Porsche Boxster, l'usure du temps

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Jacques Duval

Comme je l'écrivais l'an dernier au sujet de la 911, la Porsche Boxster est elle aussi une voiture qui en fait rêver plusieurs. La réalité du quotidien à son volant est cependant moins exaltante qu'on l'imagine. Pour aller s'éclater quelques heures sur une petite route sinueuse en écoutant rugir le moteur, c'est satisfaction garantie. Pour se déplacer jour après jour, toutefois, c'est une tout autre histoire qui vous obligera à cultiver le masochisme.

La Porsche Boxster a longtemps fait l'objet de commentaires élogieux du Guide de l'auto tout en dominant haut la main la catégorie des roadsters. Il apparaît toutefois de plus en plus évident que le modèle a mal vieilli et surtout qu'il encaisse plus ou moins bien l'usure du temps. Aussi bien la Boxster de base que la S mises à l'essai étaient affligées de bruits de caisse et de craquements inacceptables dans des voitures de ce prix. Il y a aussi le rapport qualité/prix qui n'a rien pour qu'on l'inscrive à un palmarès. Avec des factures oscillant entre 72 000 $ (Boxster) et environ 80 000 $ (Boxster S), on voudrait bien que la rigidité du châssis et la traditionnelle solidité des Porsche soient au rendez-vous. Au lieu de Ça, vous aurez droit à une présentation intérieure faisant usage de plastiques bon marché ainsi qu'à une espèce de tapis « shag » recouvrant la partie inférieure des contre-portes. Plus quétaine que Ça, tu t'appelles Helmut !

Toutes ces lacunes pourraient facilement s'accepter si les Boxster étaient un peu moins chères. Mais avec comme concurrentes des Mazda RX-8 à environ 40 000 $ ou des Nissan 350Z autour de 50 000 $, il faut se mettre à genoux tous les soirs devant la photo de Ferdinand Porsche pour acquitter de telles factures sans se poser de questions sur le rapport qualité/prix.

Merde au Québec

Certains diront que ces commentaires sont dictés par l'indifférence de la marque allemande pour le marché du Québec ou les agissements discutables de son directeur des relations publiques qui s'ingénie à priver les lecteurs de cet ouvrage de toute information pertinente (voir Avant-propos). Or, mes propos ne reflètent qu'une vérité également mise au jour lors d'essais comparatifs publiés dernièrement dans des magazines américains. Malgré des indices de satisfaction élevés, une Boxster arrive difficilement à justifier des tarifs aussi élevés. Je crois qu'il est de mon devoir de l'écrire, que cela plaise ou non aux fanatiques de la marque. Une Porsche dont le système d'alarme se déclenche à propos de rien trois fois en une seule nuit n'est pas de nature à vous faire élever un monument à la gloire de la compagnie.

Fort heureusement, la Boxster, même si sa qualité de construction est relâchée, possède quand même quelques vertus, dont la moindre n'est sûrement pas ses deux coffres à bagages, l'un à l'avant et l'autre juste derrière le moteur central. Ce dernier est un six cylindres à plat dont la puissance a été portée à 258 chevaux l'an dernier dans la Boxster S. La plus calme des deux, la Boxster tout court, reÇoit un 2,7 litres qui délivre 225 chevaux via une boîte manuelle à cinq rapports, un de moins que dans le modèle le plus puissant. La position de conduite est toujours un peu trop basse, mais elle conviendra aux conducteurs de grande taille. Dans l'habitacle, l'espace est mesuré et le simple transport d'un porte-documents est hors de question à moins d'être seul à bord et de le déposer sur le siège de droite. Souhaitons que la version coupé promise pour 2005 sera un peu plus hospitalière.

Du sport

Si l'on ne demande à la Boxster que de nous offrir une dose hebdomadaire d'agrément de conduite, on sera servi à souhait. La précision du levier de vitesses, la tenue de route sans égale, le tonus du moteur, l'équilibre du freinage et la vivacité de la direction vous permettront de jouer les champions sans même vous forcer.

Et la S ?

La version 225 chevaux ne vous fera pas gagner de course d'accélération avec un 0-100 km/h d'environ 7,2 secondes, mais le moteur de la S vous permettra de rester en course en retranchant une grosse demi-seconde au temps précité. Je dirais d'ailleurs que la S hausse d'un cran l'agrément de conduite, mais pas de faÇon significative pour un conducteur moyen. C'est surtout côté moteur que les choses se passent un peu plus vite et le temps des reprises entre 80 et 120 km/h est inférieur de quelques dixièmes de seconde à celui de la Boxster de base.

Gare à l'aquaplanage

En revanche, un léger bémol est à mettre au dossier de la S dont les pneumatiques de 18 pouces n'ont pas une très grande résistance à l'aquaplanage quand le ciel déverse son trop-plein. Même les essuie-glaces ont peine à suffire à la tâche, ce qui vous obligera à rouler mollo par temps de pluie. Vous aurez alors tout le loisir d'admirer les cadrans sur fond gris avec un compte-tours placé en plein centre d'une nacelle renfermant tous les instruments.

Pour beaucoup d'acheteurs, ce petit roadster estival est un achat plus intéressant qu'une 911. Comme cette dernière toutefois, sa suspension raide et la négligence avec laquelle certains détails ont été traités incitent l'acheteur à réfléchir avant de réaliser son rêve. Pour un usage occasionnel, il y a beaucoup de plaisir à tirer d'une Boxster et encore plus d'une S, mais il faut avoir les moyens de les laisser au garage et de rouler dans des voitures plus conviviales la majeure partie du temps. Comme moyen de transport quotidien, ce n'est pas tout à fait la recette.

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