Infiniti M45, un faux pas de Nissan

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Le Guide de l'auto

Depuis le lancement très réussi de la G35, la direction d'Infiniti donne ? enfin ? l'impression de savoir où elle va et ce que nous, consommateurs, voulons. Seul faux pas : l'idée d'insérer la M45 au sein de son alignement partant. Une automobile destinée à un créneau assez confidentiel, mais indispensable paraît-il pour faire le pont avec son haut de gamme, la Q45.

Avant la tenue de l'édition 2002 du Salon automobile de New York, à peu près personne n'avait entendu parler de la M45. D'où pouvait bien sortir ce véhicule qui, au premier coup d'?il, ressemblait à une réincarnation de la Ford LTD avec son immense calandre nickelée et ses formes équarries ? Une « auto de vieux » aux yeux de mon fils de neuf ans.

Quand vient le moment de raconter l'origine de tel ou tel modèle, l'industrie automobile japonaise agace tellement la presse avec sa mémoire pleine de trous qu'on se demande si elle ne fait pas exprès. Cela dit, de la M45, la direction d'Infiniti reconnaît, sans trop donner de détails toutefois, qu'elle circule depuis quelques années déjà sur les routes de l'archipel sous les traits de deux berlines : Cedric et Gloria. La première vise une clientèle bourgeoise, alors que la seconde s'adresse aux amateurs de conduite sportive. Ce que la marque de prestige de Nissan ne dit pas, c'est que les Cedric et Gloria partagent aussi leur plate-forme avec une autre berline, la Leopard XV. Et celle-ci ne nous est pas inconnue. En effet, ce modèle a tenté sans succès de s'imposer en Amérique du Nord, sous l'appellation Infiniti J30.

Alors, on nous sert du réchauffé ? Non, puisque depuis qu'elle a quitté nos terres, la J30 a fait l'objet d'une refonte complète. C'est donc dire que la M45 a très peu à voir avec le modèle que nous avons connu.

Avec ses 5009 mm de long, la M45 est du format des Audi A6, Jaguar S-Type et Lexus GS. Ce sont d'ailleurs les cibles visées par la nouvelle Infiniti. Consciente que son blason n'est pas le plus couru, la M45 entend attirer l'attention non seulement avec son tarif, inférieur à tout ce que produit la concurrence, mais aussi en apportant à cette catégorie une noblesse mécanique (un moteur V8) qui n'existe que dans la gamme supérieure.

Et, bonne nouvelle, à ce prix, on retrouve à peu près tout ce qu'une berline de luxe peut offrir y compris des baquets avant ventilés? Un seul groupe d'options est inscrit au catalogue et consiste en un système de navigation (DVD) et un régulateur de vitesse au laser qui maintient une distance sécuritaire avec le véhicule qui vous précède. Tout le reste est de série.

Si on se trouve bien gâté du côté des accessoires, on trouve beaucoup à redire sur l'habitabilité de ce véhicule. Et pour cause, son volume intérieur est inférieur à celui d'une compacte? Pas étonnant que l'on se sente si à l'étroit. Et ce qui n'arrange rien pour le conducteur, c'est que le baquet, en dépit de ses multiples ajustements électriques, ne permet pas d'élever ou d'abaisser l'assise pour gagner un peu de confort. Soulignons en revanche que la colonne de direction, elle, est réglable sur deux axes (hauteur et profondeur). À l'arrière, compte tenu du tunnel de transmission, les passagers sont reÇus par une banquette dessinée pour deux. On peut toujours se consoler en songeant que nos bagages non plus ne voyagent pas en première classe. Le coffre n'est guère plus accueillant et pis encore, il est impossible de rabattre le dossier de la banquette pour accroître le volume de chargement.

À la puissance 8

Au contact, le moteur V8 de 4,5 litres met immédiatement en jambes ses 340 chevaux. Un bloc à la fois doux, tonique et silencieux qui, allié à une transmission semi-automatique à cinq rapports, correspond bien à l'esprit de la M45. Bien sûr, il a 1761 kilos à pousser (seulement 57 kilos de moins qu'une Q45), mais ce V8 fait très bonne figure sur le plan des accélérations et des reprises.

Première impression sur le terrain : la direction. Dieu qu'elle est lourde ! Sur les voies rapides, on s'en accommode, mais à basse vitesse on regrette qu'elle ne soit pas plus légère, plus fluide. Cette critique est d'autant plus justifiée que les man?uvres de stationnement sont déjà bien assez difficiles au volant de cette berline au diamètre de braquage particulièrement énorme. Telle la ligne, le comportement routier est d'une autre époque.

La M45 prend peu de roulis et s'avère stable et relativement neutre. En revanche, elle ne filtre pas correctement les bosses et le manque d'amortissement pénalise la précision sur mauvaise route. La monte pneumatique ? des 235/45R18 ? n'est certainement pas étrangère à cette fermeté. Néanmoins, on cède rapidement à la tentation de la malmener. Ce faisant, on constate que cette Infiniti ne parvient pas à offrir un comportement aussi dynamique qu'une Série 5 ou qu'une S-Type. Et dès que la route se met à dessiner des lacets, son poids élevé se fait aussitôt sentir. Les freins avouent alors une endurance perfectible, la direction se durcit encore davantage, les suspensions semblent parfois se figer, comme si elles étaient prises à contre-temps, et le dispositif antidérapage (VDC) intervient non seulement de faÇon marquée, mais aussi trop rapidement.

Confort, connais pas

Très bien motorisée, particulièrement bien équipée, correctement finie et vendue à prix très compétitif, la M45 voit son bilan s'assombrir quand vient le moment d'aborder la question du confort. Dans ce domaine, on trouve mieux ailleurs.

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