Ford Taurus, le manêge paisible du parc...

Publié le 20 mars 2005 dans 2005 par Alain Morin

Le parc auquel nous référons dans le titre n'est pas le parc d'amusement au coin de la rue. Ni un parc d'attractions style La Ronde. Pas plus que le parc des Laurentides. Le parc évoqué ici est celui des locateurs de véhicules et celui des entreprises et sociétés. Dans les deux cas le véhicule parfait ne demande que peu d'entretien, s'avère fiable, économe d'essence, logeable et confortable. L'apparence extérieure vient beaucoup plus loin dans l'échelle des valeurs des directeurs de parcs !

La Ford Taurus répond parfaitement bien à ces critères cartésiens. Le « best-seller » des débuts en 1986 est devenu, au fil des années, une voiture fade, sans trop d'intérêt pour le conducteur aimant le moindrement l'automobile. Même le conducteur moyen n'y trouve pas toujours son compte. Avec l'arrivée de la Ford 500 et l'abandon de la Mercury Sable familiale aux États-Unis (non offerte au Canada), la gamme Taurus vit peut-être ses derniers mois.

Quoiqu'il en soit, la Taurus se présente, encore cette année, en deux configurations, soit berline ou familiale. Ces voitures se déclinent en deux niveaux de présentation : SE et SEL. Deux moteurs V6 de 3,0 litres se partagent le travail. L'engin qui s'exécute sur la SE a été affectueusement appelé Vulcan et offre une puissance correcte de 155 chevaux. Datant d'une époque où la souplesse n'avait pas encore été inventée, on le sent peu à l'aise dès qu'on le sollicite. Au moins, il consomme raisonnablement. L'autre V6 de 3,0 litres, le Duratec (un nom à connotation un peu moins poétique), beaucoup plus raffiné, fait dans les 200 chevaux. Ses prestations sont tout à fait adaptées à la Taurus, mais je serais surpris qu'un jour on baptise un avion de chasse « Duratec »... Poésie ou pas, ces moteurs sont irrémédiablement mariés avec une transmission automatique à quatre rapports dont le passage des rapports est quelquefois longuet. Le ralentissement est confié à quatre freins à disques pour la familiale seulement. La berline n'a droit qu'au duo disques/tambours. L'ABS ? En option uniquement. Mais même avec l'ABS, les freins ne montrent pas une résistance très forte à l'échauffement.

On se reprend par contre du côté des suspensions indépendantes aux quatre roues qui assurent un bel équilibre entre le confort et la tenue de route. Équilibre pour le type de voiture, s'entend ! L'amateur de conduite sportive aimerait que les éléments de suspension se montrent un peu moins flasques mais, pour quiconque se déplaçant du point A au point B, ils suffiront amplement. Si on pousse la machine un peu plus fort, les lois de la physique entraînent les roues avant dans un roulis modéré et relativement bien maîtrisé. Merci aux pneus de 16 po ! Comme sur toute traction puissante, le système de contrôle de traction est le bienvenu... à condition d'opter pour le groupe sécurité optionnel ! Le châssis, fort rigide, permet un confort de bon aloi même sur des chaussées dégradées mais ne semble rien faire pour donner plus d'agilité à la voiture. Si la direction pouvait se montrer moins assistée et plus communicative, la Taurus n'en serait que plus agréable à conduire.

Familiale en voie de disparition

Parlant de conduire, il faudrait être de mauvaise foi pour critiquer la position de conduite qu'offre la Taurus. Le pédalier ajustable qui équipait notre Taurus SEL d'essai n'y était assurément pas étranger... Si le cuir des sièges nous semble de plus ou moins bonne qualité et que les dossiers n'autorisent pas un soutien latéral adéquat, le confort est toujours de mise. Et quand je parle de dossiers, je parle autant de ceux situés à l'arrière qu'à l'avant ! L'espace pour les occupants n'est pas compté ni celui pour les bagages, d'ailleurs ! À ce chapitre, la familiale, vous vous en doutiez, fait des merveilles. De plus, Ford a eu l'excellente idée d'inclure une troisième banquette qui est tournée vers l'arrière. Bien que très peu confortable et difficile d'accès, le fait de voir l'avant des automobiles qui suivent devrait inciter les jeunes enfants à rester tranquilles quelques minutes... Pour les petites familles que la vue d'une minifourgonnette ou d'un VUS répugne, la Taurus familiale peut représenter une belle alternative... tant qu'elle est offerte !

On ne se complique pas trop la vie à bord d'une Taurus sauf lorsque vient le temps de changer de station de radio (dont la sonorité constitue une agréable surprise) ou de modifier les paramètres de la climatisation, au demeurant très efficace... Tous les boutons se ressemblent et aucune référence tactile ne permet de les identifier sans quitter la route des yeux ! Ford se targue d'avoir récolté cinq étoiles aux tests de collision frontale menés par la NHTSA, un organisme de sécurité américain. Si les gens quittaient moins souvent la route des yeux, peut-être qu'ils auraient moins l'occasion de vérifier si les cinq étoiles sont usurpées ou méritées...

Dans le marché fort encombré des berlines de moins de $ 30 000, la Taurus a bien de la difficulté à se démarquer, et ce, malgré les très nombreuses promotions de Ford. Mais ce qui semble un handicap de prime abord (ligne générique, conduite ordinaire, finition quelquefois lâche) est loin d'en être un dans le milieu des parcs automobiles. C'est pour cette raison d'ailleurs que Ford continue à la produire et à l'améliorer malgré l'arrivée de la Five Hundred. On n'abandonne pas comme ça, une voiture dont les matrices sont payées depuis belle lurette !

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