Toyota Solara, la voiture des indécis

Publié le 30 mars 2004 dans 2004 par Le Guide de l'auto

Comparativement à la faÇon dont fonctionnent les constructeurs allemands, l'élaboration d'un coupé de luxe à vocation sportive est assez particulière chez les constructeurs japonais. Exception faite du récent coupé G35 d'Infiniti, il en résulte toujours une voiture de compromis qui nous laisse souvent sur notre appétit. En courtisant à la fois les acheteurs de coupés et de berlines, la deuxième génération de la Solara joue encore le rôle du politicien qui tente de séduire les deux côtés de l'électorat. Résultat, le coupé Toyota aura du mal à obtenir des votes et ne devrait faire des gains qu'auprès des indécis qui hésitent entre une berline sport de taille intermédiaire et un vrai coupé sport.

L'existence même de la Solara remonte à une vieille tradition des constructeurs automobiles consistant à offrir une berline et un coupé élaborés sur la même plate-forme. Depuis la disparition du coupé Chrysler Sebring l'an dernier, le seul duo potable encore en lice, outre le tandem des deux Honda Accord, était les modèles TL et CL d'Acura. Concernant ces derniers, le lancement d'une berline TL entièrement redessinée en 2004 a montré la sortie au coupé CL dont les ventes laissaient à désirer. Malgré tout, il serait surprenant que Toyota réussisse à atteindre son objectif d'écouler 3100 Solara au pays. Des prévisions plus qu'optimistes pour un coupé qui est loin de bouleverser les modèles déjà en place.

Une carrosserie unique

Comparativement aux modèles berline et coupé Accord qui ont en commun de nombreux éléments visuels, la Solara propose une silhouette qui se distingue de la Camry. Certes, les deux carrosseries ont des airs de famille, mais elles ne partagent aucune pièce outre quelques détails.

La Solara préfigure ce à quoi pourrait ressembler la prochaine Camry dont le remaniement est prévu pour 2006. Malgré sa refonte, la Solara conserve un goût de saveur maison. En effet, elle emprunte la jupe avant cisaillée et les portières sculptées de la Matrix, les phares en amande de la Sienna et les feux arrière de la Lexus SC 430. Oui, je sais. Les goûts ne se discutent pas. Toutefois, précisons que ce coupé est beaucoup plus joli à voir rouler sur les routes qu'au repos dans une salle de montre.

Une plate-forme connue

Les ingénieurs chargés de développer la Solara ont pris comme point de départ la plate-forme des modèles Camry, Highlander et Lexus RX 330. L'utilisation de ce châssis permet à la Solara d'être plus longue, plus large et plus haute que sa devancière, alors que son empattement gagne 5 cm. Les dimensions accrues de la Solara se traduisent par un habitacle aux proportions plus généreuses pour les passagers. Ceux-ci profitent d'un meilleur dégagement pour la tête, les épaules, les hanches et les jambes. À l'arrière, la banquette est de loin la plus accueillante de la catégorie et offre autant d'espace sinon plus que certaines berlines de taille comparable. Le coffre est également imposant et dispose d'une banquette arrière divisée 50/50. Toutefois, l'absence de tirettes à l'intérieur du coffre pour rabattre les dossiers constitue un oubli impardonnable. En effet, les usagers doivent pénétrer dans l'habitacle et jouer au contorsionniste pour avoir accès aux manettes situées de chaque côté des appuie-tête de la banquette arrière. Attention à votre dos !

À peine audible

Le nouveau moteur passe-partout de Toyota, le V6 de 3,3 litres, anime les versions SE V6 et SLE V6. Fougueux et silencieux, celui-ci convient parfaitement à la personnalité réservée des récentes Sienna et RX 330. Boulonné dans la Solara, ce puissant V6 est d'une discrétion absolue. Il est dommage que les ingénieurs n'aient pas cru bon d'installer un système d'échappement à la sonorité plus musclée. Au ralenti, le moteur est si doux que l'on a peine à l'entendre tourner.

Couplés à une boîte semi-automatique à cinq rapports, les 225 chevaux du V6 vous collent au siège en réalisant des chronos inattendus, et ce, tant en accélération qu'en reprise. De même, la tenue de route gagne du galon grâce à son châssis plus rigide, et les quatre freins à disque permettent des arrêts sécuritaires et rectilignes. Malgré tout, l'adrénaline n'est pas au rendez-vous tellement l'ambiance est feutrée. Après réflexion, la désignation grand-tourisme est celle qui convient le mieux à la Solara. Son comportement ouaté n'est pas sans rappeler celui du coupé Lexus SC 400 des années 1990. Comme aux beaux jours de celui-ci, les ingénieurs de Toyota ont conservé le même objectif : atteindre à n'importe quel prix la perfection technique, et ce, au détriment du comportement routier habituellement réservé à une sportive.

La version SE est propulsée par le moteur quatre cylindres de 2,4 litres et 157 chevaux de la Camry. S'il convient à la vocation économique de cette dernière, il n'est pas à son mieux dans la Solara où ses prestations sont plutôt moyennes. Sa présence n'a pour but que d'offrir un modèle d'entrée de gamme sous la barre des 27 000 $. Une aubaine si l'on considère l'équipement de série de la SE et si l'on compare son prix à celui de l'an dernier.

Par ailleurs, nous avons été impressionnés par l'insonorisation de l'habitacle. Qui plus est, l'élégance du tableau de bord s'inspire de la gamme Lexus et ridiculise la présentation austère de la Camry. Comme dans la récente Sienna, le confort des sièges est devenu une véritable obsession pour Toyota qui n'a rien ménagé dans leur conception, et ce, pour le bien-être des passagers.

Somme toute, la Solara est loin d'être une mauvaise voiture. Au contraire, elle est probablement la plus fiable et la plus raffinée des coupés sport abordables.

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