Lexus LS 430, moins sport, plus confort

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Le Guide de l'auto

Lexus ambitionnait de devenir la Mercedes japonaise. À l'époque, la LS400, son modèle phare, ne manquait pas d'appâts pour nous convaincre qu'elle pouvait se mesurer à la firme allemande. Mais cette obsession à vouloir jouer la plus-que-parfaite s'est exprimée au détriment de sa personnalité. Froide et austère, la LS 400 n'était habitée par aucune âme. Et la LS 430 qui lui a succédé depuis n'est guère plus chaleureuse

Le porte-étendard de Lexus a mis peu de temps à remuer la tour d'ivoire dans laquelle s'étaient isolés les grands constructeurs européens (Mercedes et BMW). Ébranlés, ces derniers ont été forcés de revoir le coût de revient de leurs véhicules à la baisse et de redéfinir les rapports qu'ils entretenaient avec la clientèle.

Pour apprécier les raffinements apportés à la LS430 au fil des ans, mieux vaut être un habitué du jeu « Êtes-vous observateur ? ». Sinon, comment pourriez-vous savoir que le baquet du conducteur mémorise une position de conduite supplémentaire (trois plutôt que deux), qu'un voile ajouré recouvre, sur demande, la lunette arrière ou encore que les aérateurs de climatisation oscillent de gauche à droite et soufflent un air encore plus pur maintenant que le filtre à particules possède aussi des propriétés désodorisantes pour masquer aussi bien les odeurs de la rue que la fumée des cigares. Beaucoup de petits détails (et plusieurs options aussi) qui contribuent de faÇon irremplaÇable au plaisir de voyager à bord. Aucun système de commandes vocales auquel, par exemple, on peut ordonner la mise en marche de la climatisation, comme on en trouve à bord de la Classe S de Mercedes, sa cible. Comme cette dernière cependant, la LS 430 propose un régulateur de vitesse intelligent, c'est-à-dire qui permet de maintenir la voiture à la distance que vous aurez choisie par rapport au véhicule qui la précède. Malheureusement, les troupes de l'ingénieur Tanake ont privilégié un dispositif moins sophistiqué (même s'il est coûteux aussi), mais aussi plus limitatif que celui utilisé chez Mercedes puisque les dirigeants de Lexus nous ont confié que leur système devenait inopérant si le capteur (situé sous le pare-chocs avant) était aveuglé par une accumulation de neige, de glace ou de gadoue.

Autre critique : le volume du coffre (453 litres). Décevant pour une berline de cet encombrement, même si les dirigeants s'empressent de rappeler qu'il est plus logeable que celui d'une Classe S, sa rivale et modèle !

L'habitacle se réchauffe de boiseries qui enveloppent le tableau de bord, la console, le pommeau du levier de vitesses et jusqu'à la jante du volant où règne une austérité qui confine à la tristesse. Certes, sur le plan fonctionnel, il n'y a rien à redire : position de conduite, lecture des instruments, qualité de l'équipement sont au-dessus de tout reproche.

Pour nous sortir de la torpeur, il y a le moteur. Un V8 de 4,3 litres capable de délivrer 290 chevaux. Mais quelle est l'importance de toute cette puissance ? Pourquoi martyriser ce V8 en essayant de retrancher des dixièmes de secondes ? Un exercice futile dans la mesure où la seule performance qu'entend réaliser le propriétaire d'une LS 430 est de rallier la Floride avant que le ciel du Québec ne saupoudre les premiers flocons de neige. Discret, onctueux, ce moteur répond présent aussitôt que la semelle de votre chaussure droite lèche l'accélérateur. Et la transmission automatique à cinq rapports relaye la puissance aux roues arrière motrices, sans jamais laisser deviner (j'exagère à peine, je le jure) le moindre changement de vitesse.

Sur la route, la LS 430 vous plonge dans un bain d'insouciance. On est même surpris de rouler aussi rapidement avec une berline aussi lourde (1785 kg). Un poids qui ne peut se faire oublier et qui appelle à la prudence, bien que cette Lexus compte sur plusieurs garde-fous efficaces (antidérapage, antipatinage, ABS) et malheureusement, pour la plupart, sonores. On est rassuré, lorsqu'ils se déploient, de leur efficacité à visser la LS 430 à la chaussée.

Dans sa version d'origine, la LS 430 se révèle une routière silencieuse, confortable, mais ennuyeuse comme un jour de pluie en ce qui concerne l'agrément de conduite. On n'entend rien et on ne ressent rien non plus à conduire ce manoir roulant, d'autant que sa direction ouatée isole le conducteur en ne lui transmettant que peu ou pas d'information.

Le plaisir de voyager

Il faut allonger quelques centaines voire quelques milliers de dollars supplémentaires pour mettre un peu de piquant dans cette expérience de conduite. Si l'on opte, par exemple, pour le groupe Sport, cette Lexus s'appuie sur des ressorts hélicoïdaux plus rigides et des pneumatiques aux semelles plus larges, plus adhérentes pour nous permettre d'explorer plus à fond les qualités dynamiques de l'auto. Ainsi équipée, la LS 430 se révèle plus alerte et plus incisive dans ses réactions, mais pas au point d'inquiéter une BMW de Série 7 ou une Mercedes de Classe S. L'amortissement est plus sec aussi, sans rendre la LS 430 plus inconfortable pour autant. Pour goûter au plaisir de voyager comme sur un tapis volant, il faut cependant prendre rendez-vous avec la suspension pneumatique qui lisse avec une rare efficacité toutes les irrégularités du revêtement.

Aussi moche à regarder qu'à conduire, la LS 430 brille cependant, à côté de certaines de ses rivales, dans des domaines autrement plus importants : la fiabilité, le service après-vente et la qualité de l'assemblage. C'est déjà pas mal.

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