Ford 500, l'année de l'automobile

Publié le 20 mars 2005 dans 2005 par Denis Duquet

C'est sous ce thème que la compagnie Ford s'apprête à lancer pas moins de dix nouveaux modèles en 2005. Avec un titre aussi ronflant que celui de « L'année de l'auto », il est facile de croire que le numéro deux américain s'est lancé dans une course folle pour nous présenter sept ou huit nouvelles voitures. En fait, en incluant les modèles Mercury qui ne sont pas vendus dans notre pays, le compte est nul, soit cinq automobiles et cinq camionnettes ou VUS. Tandis que plusieurs de ces nouveautés sont des versions révisées de modèles antérieurs, la 500 est toute nouvelle.

La 500, donc, a pour mission d'être le modèle phare de toutes les automobiles de la marque Ford tandis qu'il en est de même pour la Montego chez Mercury. Selon Phil Martens, le vice-président de la création de nouveaux produits chez Ford, cette grosse berline devrait réinventer le genre et permettre à la compagnie d'occuper une place importante dans la catégorie des intermédiaires. Et avant de l'oublier, ce modèle ne remplace pas la Taurus dont l'avenir semble assuré pour au moins une autre génération. S'il faut croire la direction de la compagnie, non seulement la Taurus actuelle survivra, mais elle sera succédée par une nouvelle génération d'ici une couple d'années. Mais revenons à la 500 dont l'habitabilité et la grandeur du coffre sont des qualités qui ne sont pas à négliger.

Prenez vos aises...

Avec une longueur hors tout de 510 cm, la 500 n'est pas une petite voiture. Elle est huit centimètres plus longue que la Taurus et dix de plus que la Chrysler 300. Elle est également plus large que ces deux modèles, même si elle ne devance la Chrysler que de quelques poussières. Dans la plus pure tradition de la berline nord-américaine, les occupants peuvent prendre leurs aises car le dégagement pour les jambes est le meilleur de la catégorie. Et ses concepteurs ont décidé de placer le niveau de l'assise des sièges plus élevé que la moyenne afin de faciliter l'accès à bord et d'offrir une meilleure visibilité. De plus, la banquette arrière est surélevée par rapport aux places avant afin de favoriser le confort et la visibilité.

Lors de la présentation initiale de la 500 en décembre 2003, les dirigeants de la compagnie présents à ce dévoilement ont passé de longues minutes à nous parler de son habitabilité et surtout de la capacité du coffre à bagages. Celui-ci peut en effet transporter cinq sacs de golf. En fait, avec une capacité de 600 litres, il est plus volumineux que celui du Mercury Grand Marquis. Et si cela n'est pas suffisant, il est toujours possible d'abaisser le dossier arrière. De configuration 60/40, celui-ci permet d'accommoder occupants et bagages selon les besoins du moment. Certains vont y voir la berline familiale de jadis, d'autres ont conclu que la 500 ferait une voiture taxi idéale.

Stylisme tranquille, mécanique raffinée

Lorsque la compagnie Ford avait dévoilé cette berline aux journalistes en avant-première en juin 2003, la majorité des personnes présentes ont toutes souligné la ressemblance entre cette Ford et la Volkswagen Passat. Après tout, J Mays, le grand manitou du design chez Ford, a déjà été styliste chez Volkswagen. Pour certains, il n'y avait qu'un pas à faire pour décrier cette similitude. Pourtant, sur la route, il me semble que la ressemblance est moindre. La Passat ne se fait pas prier pour afficher des angles plus arrondis, une silhouette plus bombée. La Ford possède la même ligne de toit. Par contre, l'américaine est plus discrète, plus conservatrice. Et tant qu'à trouver des ressemblances, les feux arrière angulaires semblent avoir été empruntés à ceux de Mercedes. Malgré tout, la silhouette plaira à celles et ceux qui désirent une présentation sobre qui saura bien vieillir.

Depuis plusieurs années maintenant, les tableaux de bord et habitacles des produits Ford sont considérés comme exemplaires. Ceux de la camionnette F-150 et de la Freestyle font l'unanimité en raison de leur élégance et de leur homogénéité. La 500 se démarque par son conservatisme et sa présentation plus équilibrée que dynamique. Si ce n'était de la présence de cette bande en similibois qui traverse la planche de bord de part en part, ce serait triste, très triste même. Et selon la combinaison des coloris de l'habitacle, le fond des cadrans peut être de couleur foncée, ce qui contribue à rendre la présentation encore plus terne et la lecture des chiffres assez difficiles. Sur une note plus pratique, un espace de rangement placé au centre du tableau de bord et fermé par un couvercle permet d'y remiser une foule de choses. Et si vous n'êtes pas trop empressé à effectuer des nettoyages fréquents, cet espace deviendra rapidement un nid à poussière. Je me demande par contre pourquoi le volant n'est réglable qu'en hauteur et pas en profondeur.

Si les stylistes ont été plutôt conservateurs dans leur approche, les ingénieurs se sont déchaînés. Est-ce que c'est parce qu'ils avaient déjà une plate-forme disponible ? Ce serait une bonne explication puisque la 500, tout comme la Freestyle, est dérivée de la plate-forme de la Volvo XC90. Voilà une Ford qui n'a pas à rougir de ses origines. Cela permet également d'obtenir une suspension arrière indépendante passablement sophistiquée avec son berceau inférieur. Sa poutre transversale en aluminium assure encore plus de rigidité aux éléments de la suspension dont plusieurs sont formés par pression hydraulique. En plus, les amortisseurs arrière sont des Nivomat à correction constante de l'assiette. La suspension avant est à jambes de force avec levier inférieur inversé.

Parmi les autres caractéristiques techniques, soulignons la présence de quatre freins à disque. Et puisque c'est Volvo qui se charge de concevoir la sécurité de la plupart des véhicules Ford, la 500 peut être équipée, selon le modèle et les options, de coussins frontaux, latéraux et d'un rideau latéral gonflable.

Un seul moteur est au programme, il s'agit d'une version entièrement revue et améliorée du moteur V6 3 litres d'une puissance de 203 chevaux. Aussi bien le bloc que la culasse sont en alliage léger.

L'utilisation de deux arbres à cames en tête permet d'avoir quatre soupapes par cylindre. Malgré une puissance inférieure à la plupart des modèles concurrents, ce V6 ne craint pas les hauts régimes et ses accélérations sont plus nerveuses qu'on serait porté à croire. Inutile toutefois de comparer les temps d'accélération de la 500 à ceux de la Chrysler 300 C, c'est peine perdue.

Moins de puissance certes, mais cette berline compense au chapitre des transmissions. Selon le modèle choisi, il est possible de commander une boîte automatique à six rapports. Mais cette Ford peut également être livrée avec un rouage intégral. Similaire à celle qui équipe la Volvo XC90, cette transmission intégrale est fabriquée par la compagnie ZF et se veut une version adaptée aux besoins de Ford de la boîte CVT utilisée par Audi. Elle utilise une chaîne métallique actionnée par deux poulies dont la largeur varie constamment afin de répondre aux besoins d'utilisation du moment. Toutes les versions à traction intégrale sont équipées de cette transmission.

Sage comme une image

Avec une technologie aussi sophistiquée, il est facile de conclure que la 500 sera une voiture au comportement supérieur aux autres berlines de sa catégorie. Il est vrai que la rigidité de la caisse, l'efficacité de la transmission CVT et la direction précise sont autant d'éléments permettant de croire à une berline au tempérament sportif. Mais il faut déchanter quelque peu. Par contre, lorsque comparée à une Chrysler 300 et à une Toyota Camry dans le cadre des essais effectués durant la présentation à la piste d'essai de Ford à Romeo dans le Michigan, la 500 a eu le dessus sur la Camry sur toute la ligne. Celle-ci nous proposait une suspension trop souple, un sous-virage exagéré et une direction qui ne semblait pas reliée à quelque chose de solide. La Chrysler 300, plus moderne, a surtout perdu des points en raison de sa transmission moins performante et à un certain roulis en virage.

La 500 a donc un avantage sur ces deux modèles. Par contre, le feed-back de la route n'est pas impressionnant et l'agrément de conduite de cette intermédiaire laisse quelque peu à désirer. Ce n'est pas sans raison que les Honda Accord et Mazda 6 étaient absentes. Pourquoi amener une Camry et pas les deux autres meneurs de cette catégorie ?

Quoi qu'il en soit, cette nouvelle venue ne permettra pas à la compagnie d'effectuer un bond prodigieux sur le marché. Ce serait davantage le fait de la nouvelle Freestyle qui partage les mêmes éléments mécaniques avec cette berline. Elle est plus pratique, son stylisme est plus convaincant tout comme le design de son habitacle. Et même si plusieurs des dirigeants de Ford ne semblent pas très heureux d'entendre les gens souligner que cette berline ferait un bon taxi, elle en a pourtant tous les attributs. Reste à faire preuve de sa fiabilité.

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