parce que son rapport de 120 chevaux au litre était du jamais vu jusque-là pour un moteur à aspiration naturelle.

Vous aurez donc compris que ce nouveau 2,2 litres doit remplir des souliers de forte pointure. Sa seule échappatoire possible demeure la performance. À 240 chevaux lui aussi, ce quatre cylindres a quelques as dans sa manche. Notamment, un couple maximal accru qu'on atteint à un régime moins élevé qu'avec son prédécesseur. On passe de 153 à 161 lb-pi à 6500 tr/min (au lieu de 7500). Dans la foulée, on a aussi réorganisé les rapports de la boîte manuelle, pour maximiser l'expression du nouveau moteur.

Par incidence, la puissance est disponible à plus bas régime. Dans la S2000, comme dans la plupart des sportives japonaises récentes profitant d'un système comparable au VTEC, le calage variable des soupapes prolonge cet état de grâce jusqu'à des régimes plus élevés que la normale. On peut s'attendre que le nouveau 2,2 litres délivre une puissance équivalente dans les régimes supérieurs. À plus bas régime, les roues surdimensionnées pourraient nuire au décollage, mais il fallait bien faire ce compromis pour satisfaire l'?il. Et ce ne sont pas des jantes de 18 pouces qui empêchent une Porsche Boxster de coiffer la S2000 au 0-100 km/h?

Sur le plan de la conduite, de nouvelles barres stabilisatrices s'ajoutent à une suspension déjà sensationnelle. Le défaut récurrent des roadsters étant la faible rigidité de la caisse, la S2000 pouvait se vanter à ce jour d'être avantageusement comparable à ce chapitre à une Mercedes-Benz SLK. La masse du roadster avait la particularité d'être parfaitement répartie (50/50) entre l'avant et l'arrière. L'ajout des quelque 26 kilos du nouveau quatre cylindres ne constitue pas une augmentation majeure de poids et ne devrait pas changer son comportement de faÇon notoire. La question est de savoir si le freinage et la direction s'accommoderont de ces nouvelles statistiques, ce qui ne devrait pas poser de problème.

Rumeurs?

Une diminutive version de la S2000 serait lancée en 2006. Développant 120 chevaux grâce à un moteur de 1 litre, la S1000 serait un roadster à l'allure passablement plus échevelée qui offrirait une mécanique aussi spectaculaire que celle de la S2000. Compte tenu de l'agilité et des performances exceptionnelles de cette dernière, on a peine à imaginer comment cela sera possible !

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