Volvo V70 / XC70, mythe et réalité
Le succès commercial de ces familiales doit plus à la réputation de sérieux de la marque et à son image sécurisante qu'à leur volume intérieur et à leur polyvalence. Cette affirmation paraîtra sans doute sévère à l'oreille des consommateurs ? et ils sont nombreux ? qui considèrent la V70 et ses dérivées comme étant le nec plus ultra des déplacements familiaux.
Si vous recherchez une familiale de plus de 40 000 $, il y a de bonnes chances que la V70 de Volvo se trouve parmi les candidates sur votre liste d'achat. Notre véhicule d'essai disposait du groupe Titanium (5800 $), soit une sellerie de cuir de couleur graphite avec siège du passager télécommandé (celui du conducteur l'est déjà), un rétroviseur intérieur à gradation automatique, un siège pour enfant intégré, des roues en alliage de 17 pouces, une galerie de toit, des baguettes de flanc et des pare-chocs de couleur argent qui s'harmonisent joliment à la seule couleur disponible : gris titane.
Peu importe la version retenue, la V70 ouvre grand ses portes pour nous accueillir. S'installer à son bord, c'est d'abord apprécier le dessin et le moelleux des sièges. On y trouve vite sa place grâce aux multiples ajustements disponibles et à une colonne de direction à la fois inclinable et télescopique. L'intérieur est moins massif qu'auparavant, mais tout aussi bien fini et orné, selon les versions, de bois aux essences colorées ou d'un fini aluminium qui égaye l'habitacle. Cette Volvo sait mettre à l'aise et offre un tableau de bord sobre et valorisant. Bien finie et correctement équipée, elle n'est cependant pas à l'abri des critiques. On regrette par exemple la mauvaise réception radio, l'instrumentation sommaire, l'étroite lunette qui rend la marche arrière parfois délicate et l'ergonomie toujours perfectible des commandes (sièges, radio, ordinateur de bord).
Sans être limité, l'espace intérieur n'a rien d'impressionnant pour un véhicule de ce gabarit, notamment en ce qui concerne le dégagement des jambes à l'arrière. En revanche, on appréciera la possibilité d'incliner les dossiers de la banquette pour piquer une sieste ou accroître l'espace cargo sans avoir à les rabattre complètement. Au cours de sa refonte, la V70 n'a guère progressé au chapitre du volume utilitaire. Les divers aménagements ont beau être pratiques (d'autres constructeurs, comme Saab, savent faire mieux), le rapport contenance-encombrement demeure peu avantageux.
Les grands espaces
À défaut d'offrir un comportement précis ou vif, la V70 est une routière équilibrée et sécurisante. Si le train avant manque de précision à cause de sa lourdeur et d'une assistance de direction peu empressée d'alléger la tâche, cela n'empêche pas la V70 d'être parfaitement assise en courbe, une fois placée. Son poids important la rend pataude dans les enchaînements, mais son train arrière rivé au sol donne la sensation que rien ne peut perturber sa trajectoire.
En ville, les fleurs lancées à cette familiale se fanent très rapidement. Ses généreuses dimensions extérieures, conjuguées à un diamètre de braquage franchement handicapant, rendent la V70 peu à l'aise dans la cité. La faute incombe en grande partie à la position transversale du moteur.
Sur route dégradée, la qualité des sièges sauve, en partie, un confort altéré par des suspensions trépidantes dans de trop nombreuses circonstances. À l'arrière, les passagers souffrent davantage, d'autant que leurs sièges, du fait de leur dessin et de leur position près de l'essieu, s'avèrent moins confortables. C'est souvent le cas des familiales en conduite à vide. La V70 s'est révélée moins sautillante et tout aussi stable en virage avec cinq personnes à bord et quelque 100 kilos de bagages.
La préférence de la V70 va à l'autoroute où elle file, et vite à part Ça. Attention toutefois sur chaussée mouillée où la V70 a montré l'un de ses principaux défauts : la motricité. Par chance que l'antipatinage veille au grain. Grâce à cette béquille électronique d'une discrétion exemplaire, la V70 devient très saine. Sans le voyant lumineux qui scintille au tableau de bord, on se rendrait à peine compte de son intervention, ce qui permet de rouler à bon rythme avec un sentiment de sécurité certain.
Un joyau
Sous le capot est dissimulé un joyau : un moteur cinq cylindres de 2,5 litres suralimenté par turbocompresseur de 208 chevaux. Désormais de série dans le modèle d'entrée de gamme, cette mécanique est surtout appréciée pour son couple accru. C'est, en effet, un régal de disponibilité et de force contenue. Relativement peu impressionnant, car élastique et très linéaire, ce moteur vous emmène toujours avec force. On lui reprochera seulement de ne pas économiser les 80 litres de super qui se trouvent dans son réservoir d'essence. La transmission automatique à cinq rapports qui l'accompagne semble un peu lente, mais son agrément est fort acceptable. Et le freinage ? Puissant, mordant et endurant. Que demander de plus ?
Familiale très prisée, la V70 est taillée pour les grands espaces. D'un comportement sûr et très performante avec son cinq cylindres turbo onctueux, la V70 mise sur le sentiment de sécurité qui naît à son bord. Les petits budgets préféreront la version de base à cette version endimanchée qui, avec les taxes, franchit la barre des 50 000 $. À ce prix, il existe des véhicules plus polyvalents, plus homogènes. « Et sûrs », dites-vous ? Oui, aussi.
Il ne faut pas oublier la V70 XC qui est la réplique suédoise de la Subaru Outback. Empattement plus haut, présentation distincte et prix plus corsé. Pour le reste, c'est une V70 AWD. À vous de décider !