Mercedes-Benz SLR, la flèche d'argent version 2004

Non, je ne l'ai pas conduite, du moins pas encore. C'est un privilège qui a été réservé jusqu'ici aux proches de la marque allemande, les Stirling Moss, Ron Denis, Kimi Raikkönen et David Coulthard de ce monde, ou encore à quelques lèche-bottines qui n'ont rien de souriant. Vedette de je ne sais plus combien de salons automobiles, la SLR, le modèle suprême de Mercedes-Benz, viendra rejoindre cette année une pléthore de voitures aussi chères que sophistiquées qui laissent croire que les milliardaires sont plus nombreux que jamais. Car un simple millionnaire n'a pas les moyens de se payer ces divas de la route que sont les Ferrari Enzo, Porsche Carrera GT, Bugatti Veyron ou Mercedes SLR qui font toutes tinter le tiroir-caisse à plus de 500 000 $ quand ce n'est pas autour d'un million de nos misérables huards.

Après une entrée triomphale au Salon automobile de Francfort à l'issue d'un parcours calqué sur celui des Mille Miglia où les Mercedes 300SL firent si belle figure il y a plus d'un demi siècle, la SLR s'est laissé admirer sous toutes ses coutures. Elle avait préalablement franchi la distance entre Brescia (point de départ des Mille Miglia) et Affalterbach via le col du Stelvio, surveillée attentivement via satellite par une meute de journalistes automobiles venus accueillir la voiture et ses pilotes, Striling Moss et Kimi Raikkönen. Le premier parce qu'il a gagné les véritables Mille Miglia en 1955 et le second parce qu'il fait partie de l'écurie McLaren de Formule 1. Car la SLR se veut la réincarnation moderne des célèbres SLR de compétition des années 1950 en même temps que l'héritière de toute la haute technologie qui caractérise les F1 d'aujourd'hui, mieux connues chez Mercedes comme les flèches d'argent (F1). Ce rapprochement de style est décrit par Mercedes comme « la synthèse fascinante du mythe et de l'innovation ».

Mais laissons ces affinités de côté pour nous concentrer sur la substance de la SLR, c'est-à-dire son exubérante fiche technique.

Prêt pour le 0-300 km/h ?

La voiture possède une longue liste de caractéristiques inédites, à commencer par un moteur central avant implanté très bas afin de favoriser l'équilibre des masses aussi bien que le centre de gravité. Il s'agit du V8 de 5,5 litres que l'on trouve dans d'autres modèles Mercedes, mais on a réussi à en tirer 626 chevaux grâce à l'utilisation d'un compresseur mécanique à vis comportant deux rotors en aluminium en forme de vis et revêtus de teflon afin que le coefficient de frottement soit faible. Fonctionnant à un régime maximal de 23 000 tr/min, ceux-ci compriment l'air à 0,9 bar, une pression nettement supérieure à celle fournie par les compresseurs mécaniques conventionnels. Le couple faramineux de 575 lb-pi est disponible à partir de 3250 tr/min et reste constant sur une plage d'utilisation allant jusqu'à 5000 tr/min. Appelez Ça une bombe et vous ne serez pas loin de la vérité.

Avec de tels chiffres, on comprend mieux que la SLR puisse boucler le 0-100 km/h en 3,8 secondes et le 0-200 km/h en à peu près le même temps qu'il vous faut pour amener une Golf 2 litres à 100 km/h (voir fiche). Et regardez-donc le 0-300 km/h tant qu'à y être.

Essentiellement, la SLR dispose d'une transmission automatique à cinq rapports, mais notre déception est vite comblée par la présence du système Speedshift qui autorise le passage des vitesses manuellement au moyen de touches sur le volant ou du sélecteur à commande par impulsions.

Toujours en s'inspirant du monde de la course automobile au palier le plus sophistiqué, ce coupé GT Mercedes doit sa légèreté à une carrosserie en fibre de carbone. Il en résulte non seulement un faible poids mais aussi une rigidité et une résistance exemplaires, des qualités ordinairement réservées aux monoplaces de F1.

Et 300 000 km

Une autre exclusivité de la SLR se trouve dans les roues où l'on retrouve des disques en céramique renforcés de fibre. Cette fibre (de carbone) est mélangée à de la poudre de carbone et à de la résine avant d'être moulée sous haute pression et cuite à 1500 °C par infiltration de silice dans la céramique. En plus d'une force de ralentissement sans pareille, ces disques ont une durée de vie pouvant aller jusqu'à 300 000 km.

Et si jamais ces freins n'étaient pas suffisants pour stopper la voiture filant à 334 km/h, un déflecteur arrière rétractable sert de « frein pneumatique ». Il suffit d'enfoncer la pédale énergiquement pour que l'airbrake vienne se positionner à 65° pour ralentir votre course. Comme dans un avion, quoi !

Je rêve déjà du jour où Mercedes me confiera les clés d'une SLR pour que nous puissions vérifier si toutes ces allégations sont véridiques. Je blague, bien sûr, mais je doute que ce soit demain la veille, quoique la firme allemande nous ait déjà accordé le privilège de rouler en Maybach. On se croise les doigts !