Toyota 4Runner, discret mais doué
Bien que bourré de qualités, le 4Runner n'arrivait plus à se défendre contre une horde de nouveaux modèles. Et au moment même où l'on croyait que Toyota allait abandonner ce VUS, voilà qu'une version entièrement transformée est apparue l'an dernier. Le modèle 2003 venait corriger les lacunes qui étaient reprochées à son prédécesseur, à savoir un habitacle assez peu logeable, un moteur un peu juste au chapitre de la puissance et une tenue de route qui faisait assez peu d'efforts pour amortir les trous et les bosses. Bref, il s'agissait d'un spectaculaire retour en forme.
D'autant plus que deux nouveaux groupes propulseurs étaient offerts. Pour la première fois dans l'histoire du 4Runner, un moteur V8 était disponible. Il s'agissait du moteur V8 4,7 litres utilisé dans plusieurs autres véhicules à vocation utilitaire, notamment le Tundra. Avec ses 235 chevaux, il n'était plus question de critiquer le manque de puissance. L'autre groupe propulseur est un moteur V6 de 4 litres produisant 245 chevaux et couplé à une boîte automatique à quatre rapports.
Et il ne faut pas oublier de souligner que la silhouette tristounette du modèle 2002 a été remplacée par une carrosserie nettement plus de notre époque. La même remarque s'applique au tableau de bord qui est moderne et généralement bien agencé. Par contre, les commandes de la climatisation ne semblent pas plaire à tout le monde. Ces boutons rotatifs sont dotés de petites ailettes sur lesquelles il faut appuyer pour augmenter la température de l'habitacle ou régler la soufflerie. Au début, on se dit qu'on va s'habituer et que cette configuration est plutôt « songée ». Mais, à l'usage, ces commandes exigent toujours un temps de réflexion avant de déterminer la marche à suivre. Cela devient agaÇant au fil des semaines. Toujours au chapitre des commandes, la course crantée du levier de vitesses ne fait pas l'unanimité. S'il est vrai que sa présence évite d'effectuer des passages de rapports non prévus, ce parcours en zig-zag n'est pas tellement apprécié lorsque nous sommes pressés.
Comme tout produit Toyota qui se respecte, le 4Runner bénéficie d'une finition impeccable et de la présence de matériaux de première qualité. Le hayon arrière est toutefois lourd à man?uvrer, et la présence d'une assistance motorisée pour l'ouvrir et le fermer serait la bienvenue. Ajoutons aussi que les sièges sont confortables bien que leur support latéral soit moyen. Un dernier détail avant de conclure ce tour de l'habitacle : la soute à bagages est pourvue d'une tablette amovible qui permet de répartir les objets sur deux niveaux de chargement. C'est ingénieux et surtout pratique.
Traction et consommation
Depuis l'an dernier, le 4Runner s'est joint au « Club des V8 » grâce à la présence du très sophistiqué moteur V8 de 4,7 litres ronronnant discrètement sous le capot. Noblesse oblige, il est couplé à une transmission automatique à cinq rapports. Ce moteur s'est révélé doux, fiable et silencieux. De plus, le passage des rapports est assez rapide, une caractéristique qui n'est pas toujours l'apanage des boîtes automatiques de Toyota. Par contre, si son rendement est supérieur à la moyenne, il en est de même pour sa consommation de carburant qui a parfois flirté avec une moyenne de 20 litres aux 100 km lorsque le mercure ne voulait pas dépasser la barre des -20 degrés Celsius. Mais, tout compte fait, la moyenne a été d'un peu moins de 15 litres aux 100 km. C'est élevé certes, mais pas nécessairement hors norme compte tenu de la catégorie et de la cylindrée du moteur.
Les puristes doivent certainement lever le nez sur le rouage intégral à commande électronique du 4Runner. Pour ces purs et durs, il faut des leviers, des essieux verrouillables et tout le tralala. Ici, rien de tout cela, mais un seul bouton au tableau de bord. Cette simplicité exagérée en apparence s'est traduite par un comportement exceptionnel sur la neige et en conduite hors route. Ce système à commande électronique dérivé de celui du Sequoia a également impressionné lors du match hivernal portant sur la traction et la glisse au début de cet ouvrage.
La suspension pneumatique à hauteur variable a toutefois été un point d'interrogation. Parfois, elle réagissait comme prévu tandis qu'elle demeurait immuable en d'autres circonstances. Même la lecture du manuel du propriétaire ne nous a pas permis de trouver une solution à ce mystère. C'est dommage car cet accessoire, lorsqu'il fonctionne, s'avère un élément valable, surtout l'hiver alors qu'il permet de rouler sur des routes enneigées sans risque de s'enliser. Un autre bémol est l'étroitesse du marchepied qui s'est avéré plus décoratif que pratique. Comme tout bon VUS qui se respecte, les rétroviseurs extérieurs assurent une excellente visibilité. Encore faut-il les utiliser puisqu'un essayeur étourdi n'a jamais vu un piquet placé derrière le véhicule avec les résultats que vous devinez. Il faudrait sans doute ajouter au 4Runner la même télévision de recul que celle disponible dans le RX 330.
On se calme
Sur la route, le 4Runner n'a pas l'agilité d'une Camry, mais son comportement routier est prévisible tandis que sa transmission intégrale permet de rouler en toute sécurité, peu importe l'état de la chaussée. Par contre, vous devrez vous soumettre à la dictature du système de stabilité latérale qui, de concert avec la transmission intégrale et les freins, vous empêche de « faire des folies ». Et c'est tant mieux.
Sans être le plus stylé, le plus performant et le plus excitant à conduire, le Toyota 4Runner est d'une ennuyante efficacité.