Dodge SX/SRT-4, double personnalité
Pourquoi dépenser des milliers de dollars à gonfler les performances d'une voiture, à lui ajouter des pièces de carrosserie pour améliorer son allure quand on peut bénéficier de la garantie du manufacturier ? Vous me direz que le "tuning", c'est la personnalisation ultime, le moyen idéal de rendre unique une voiture et de lui donner un peu de votre personnalité. Mais dans les faits, tout le monde le sait : ce que l'on veut, c'est une voiture plus puissante, plus jolie, qui a un petit air de vraie sportive. Et dans cet esprit, la Dodge SRT-4 a plein de bon sens.
Chez Chrysler, on la surnomme la petite Viper. Un peu exagéré, sans aucun doute, mais il est vrai qu'elle a des airs de famille. Gros aileron arrière, pneus sérieux, couleur éclatante, la SRT-4, c'est la haute puissance ramenée à l'échelle du vrai monde. À l'échelle de ceux, en fait, qui ont les moyens de la payer. Dérivée de la SX 2.0, la SRT-4 n'est vraiment pas le portrait de sa soeur. Équipée d'un moteur 2.4 litres turbo développant 230 chevaux, la voiture est évidemment une petite bombe en comparaison de sa quasi-jumelle. Et les performances sont étonnantes pour une voiture de cette taille.
À l'accélération, vous devrez attendre jusqu'à 2 200 tr/min pour bien ressentir la nuance. À ce niveau, vous obtenez quelque 250 lb-pi de couple et la cavalerie arrive en grand renfort grâce au turbo ce qui projettera votre tête vers l'arrière. Pour optimiser les résultats, une boîte de vitesse 6 rapports aurait été appréciée, mais la boîte 5 vitesses est fiable et le levier est facile et précis. Il est vrai que sa course est un peu longue pour un modèle sport, mais on s'en contente sans peine.
Seule fausse note, le moteur poussé est bruyant pour une utilisation journalière mais les amateurs de « musique moteur » seront ravis. Amateurs de sensations, tenez-vous bien puisque cette combinaison réussit à vous entraîner à la vitesse permise sur les autoroutes en moins de 5,8 secondes. On est bien loin de l'ancienne Néon !
Sur la SRT-4, j'ai l'impression que Dodge a mis l'accent sur le moteur plus que sur le châssis. La voiture réagit d'une étrange manière au couple, tant et si bien que si vous lâchez le volant au moment où les 230 chevaux du moteur se déchaînent, l'avant du véhicule cherche à se promener de gauche à droite.
Autrement, elle est vive et agile même si elle a une tendance sous-vireuse dans les virages rapides en accélération. La voiture ne prend pas beaucoup de roulis grâce aux barres stabilisatrices qui font un bon travail.
Les freins arrêtent les 1 350 kg livres sans problème, et répondront présents malgré des freinages répétitifs grâce à quatre disques ventilés à l'avant et à l'arrière.
Plus que des détails
L'intérieur est plutôt sobre, mais j'avoue avoir été séduit par l'instrumentation, notamment aussi par les améliorations apportées en comparaison au modèle standard, et qui sont largement plus que des détails. Les indicateurs de vitesse et du compte-tours en blanc, ainsi que l'indicateur de pression du turbo isolé en haut de la planche de bord confèrent un style unique, plus proche de la voiture de compétition que de la simple voiture de tous les jours. Le pommeau de levier de vitesses et le pédalier en aluminium viennent donner une petite touche supplémentaire. On aurait sans doute pu aller plus loin en installant, par exemple, un volant qui se démarquerait davantage de celui à trois branches actuellement de série et que plusieurs considèrent bien ordinaire pour une voiture à l'esthétique extérieure de loin supérieure à celle de l'intérieur.
Les vrais amateurs de conduite sportive apprécieront les sièges de type Recaro qui offrent un support latéral incroyable, digne des voitures préparées pour le championnat du monde des rallyes. Par contre, je me suis posé la question : si j'étais nettement plus pesant, seraient-ils moins confortables ?
Version plus sage
Avant de tomber dans la SRT-4, Dodge avait lancé la SX 2.0 une version sage - peut-être trop - de la même voiture. Évidemment, dans le cas de la SX 2.0, le moteur de 132 chevaux (150 sur la R/T) n'offre pas la dynamite au départ ou sur la route. Il est par contre largement suffisant pour les besoins de l'automobiliste moyen que nous sommes presque tous. Il faudra cependant vous habituer au son tonitruant de l'engin, et à ses réactions un peu trop saccadées. Le problème subsiste depuis des années avec cette voiture, et semble impossible à corriger, du moins dans cette génération.
Le tableau de bord, avec ses grands cadrans blancs et ses commandes faciles d'accès et d'utilisation, n'a rien à envier aux autres modèles de sa catégorie. On a même ajouté une petite touche de couleur, identique à celle de la carrosserie, sur la garniture qui entoure la console centrale. Le chargeur de six disques compacts, un accessoire fort pratique et que l'on retrouve de série dans la version sport, est littéralement enfoui sous le tableau de bord. Pas question d'y insérer un disque en roulant, et encore moins de sélectionner un ou l'autre des disques chargés à même les commandes du lecteur. Il faudra plutôt utiliser les boutons du radio qui lui, est nettement mieux conçu et plus efficace. Quant aux sièges, ils sont confortables mais sans abus, c'est-à-dire qu'ils auraient eu avantage à être un peu améliorés surtout en matière de support latéral. En revanche, la position de conduite idéale est facile à trouver grâce entre autres aux ajustements faciles et précis des bancs.
Heureusement, même si elle est passablement plus dispendieuse que sa petite soeur, la SRT-4 a davantage pour plaire. Un petit détail qu'on a oublié sur la 2.0 de base.