Mitsubishi Endeavor, visions d'Amérique

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Denis Duquet

Pour pouvoir survivre dans le très compétitif marché des États-Unis et par la même occasion s'implanter solidement au Canada, la compagnie Mitsubishi se devait de revoir sa philosophie. Jusqu'à présent, la plupart des modèles commercialisés sur notre continent étaient des produits de conception japonaise adaptés à nos besoins. Les résultats n'ont pas été probants et une toute nouvelle structure a été implantée afin de pouvoir commercialiser des véhicules spécialement conÇus pour le marché américain et même fabriqués en Amérique. Ce programme a été baptisé Projet America et l'Endeavor est le premier véhicule conÇu dans le cadre de ce projet.

Il devenait impérieux pour ce constructeur japonais faisant partie de la grande famille DaimlerChrysler de prendre sa place dans le marché des véhicules hybrides, vous savez, ces utilitaires sport à vocation surtout urbaine dérivés d'une plate-forme de voiture. Incidemment, l'Endeavor possède pratiquement les mêmes éléments mécaniques que la nouvelle berline Galant. Dans un hybride, il faut également que le stylisme soit un peu plus « songé » que la moyenne, que l'habitacle assure le confort d'une berline et que le comportement routier permette de rouler sur une route sinueuse sans devoir crisper les mains sur le volant. Voyons donc ensemble si ce nouveau venu respecte ces critères.

Silhouette vénusienne ?

Il faut se demander ce que les stylistes du studio californien de Mitsubishi mettent dans leurs céréales, mais il est certain que la présentation extérieure de l'Endeavor est loin de faire l'unanimité. La plupart des journalistes automobiles américains n'ont pas tellement apprécié les formes caricaturales de la partie avant et des parois latérales. La calandre semble avoir été inspirée d'un camion jouet tandis que les sculptures latérales ne font pas dans la discrétion. Les bordures des passages de roues semblent souffrir d'une quelconque infection, ce qui expliquerait leurs dimensions exagérées. Ces deux éléments sont reliés par un panneau de caisse en relief qui accentue l'effet de débordement.

Certains chroniqueurs se sont offusqués de cette exagération et ont même parlé de stylisme vénusien. On pourrait argumenter longtemps sur la planète qui a inspiré les créateurs, mais il est certain que cette silhouette ne laisse personne indifférent. Mais au lieu de parler de concept interplanétaire, il faudrait sans doute utiliser les qualificatifs caricatural, audacieux ou adolescent. Je vous laisse le choix.

Personnellement, cette présentation ne me dérange pas. Elle manque quelque peu de subtilité, mais elle permet aux gens de remarquer l'Endeavor dans la circulation. Le porte-bagages avec ses gros tubes en aluminium met l'accent sur le caractère aventureux de cette catégorie de véhicules tandis que la petite glace triangulaire placée juste après le pilier A apporte une touche intéressante. Par contre, les rétroviseurs extérieurs semblent avoir été oubliés lors de la conception et placés là par après. Et pourquoi utiliser une ouverture rectangulaire dans le pare-chocs pour y abriter un phare antibrouillard de forme circulaire ?

Design ghetto blaster

Il aurait été saugrenu de concocter une présentation extérieure aux lignes spectaculaires pour retomber dans le classicisme dans l'habitacle. La pièce de résistance est sans aucun doute le tableau de bord avec sa partie centrale constituée par une console de couleur titane qui ressemble plus à un ghetto blaster qu'à un centre de commande d'un véhicule automobile. Cette similitude est accentuée par la présence d'une buse de ventilation à ailettes de chaque côté de ce module central.

Malgré une présentation qui ne plaira pas à tout le monde, il faut préciser que les commandes sont toutes à la portée de la main en plus d'être faciles à identifier et à manipuler. De plus, chaque bouton circulaire tourne avec une certaine résistance, comme s'il était relié à un rhéostat de grande précision. Le soir, une couleur bleutée filtre par les orifices, permettant d'identifier les commandes. Les deux cadrans indicateurs sont de bonnes dimensions. Cerclés d'un anneau de couleur titane et superposés l'un à l'autre, ils sont faciles à lire. Comme les autres commandes, un halo bleuté les éclaire le soir.

Mais le gadget qui fait le plus discuter est ce petit écran LCD superposé à la console centrale qui sert à transmettre des informations sur de nombreuses fonctions, notamment la chaîne audio, la climatisation, l'heure et la consommation moyenne. C'est simple et pratique. Par contre, les illustrations choisies pour cet accessoire nous portent à croire qu'il a été emprunté à un produit Fisher-Price.

Le levier de sélection des vitesses est monté en plein centre de la console du plancher. Une plaque de couleur titane est utilisée pour délimiter sa position. Détail à souligner, sous l'accoudoir central se trouve un espace de rangement fermé par un couvercle doté d'une échancrure permettant de l'ouvrir plus facilement. Deux prises électriques sont situées sur le pourtour de cette ouverture.

L'agencement des textures, des couleurs et des tissus est sans reproche. De plus, les sièges sont confortables et l'accès à bord se fait aisément, que ce soit en avant ou aux places arrière. Le dégagement pour la tête, les jambes et les épaules est adéquat peu importe la position qu'on occupe dans le véhicule. De plus, le dossier de la banquette arrière est de type 60/40. L'accoudoir central arrière, très large, se replie verticalement pour faire place à un passager au centre. Cette opération permet également d'assurer un appuie-tête à ce dernier.

Par contre, le système de navigation par satellite et une troisième rangée de sièges brillent par leur absence. Si le premier accessoire est considéré comme un gadget inutile sur le marché canadien, une troisième rangée de sièges pourrait convaincre certains acheteurs.

Une mécanique sobre

Si certains critiques accusent les stylistes de l'Endeavor de délire créatif, il est impossible de porter un tel jugement à propos des ingénieurs qui ont développé les éléments mécaniques. La plate-forme est plutôt conventionnelle si ce n'est la présence de renforts transversaux placés en des endroits stratégiques dans le but d'améliorer la rigidité en torsion et pour diffuser l'énergie en cas d'impact latéral.

Un seul moteur est au catalogue. Il s'agit d'un V6 de 3,8 litres de 215 chevaux dérivé du moteur V6 3,5 litres utilisé dans le Montero Sport. En plus de l'augmentation de la course et de l'alésage, plusieurs améliorations ont été apportées à ce bloc en fonte et aux culasses en alliage. Une boîte automatique à quatre rapports est la seule au programme et son système Sportronic permet de l'utiliser en mode manumatique.

La suspension avant est de type MacPherson tandis que l'essieu arrière indépendant est contrôlé par des liens multiples. Un détail en passant, le tuyau d'échappement passe au travers des éléments de cette suspension et semble donc vulnérable, même si tout s'est bien déroulé lors de notre essai. Il est possible de choisir entre une traction ou une transmission intégrale. Cette dernière est reliée à un différentiel central qui répartit le couple en mode 50/50. Dernier détail, quatre freins à disque ont pour mission de ralentir ou d'immobiliser l'Endeavor tout en jouant un rôle important dans les systèmes d'antipatinage et de stabilité latérale.

Un fidèle allié

Il est vrai que le moteur V6 de 3,8 litres s'essouffle à haut régime. La tenue de route est bonne sans surpasser celle d'un Honda Pilot par exemple. Mais, à l'usage, force est d'admettre que ce Mitsubishi s'est révélé un moyen de transport pratique, confortable et toujours en mesure de se prêter sans problème à la situation du moment. Sur la grand-route, c'est surtout le silence de roulement, la facilité de dépasser, une bonne position de conduite et un siège du conducteur confortable qui nous permettent d'apprécier ce Mitsubishi dans nos déplacements quotidiens. Des détails comme une facilité d'accès à toutes les places, un hayon aisé à soulever, une soute à bagages convenable et une consommation de carburant pas plus mauvaise que celle de la plupart de ses concurrentes sont d'autres commentaires positifs enregistrés dans notre carnet.

Par contre, comme dans tous les autres modèles de ce genre, le passage des vitesses en mode manuel est une perte de temps. De plus, les freins se sont montrés spongieux à quelques reprises. D'ailleurs, la distance de freinage est correcte sans plus.

L'Endeavor est un hybride honnête tant en fait de fiche technique que de comportement routier tout en se révélant pratique dans la vie de tous les jours. Reste à savoir si sa silhouette tourmentée et la faible diffusion des véhicules Mitsubishi seront des facteurs négatifs aux yeux des acheteurs.

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