Pontiac Bonneville, un duo de vieux
Pour une cinquième année, le duo Bonneville/LeSabre nous revient sans trop de modifications. C'est vrai qu'on ne change pas une équipe gagnante mais, chez GM, n'aurait-on pas pu faire un petit effort pour que les nombreuses qualités de ces deux voitures soient mieux exploitées ? La Bonneville cache les siennes derrière un style criard et la LeSabre derrière une carrosserie fade et une réputation de « char de vieux ».
GM profite de l'adage qui dit que des goûts on ne discute pas pour continuer de présenter sa Pontiac Bonneville. Certains, en effet, trouvent que la carrosserie fait un peu trop « drogue dure », que le tableau de bord se montre aussi nuancé et subtil qu'un lutteur de la WWF avec un micro dans les mains et que le temps des performances pures, dures et brutes est révolu. Pour d'autres, cependant, il s'agit de la quintessence faite automobile.
Pontiac Bonneville : tout, sauf subtile
La Bonneville se décline en trois niveaux : SE, SLE et GXP. Cette dernière devrait être sur le marché dès les premiers mois de 2004. La version de base (SE) possède un équipement très complet tandis que la SLE offre quelques bonbons supplémentaires tels qu'une suspension sport, des miroirs chauffants, des moulures de bas de caisse qui ne font jamais l'unanimité, des pneus de 17 pouces et le Driver Information Center, un ordinateur informant le conducteur d'une foule de paramètres et permettant d'en régler une autre foule. Les deux versions (SE et SLE) reÇoivent le même moteur de 3,8 litres qui commence à dater. Apparemment que c'est le grand-père de Léonard De Vinci qui l'aurait dessiné? Quoi qu'il en soit, il développe 205 chevaux, ce qui, à mon humble avis, se montre suffisant.
Une GXP de 275 chevaux
Il y aura aussi la Bonneville GXP, reprenant le flambeau de la SSEi. La nouvelle venue sera mue par le V8 Northstar tout alu de 4,6 litres développant aux alentours de 275 chevaux et un couple de 300 lb-pi. Suspension, échappement et freins seront « haute performance », nous assure General Motors. Nous n'en doutons point. Sauf que?
Sauf que, à la lueur d'un essai effectué au volant d'une SSEi, nous espérons de tout c?ur que Pontiac ait fait ses devoirs quant à la gestion de toute cette cavalerie dans la GXP. Il ne faut pas oublier que la Bonneville est une traction et que, déjà, les 240 chevaux de la SSEi lui en mettaient plein les roues. Par exemple, les freins suffisaient à peine à ralentir convenablement cette importante masse. Souhaitons qu'ils soient véritablement « haute performance » ! Les pneus de 18 pouces de la GXP devraient les aider dans leur tâche. Nous attendons aussi de la direction Magnasteer, censée donner une meilleure sensation de la route et une plus grande précision, qu'elle remplisse ses promesses.
Mais il y a des choses immuables à bord d'une Bonneville, peu importe la version. Il s'agit d'une bagnole définitivement lourde et Ça se sent dès la première courbe prise avec le moindrement d'exubérance. Oh ! qu'on s'ennuie d'une Miata quand les suspensions s'écrasent et lancent la Bonneville dans un sous-virage prononcé. Bien que le système de contrôle de la traction s'avère efficace, il ne peut déjouer les lois de la physique.
À bord, le silence est appréciable, mais les sièges sont trop durs et leur design pourrait ne pas plaire à toutes les fesses. Les ceintures de sécurité se montrent difficiles à agrafer, le tableau de bord est parsemé de trop nombreux boutons et les espaces de rangement sont partis prendre un café dans une Toyota Echo. Au moins, on y retrouve une instrumentation adéquate même si l'odomètre est caché par un volant qui se prend bien en main mais qui affiche une laideur à repousser King Kong. Quant à la finition, elle étonne par sa précision. Cependant, sur la route, divers bruits de caisse viendront troubler la quiétude.
Buick LeSabre, pas si vieux jeu que Ça !
La Buick LeSabre, offerte en versions Custom, Limited et Celebration, repose sur le même châssis que la Bonneville (et la Cadillac De Ville). Elle utilise aussi le même moteur 3,8 litres de 205 chevaux, la même transmission, les mêmes suspensions et pourtant? il s'agit de deux voitures bien différentes.
Tout d'abord, la LeSabre se montre 6,5 cm plus courte et 1,8 cm moins large. En revanche, elle est 2,5 cm plus haute que sa cousine. Malgré ces différences et tout en offrant le même volume de chargement, c'est elle qui gagne le concours de l'habitabilité. Aussi, elle remporte une médaille pour son poids moins élevé d'une soixantaine de kilos.
La LeSabre, qui a déjà raflé sa part de titres d'indices de la satisfaction de la clientèle, est calibrée de faÇon différente de la Bonneville. Les suspensions ont plus de jeu, la direction aussi tandis que les sièges se font plus douillets. Pour obtenir un tant soit peu d'agrément de conduite, il faut opter pour la suspension Gran Touring et les pneus de 16 pouces qui viennent avec. Sans diminuer le niveau élevé de confort, cette option améliore grandement les réactions de la voiture en virage et sur nos belles routes ondulées. Certes, cela n'en fera jamais une concurrente d'une Volks GTI, par exemple, mais au moins, son conducteur aura un peu plus de plaisir au volant.
Ces deux voitures typiquement américaines répondent à une certaine notion du luxe et du confort. Cependant, elles se retrouvent de plus en plus en retrait face à d'autres automobiles de conception plus récente. Dans un monde idéal, GM créerait une LeSabre avec les qualités dynamiques de la Bonneville. Mais le monde est rarement idéal?