Honda Pilot, génétiquement modifié

Publié le 22 mars 2005 dans 2005 par Gabriel Gélinas

Aujourd'hui la catégorie des véhicules sport-utilitaires se décompose non seulement en fonction de leur taille mais également en fonction de leur code génétique. En effet, certains d'entre eux appartiennent à un groupe que l'on pourrait définir comme celui des « purs et durs », composé de véhicules élaborés à partir d'une plate-forme de camionnette avec un châssis en échelle, alors que d'autres sont dérivés d'une plate-forme de voiture avec une structure monocoque. Proche parent du Acura MDX, le Honda Pilot appartient à ce deuxième groupe puisqu'il partage justement sa plate-forme et sa motorisation avec la minifourgonnette Odyssey.

Pour l'année-modèle 2005, le Pilot a subi une série de modifications. Mais il y a fort à parier qu'une refonte complète est à venir dans un délai de dix-huit à vingt-quatre mois puisque ce véhicule est construit à partir de la plate-forme de la minifourgonnette Odyssey qui, elle, est entièrement revue pour 2005. En attendant la prochaine génération, le Pilot poursuit sa route en empruntant toutefois la nouvelle version du moteur V-6 de 3,5 litres qui développe maintenant 255 chevaux et qui se retrouve également sous le capot de la nouvelle génération de l'Odyssey. Le groupe motopropulseur est toujours complété par la boîte automatique à cinq rapports ainsi que par le rouage intégral VTM-4. Il s'agit essentiellement d'un système de traction intégrale à temps partiel dans la mesure où la motricité est livrée aux seules roues avant en conduite normale. Lors d'une accélération franche, le système entre en action et livre une partie de la puissance aux roues arrière, cette répartition pouvant également être augmentée s'il y a patinage des roues avant. Comme c'est souvent le cas avec ces rouages de type intégral à temps partiel, il y a toujours un léger délai avant que le système ne réagisse, ce qui les rend moins efficaces qu'un rouage intégral à prise constante, particulièrement en conduite hivernale. Par contre, le VTM-4 est plus rapide que certains autres systèmes du genre.

Bien qu'il n'ait pas été conçu avec l'objectif premier de courir les bois comme Daniel Boone, le Pilot se débrouille remarquablement bien lors de la conduite hors route, tant et aussi longtemps que l'on respecte ses limites. La garde au sol est supérieure à vingt centimètres et le rouage intégral s'avère efficace lors de la circulation sur des sentiers en forêt, ce qui permet au conducteur d'affronter le genre de conditions plus difficiles auxquelles on doit faire face de temps à autre pour se rendre à destination. Cependant, il ne sera pas aussi adapté à ce genre de conduite qu'un véritable 4X4 équipé d'une boîte de transfert. Et la capacité de remorquage du Pilot n'est pas aussi élevée que celle d'un véhicule 4X4. Ce que le Pilot « perd » en aptitude hors route ou en capacité de remorquage, il le « gagne » en comportement routier. Comme ce véhicule est élaboré à partir de la plate-forme de la Odyssey, et qu'il est doté d'une suspension indépendante aux quatre roues, son comportement sur la route rappelle celui d'une minifourgonnette. Cela signifie que la direction est surassistée et que la tenue de route souffre un peu de la performance moyenne des pneumatiques d'origine en conduite sportive. Mais pour une utilisation ordinaire, le Pilot livre la marchandise.

Ce qui fait la véritable force de ce véhicule, c'est l'aménagement et la polyvalence de l'habitacle qui offre d'ailleurs plus d'espace que les Ford Explorer, Chevrolet Trailblazer et Toyota Highlander. Avec sa configuration à sept ou huit places (modèle LX), le Pilot s'avère presque aussi pratique qu'une minifourgonnette, quoique les places de la troisième banquette conviendront seulement à des enfants en raison du dégagement limité offert à cet endroit. Par ailleurs, les espaces de rangement abondent et la disposition de la planche de bord permet au conducteur de repérer rapidement les principales commandes. Le moyeu du volant de forme triangulaire cerclé d'une bande couleur titane donne un bel effet. La chaîne stéréo est localisée au-dessus du système de chauffage/climatisation ce qui est efficace puisque l'on peut s'en servir sans avoir à quitter la route des yeux. Pour ce qui est de l'équipement offert de série, soulignons qu'un système de contrôle de la pression des pneus est maintenant offert sur tous les modèles, mais que la quantité d'accessoires varie grandement selon les versions. Ainsi, il faut absolument opter pour le modèle EX-L pour pouvoir obtenir des sièges chauffants alors qu'ils devraient également faire partie de la dotation de série des modèles inférieurs compte tenu de notre climat et, surtout, du prix demandé. En terminant, peut-on parler du style, ou faut-il plutôt parler de l'absence du style ? Le Pilot ne se démarque d'aucune façon sur le plan visuel et se fond dans le paysage automobile avec l'anonymat d'un CR-V surdimensionné.

Le Pilot fait partie de ces véhicules que l'on apprécie pour leurs qualités pratiques et la convivialité qu'ils procurent lors de l'utilisation quotidienne, mais il n'appartient certainement pas à la catégorie des véhicules qui enflamment les passions. Cependant, je connais beaucoup de conductrices qui s'opposent à conduire une minifourgonnette, qu'elles qualifient souvent de « van de madame », et pour lesquelles le Pilot représente une alternative valable. Ce véhicule leur offre l'espace et la polyvalence d'une minifourgonnette pour les besoins de la famille mais également l'allure plus musclée d'un véhicule sport-utilitaire.

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