Lexus RX 330, une cure de raffinement

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Denis Duquet

Il arrive parfois que nos préjugés nous fassent commettre des erreurs d'appréciation. Prenez le cas du Lexus RX 330, par exemple. J'assistais à un lancement en 1998, à quelques jours de Noël, dans la région de Whistler en Colombie-Britannique. La grande vedette de l'événement était le Lexus LX 470. Son gabarit, son prix, son équipement impressionnaient tous les journalistes présents. Du moins jusqu'à ce qu'une randonnée en forêt nous en dévoile les limites en conduite hors route. Le lendemain, c'était le tour du RX 300. Il s'agissait d'un prototype dont la finition intérieure était en phase de développement et dont le groupe propulseur avait connu des jours meilleurs. Obnubilé que j'étais par le LX de la veille, j'avais évalué assez légèrement cette Camry familiale déguisée en hybride de luxe. D'autant plus que son rouage intégral était relativement simpliste et surtout destiné à circuler sur des routes glissantes et non pas affronter les congères et les sentiers délavés par la pluie.

J'ai bien été forcé d'inscrire dans mon calepin de notes que la silhouette était originale pour l'époque, que l'habitacle était confortable et spacieux. Il comprenait également une foule d'espaces de rangement à la fois astucieux et pratiques. Bien entendu, comme il s'agissait d'une Lexus, la finition était impeccable, les matériaux luxueux et l'habitacle douillet. Le moteur V6 3 litres avait obtenu la mention : adéquat.

Mais jamais je n'aurais cru à cette époque que cette nouvelle venue allait devenir la référence de la catégorie à presque tous les points de vue. Ses concurrents ont par la suite imité ses dimensions, son équipement complet, son comportement routier et ses autres caractéristiques générales. La raison de ces emprunts était toute simple : le RX est le plus vendu de sa catégorie.

Mais, succès ou pas, il faut éviter de trop attendre avant de faire appel à la relève, car les concurrents s'améliorent et peuvent vous dépasser. Il est toujours difficile pour le leader d'une catégorie de se renouveler. Il faut conserver les éléments qui ont contribué à son succès tout en remédiant aux défauts et en corrigeant les irritants perÇus par la clientèle. Après avoir analysé le pour et le contre du RX 330 de la première génération, la direction de Lexus a donné le mandat à ses ingénieurs de concevoir une nouvelle édition de son grand succès afin de conserver sa couronne.

Retouches et corrections

Comme c'est leur habitude, les ingénieurs maison n'ont pas tellement augmenté la puissance du moteur. Ils se sont contentés de porter la cylindrée du moteur de 3 litres à 3,3 litres. Il s'agit en fait du même moteur que celui qui équipe la nouvelle fourgonnette Sienna chez Toyota. Sa puissance passe de 220 chevaux à 230 chevaux, une hausse de 4,5 %. Le couple progresse pour sa part de 9 %. Il est associé à une toute nouvelle boîte automatique à cinq rapports. Ce choix est sage puisque la puissance demeure toujours adéquate sans pour autant hausser la consommation. Ces gains permettent de compenser pour les quelques kilos en plus en raison d'une augmentation des dimensions du nouveau modèle.

La carrosserie a été allongée de 15,5 cm, la largeur de 2,5 cm et la hauteur de quelques millimètres. Cela permet de bénéficier d'une habitabilité accrue, surtout aux places avant. Soulignons au passage que la suspension est à jambes de force à l'avant comme à l'arrière. Sa géométrie a cependant été revue et la plupart des composantes allégées. Les pneus de série sont de 17 pouces tandis qu'il est possible de commander des 18 pouces en option. Certains modèles peuvent être équipés d'une suspension à ressorts pneumatiques. Cela améliore le confort, bien entendu, mais leur présence permet également de régler la hauteur de la suspension selon les besoins du moment. Trois hauteurs différentes sont au programme. En mode Haut, la garde au sol est de 21,1 cm tandis qu'elle est de 18 cm lorsque le réglage est en position normale. Et lorsque le véhicule roule à plus de 100 km/h, le niveau de la suspension s'abaisse automatiquement à 16,5 cm. Enfin, il suffit d'appuyer sur le mode Accès pour que le RX 330 s'abaisse d'un autre centimètre lorsque le véhicule est immobilisé. En plus, cette suspension pneumatique est munie d'un correcteur d'assiette automatique. Détail intéressant, la capacité de remorquage, de 1587 kg, devrait être suffisante pour tracter une motoneige, une petite embarcation ou une motomarine.

Chez Lexus, personne n'a tenté, en 1998, de nous convaincre qu'il s'agissait d'un authentique tout-terrain. Le rouage intégral était plutôt sommaire mais, comme le moteur, Ça suffisait. Cette année, la transmission est toujours intégrale, mais elle a été améliorée grâce à l'utilisation d'un système antipatinage couplé au rouage d'entraînement. Cette fois encore, ce Lexus demeure un véhicule toutes routes même s'il est capable de se débrouiller honorablement en conduite hors route.

Comme dans tout véhicule Lexus qui se respecte, l'insonorisation demeure une priorité. Cela aurait été un sacrilège de ne pas la raffiner dans ce modèle. Les ingénieurs sont également obnubilés par la réduction des vibrations. Ils ont même poussé le raffinement jusqu'à dévier de quelques degrés la position de l'arbre de couche longitudinal au ralenti pour que celui-ci prenne une position virtuellement droite sous l'effet du couple en accélération ! L'équipement de série a été étoffé tandis que de nouveaux accessoires sont au catalogue. Parmi ceux-ci, il faut mentionner le hayon arrière motorisé, un système d'éclairage adaptatif pivotant dans les virages, une caméra de marche arrière reliée à l'écran de navigation et même une chaîne audio Mark Levinson à très haut rendement dans la version la plus luxueuse. Il est également possible de commander un système audiovisuel à lecteur DVD de même qu'un toit ouvrant à panneaux multiples permettant d'obtenir une ouverture beaucoup plus grande. De plus, la console centrale est coulissante. Il y a quand même des points à améliorer comme ce bouton de réglage du totalisateur journalier difficile à atteindre, les sièges trop hauts et un mécanisme de guidage du cache-bagages totalement inutile. Et tant qu'à critiquer, il faudrait que l'assise de la banquette arrière à dossier divisible soit plus élevée.

Urbain des bois

Ce qui explique les grands succès de cet hybride est son équilibre sous presque tous les rapports. Prenez sa silhouette : certains la trouvent un peu trop stylisée à l'arrière, d'autres soulignent que les stylistes auraient pu jouer d'audace. Pourtant, autant à la ville qu'à la campagne, elle ne semble jamais être au mauvais endroit. De même, son comportement routier semble tout à fait adéquat aussi bien dans la circulation urbaine que sur une route secondaire cahoteuse.

J'ai écrit un peu plus haut que les 230 chevaux du RX 330 étaient adéquats. C'est du moins le cas si vous vous contentez d'accélérations légèrement inférieures à 10 secondes. Quelques chevaux de plus permettraient sans doute de boucler le même exercice en un temps de moins de 8 secondes, le chrono promis par la compagnie. Il faut par contre préciser que notre véhicule d'essai avait été passablement malmené, ce qui explique sans doute son manque d'entrain dans les accélérations et des distances de freinage de 42 mètres.

Sur la route, cette Lexus se comporte pratiquement comme une berline et elle est maniable compte tenu de son gabarit. Il faut ajouter que le diamètre de braquage est plus court en 2004.

Un centre de gravité plus élevé que celui d'une automobile ne vient pas affecter le comportement routier de faÇon négative. Le roulis dans les virages est modéré et la stabilité directionnelle bonne. Surtout conÇu pour la vie citadine, le RX 330 n'est pas un citadin en bottes de chasse. Une fois la garde au sol relevée grâce à la suspension pneumatique, nous avons pu parcourir des routes en assez mauvais état tandis que le système antipatinage nous a convaincus de son efficacité. Par contre, sur les cahots et les bosses, le ressort pneumatique arrière gauche talonnait avec enthousiasme et le bruit qui s'en dégageait n'était pas tellement encourageant. Un autre essai effectué dans des conditions encore plus difficiles n'a toutefois pas été perturbé par ce phénomène. Cependant, je n'irais pas m'aventurer en RX 330 dans des endroits accidentés, laissant cette tâche au LX 470 ou, encore mieux, au Toyota Sequoia

Le nouveau RX 330 est donc suffisamment amélioré pour continuer de demeurer en tête du peloton même si sa tenue de route pourrait être moins passive. Malgré tout, c'est du sur-mesure, encore une fois, pour la clientèle nord-américaine. Denis Duquet

Contrepartie

Au risque de passer pour un immonde croulant je n'arrive pas à aimer ce genre de véhicule qui n'a pas d'âme et surtout ne donne aucune émotion ou sensation pour le conducteur. Le confort est assurément au rendez-vous, mais le plaisir de conduire n'est pas ranÇon pour ce véhicule utilitaire sport conÇu pour affronter les pires conditions routières. Oui, il est vrai que dans sa catégorie le Lexus RX 330 est sans aucun doute celui qui tient le haut du pavé par ses qualités générales tant recherchées par cette clientèle en mal de sécurité. D'apparence extérieure quelconque, je dois admettre que l'intérieur, lui, est plutôt réussi grâce à un choix judicieux des matériaux et une qualité d'assemblage digne du constructeur. Pour les amateurs de gadgets, vous aurez l'embarras du choix avec une panoplie d'astuces qui devraient vous emballer, du moins les deux premières semaines. Le comportement routier est à la hauteur de tous les produits de la division, mais la question demeure entière, est-ce qu'une fourgonnette à traction intégrale ne l'est pas autant ? Si vous êtes un amateur de ce type de voiture-camion, le RX 330 est comme le dit si bien mon collègue le plus équilibré parmi ces modèles offerts présentement sur le marché et surtout un des plus fiables. C'est d'ailleurs la marque de commerce du constructeur japonais. Comme la mode n'est pas toujours une question de logique et malgré le fait que Toyota fabrique des voitures de haute qualité, le Lexus RX 330 ne m'a pas convaincu de son utilité et je ne peux m'empêcher de penser que la clientèle découvrira un jour que ce sont de véritables véhicules inutilitaires sport comme l'a déjà si bien dit un certain Jacques Duval. Jacques Deshaies

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