Jeep Grand Cherokee, maturité problématique

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Denis Duquet

Il ne faut pas oublier que c'est Jeep, avec son Cherokee quatre portes lancé au milieu des années 1980, qui a donné son essor au secteur des VUS auprès du grand public. ConÇus jusque-là pour les amateurs de plein air et de conduite forestière, les VUS étaient plus frustes qu'autre chose et c'est à la demande d'une clientèle sans cesse croissante que ces véhicules se sont civilisés au fil des années. Avec l'arrivée du Grand Cherokee en 1992 et une sérieuse refonte en 1999, Jeep a toujours tenté de concilier l'efficacité traditionnelle de ses véhicules en conduite hors route avec un comportement routier supérieur à la moyenne de la catégorie.

Cela signifie que la plate-forme de ce véhicule a été développée au début des années 1990 et modifiée six ans plus tard. Sachant cela, il est facile de comprendre pourquoi ce Jeep a de plus en plus de difficultés à repousser les attaques de véhicules de même catégorie, mais de conception nettement plus récente. Le Ford Explorer à suspension arrière indépendante de même que le tandem Chevrolet TrailBlazer/GMC Envoy sont apparus au tournant du millénaire et offrent toute une concurrence. Et compte tenu du prix assez élevé de certaines versions du Grand Cherokee, il faut également considérer le Mercedes ML comme un rival de taille.

Malgré de nombreuses rumeurs qui permettaient de croire que le « Grand », comme les gens l'appellent dans le jargon de la compagnie, allait être complètement transformé en 2004, il faudra cependant patienter puisque les changements apportés au millésime actuel se limitent à une nouvelle grille de calandre et de nouveaux phares. Ces changements sont même apparus au début de 2003 !

Parmi les autres nouveautés pour 2004, il faut mentionner l'arrivée du modèle « Special Edition » qui vient s'intercaler entre le Laredo et le Limited tandis que l'Overland demeure la version la plus huppée chez Jeep. Mentionnons au passage la possibilité de commander pour la première fois un système de navigation précis et de fonctionnement simple, mais dont l'écran rectangulaire est vraiment très petit. Pour le reste, les choses ont peu changé ou pas du tout.

Comportement de famille

Malgré un choix de quatre modèles et de trois moteurs, le comportement routier de la plupart d'entre eux demeure le même. Si la tenue de route parfois incertaine sur mauvaise route et une direction qui mériterait de gagner en précision étaient acceptables il y a une décennie, notre jugement devient de plus en plus sévère au fil des ans puisque la concurrence se fait féroce. Il faut souligner que la tenue de route est quand même extraordinaire pour un véhicule doté d'un essieu rigide à l'avant comme à l'arrière. Mais comme la plupart des gens achètent ces VUS pour rouler sur l'autoroute, ils sont plus enclins à déplorer les limites de cette suspension qu'à en vanter les qualités. Idem pour la direction dont le flou modéré au centre est presque un must en conduite hors route, mais en agace plusieurs en temps normal.

Au Canada, tous les Grand Cherokee sont vendus en version quatre roues motrices. Et même si le louvoiement que cette transmission intégrale provoque est très léger, voire imperceptible, plusieurs s'en plaignent. En revanche, attachez votre tuque hors sentier alors que ce VUS se comporte quasiment comme une chèvre de montagne, dans pratiquement toutes ses versions. Peu importe le rouage intégral choisi, il est rare de rencontrer des obstacles infranchissables à son volant.

Plusieurs ont de la difficulté à départager les nombreuses transmissions intégrales offertes. En voici la déclinaison. La première est le Selec-Trac, un système à temps plein doté d'une démultipliée. Il est offert dans le Laredo. La deuxième est le Quadra-Trac II, un système sur demande également doté d'une démultipliée. Quant au Quadra-Drive, de série dans l'Overland et optionnel dans les autres modèles, il combine le Quadra-Trac II et les essieux Vari-Lok. Il s'agit dans ce dernier cas d'un système antipatinage électro-hydraulique qui assure la traction même lorsqu'une seule roue a de l'adhérence. C'est le plus efficace du genre, mais ce raffinement est surtout apprécié lorsque les conditions sont vraiment très difficiles et pas nécessairement sur l'autoroute.

Des moteurs raffinés

Les groupes propulseurs se raffinent et le V8 4,7 litres a gagné en puissance l'an dernier avec l'arrivée d'un modèle à haut rendement qui produit 265 chevaux, soit 30 de plus que le modèle ordinaire. Les deux sont couplés à une boîte de vitesses à cinq rapports qu'il est difficile de critiquer. Le cinquième rapport est en fait une seconde surmultipliée, ce qui a pour effet de réduire le niveau sonore et la consommation de carburant. Il ne faut pas pour autant ignorer le six cylindres en ligne 4 litres de 195 chevaux. Ce moteur remonte presque à la nuit des temps et n'a rien en commun avec un quelconque moteur Mercedes placé sous le capot. Bien que grognon en accélération, il est suffisamment puissant tout en consommant un peu moins que le V8. Toutefois, la boîte automatique de série est à quatre rapports.

Il suffit de comparer le Grand Cherokee avec le Liberty pour réaliser qu'il a de plus en plus de difficulté à camoufler son âge. Et si le tableau de bord est ergonomique, le système de climatisation sophistiqué et le rouage intégral polyvalent, des sièges trop mous, une tenue de route moyenne et une habitabilité perfectible viennent en quelque sorte annuler les petites améliorations apportées au cours des deux dernières années.

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